Nous avions rencontré Marc Gicquel à Monte‐Carlo pour un long entretien sur la vie d’un « senior » sur le circuit impitoyable de l’ATP. Logique donc que nous vous offrions cet interview alors que Marc vient de se qualifier pour la finale du tournoi de s’Hertogenbosch vendredi en dominant l’Argentin Guillermo Canas en trois manches (3−6, 6–0, 6–4). Il sera d’ailleurs opposé à David Ferrer en finale.
On dit toujours que tu es l’exemple du joueur que la Fédération a soutenu et ce même si tu as éclot très tard ?
C’est certain, et c’est vrai que je suis arrivé sur le tard. Je me suis enregistré sur le circuit ATP entre 24 et 25 ans, je suis arrivé dans les 100 à l’âge de 28 ans je crois. Au moment de Roland Garros je suis rentré 99e, donc mon parcours est un peu particulier. On a l’impression que tu as beaucoup de recul sur tout pourtant le circuit ATP est un monde assez impitoyable…
Il faut garder la tête froide et constamment prendre du recul, analyser. Au final, c’est difficile de se plaindre car on fait un beau métier. On voyage, on est au soleil. Le seul bémol, c’est que l’on est pas souvent chez nous. Après c’est un monde un peu cruel, il y a une vrai pression médiatique même si moi c’est assez rare que je fasse la une des journaux.
Est‐ce que t’es pas l’exemple du joueur… c’est pas péjoratif ce que je vais dire… du joueur de club c’est à dire du vrai joueur de la famille du tennis..
Je viens des tournois français. Je fait toujours les matches par équipes, ce sont des choses qui me tiennent à coeur. De plus, j’ai vécu des très bons moments sur les tournois français de la cote Atlantique par exemple quand j’étais sur le circuit futures et challengers
Quels peuvent être les objectifs qu’on se fixe là à 1 an, 2 ans, 3ans…
Tant que physiquement je suis bien, j’espère encore jouer plusieurs belles années, je vois Fabrice qui va avoir 36 ans à la fin de l’année qui est encore 40, dans les 50 premiers mondiaux. J’espère à 35 ans être encore sur le circuit. Tout va dépendre de mon état physique parce que mon jeu repose beaucoup sur mon explosivité, si physiquement je suis pas là, derrière ça va se ressentir sur mes résultats. En fait, je fais le bilan à la fin de chaque année, surtout le bilan physique, si je suis bien, je repart pour une année, c’est assez simple
Tu parlais de Rodophe Gilbert, c’est plus ton entraîneur, est‐ce que aujourd’hui quand on atteint une certaine maturité à la fois d’âge, d’expérience, on a plus besoin de cet appui ?
Pour l’instant, je vais faire quelques tournois tout seul mais je pense que sur toute une année ça va être difficile d’être sans coach parce que l’on a besoin de retour sur le match, sur les entraînements, sur le fait de mettre en place des schémas tactiques, travailler des choses précises. Quand on enchaîne les tournois ça peut aller, mais à des période de moins bien on a besoin d’avoir quelqu’un, je pense pas que je vais pas rester tout seul tout le temps. Après l’expérience fait que je me connais parfaitement, j’ai 31 ans je sais ce que j’ai besoin, je sais ce que je n’ai pas besoin aussi.
Y‑a‐t‐il de la jalousie sur le circuit ?
Il doit y en avoir car il y a beaucoup de concurrence, tout le monde a envie d’aller plus loin que certains adversaires, mais après il y a quand même des amitiés sur le circuit, je veux dire que l’on va se faire des soirées, on va déjeuner, après dire que l’on est vraiment amis, c’est difficille, je dirais qu’il peut y avoir une très bonne ambiance.
Il y a aussi des sommes folles d’argent, est‐ce qu’à un moment donné tout ça pèse ?
Je pense pas que l’argent créer des tensions entre les joueurs, on sait combien il y a d’argent sur les tournois, tout le monde le sait, donc c’est assez clair.
Vous êtes aussi au courant des sommes versées en garanties pour les meilleurs ?
On peut être au courant mais ça les concerne eux, on va dire les tops, quelque part ça nous regarde pas.
Et toi, tu as découvert ça ? On t’avait prévenu ?
On m’avait un peu prévenu, et puis j’ai découvert les choses au fur et à mesure, on s’habitue vite.
On fait welovetennis, alors pourquoi toi tu aimes le tennis ?
J’aime le tennis pour vivre des moments forts, intenses comme j’ai pu vivre un huitième de finale à l’US Open contre Federer sur des grands courts. Aimer le tennis c’est aussi voir différentes cultures, différents pays, voyager, enfin c’est ma passion, celle d’une vie, je prends aussi beaucoup de plaisir à jouer à être sur les terrains, enfin je suis aussi super content d’en vivre
Quand on est « âgé » on a ausi des enfants, une famille, comment on gère ? On fait du skype…
Il y a skype, il y a les webcams, il y a le téléphone, et dès qu’on peut faire venir sa famille sur les tournois, on le fait.
Est ce qu’on privilégie à ce moment là les dates où l’on peut amener sa petite famille ?
Non je fais les calendriers sans tenir compte de cela.
Sur sa progéniture on se dit à un moment donné, ce monde là il est intéressant, je vais te favoriser le…
Oh, il fera ce qu’il veut, j’attends de voir, j’attends de le voir grandir, s’il veut jouer au tennis il jouera au tennis mais je le pousse dans aucun sport en particulier.
Publié le vendredi 20 juin 2008 à 17:01