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Cyril Mokaeish : « Si je suis venu au tennis c’est pour Agassi »

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Ancien espoir du tennis, cham­pion de france junior en 2001, Cyril Mokaeish a décidé de ranger sa raquette pour entamer une carrière de chan­teur, c’est le premier invité de GrandChelem.

Comment est née ta passion pour la petite balle jaune ?

J’ai toujours eu une passion pour l’écri­ture. J’ai décou­vert la possi­bi­lité d’écrire des chan­sons à l’âge de 17, 18 ans. Après, au fur et à mesure du temps, la musique est devenue une obsession.

La passion de la musique a donc pris le pas sur celle du tennis…

Oui exac­te­ment. J’ai été un grand amou­reux du tennis, mais c’était fina­le­ment une passion d’ado­les­cent. Le fait de conce­voir ma vie dans le tennis deve­nait impos­sible d’au­tant que sur le circuit je me trou­vais plus souvent dans ma chambre à écrire plutôt qu’à m’entraîner.

Y a‑t‐il vrai­ment des points communs entre les deux carrières ?

Oui, bien sûr, dans la musique il y a aussi cette recherche de perfor­mance, cette compé­ti­tion. Quand on écrit une chanson, il faut égale­ment aller au bout de soi‐même. Comme sur le circuit la route sera longue. Une carrière se construit patiem­ment avec du travail et beau­coup d’énergie. On fait des concerts, on sent que l’on progresse, on se fixe des objec­tifs précis, des victoires à remporter. Je ne crois pas à l’ar­tiste maudit qui ne réussit pas. Il faut avancer.

Justement, le concert c’est le grand moment pour un chanteur…

C’est certain. D’ailleurs c’est comme un grand match, et là ma première carrière me sert vrai­ment. Dans un match, il faut être à fond les trois premiers jeux. Là il s’agit d’être bon les vingt premières minutes pour que la salle soi derrière toi et te pousse à atteindre l’ex­cel­lence. Quelques artistes, plus expé­ri­mentés que moi, ont été surpris par ma capa­cité à gérer le stress. Cela je le dois effec­ti­ve­ment au tennis et aux diffé­rents coachs que j’ai eu. 

Est‐ce que ta carrière de tennisman permet de te vendre médiatiquement ?

Non, il faut remettre les choses dans leur contexte. Je n’ai été que cham­pion de France junior. Je n’ai jamais utilisé cette carte de visite, même si je suis loin de renier cette partie de ma vie.

Ton entou­rage a‑t‐il compris ton choix ?

Mon père n’était pas forcé­ment enthou­siaste lorsque que j’ai commencé ma carrière dans le tennis. Quand du jour au lende­main je lui ai expliqué que j’al­lais arrêter pour la musique, il ne m’a pas cru. Puis avec ma mère, ils se sont vite rendus compte que c’était vital et sérieux. Ils m’ont alors soutenu tout comme mon grand frère et ma soeur.

Cela veut dire que tu as complè­te­ment déserté les courts de tennis ?

Je perds un clas­se­ment chaque année car je ne fais plus de tour­nois. En revanche je joue encore et j’y prends beau­coup de plaisir. Enfin je suis encore l’ac­tua­lité. Je suis par exemple resté scotché quatre heures devant la finale à Rome entre Federer et Nadal. Ce match était énorme.

Puisqu’on parle tennis, c’était qui ton idole ?

André Agassi. Si je suis venu au tennis c’est grâce et pour lui. Sa victoire à Roland‐Garros est un souvenir indélébile.

Est‐ce que tu as gardé des liens avec le circuit ?

Paradoxalement, je me suis rapproché de joueurs que je ne connais­sais pas et qui me suivent. Je crois même que j’ai plus de potes aujourd’hui dans le tennis que lorsque j’étais joueur. Même si cela ne constitue pas un fan club, ils me soutiennent, viennent me voir sur scène. Je suis devenu très ami avec Arnaud Di Pasquale, Nicolas Escudé. Il y a beau­coup de joueurs qui grattent un peu donc je ne suis pas surpris qu’ils adhèrent à mon projet.

Est‐ce que tu aime­rais être en première partie d’un concert de Noah ?

Je ne crois pas que l’on soit dans le même registre. Mais le rencon­trer serait sûre­ment très enri­chis­sant. D’un point de vue musical c’est plus compliqué car on n’a pas d’uni­vers commun. Mes inspi­ra­tions sont plus liées à Téléphone, Noir Désir ou encore Radiohead.

Et une chanson qui parle de tennis ça te branche ?

Non pas vrai­ment. Je préfère tenter de faire passer des messages. J’adore encore le tennis, mais écrire des paroles demande du temps, de la réflexion, surtout quand vos idoles s’ap­pellent Ferré ou Brel.