Imanol, peux‐tu, en quelques mots, nous donner ton « CV » de tennisman ?…
J’ai joué de huit à douze ans au club de Saint‐Jean‐Pied‐de‐Port (64). J’avais deux entraînements par semaine : un collectif, et un en petit groupe, avec un entraîneur qui venait de la côte. J’étais très râleur à l’époque, je cassais déjà pas mal de raquettes sur les tournois… Et un mercredi soir, l’entraîneur en question m’a un peu vexé, ou m’a gonflé, enfin je ne sais plus exactement comment ça s’est passé. Toujours est‐il que j’ai pris ma raquette et je suis rentré à la maison ! Et c’est comme ça que j’ai arrêté le tennis. En plein cours. Ce soir‐là, je me suis dit « Bon, et ben ils ne me reverront plus au tennis » (sourire)… L’anecdote, c’est qu’il se trouve que cet entraîneur, je l’ai recroisé ! Il tient maintenant une pâtisserie à St‐Jean‐de‐Luz, et lorsque je l’ai revu, je lui ai reparlé de ça. Lui ne s’en souvenait pas trop… C’était assez marrant. Je ne suis pas rancunier, lui non plus. Heureusement (sourire)…
Quel type de joueur étais‐tu… Râleur apparemment ?
Oui ! Ça, c’est toujours pareil ! (sourire) Le tennis, c’était le moment où je me défoulais. Mais à l’époque déjà, je détestais tellement perdre… J’étais odieux. Je me souviens de matches, où, parfois, je pleurais d’énervement. J’étais affreux quoi !… Un mini Mc Enroe ! (rires).
Avais‐tu une idole ?
Non, pas vraiment. Je suivais un peu tout le monde, mais il n’y avait pas un joueur en particulier à qui je voulais ressembler.
Aurais‐tu pu faire carrière dans le tennis ?
Carrière, je ne pense pas. Je n’avais pas un mauvais niveau, mais bon, je pense que le tennis est une discipline très dure. Il y a beaucoup de licenciés, et beaucoup de très bons joueurs. Ceux qui sont tout en haut sont, mentalement, plus forts que les autres. Ils arrivent à garder leur tennis dans des contextes un peu particuliers. Les joueurs voyagent à longueur d’année, ont une cadence assez infernale. Pour faire une carrière dans ce sport, c’est extrêmement difficile, il faut être très costaud dans sa tête…
Quel était ton point fort ?…
J’étais un attaquant (sourire). J’aimais monter au filet. Et comme j’étais assez grand… J’avais déjà une bonne détente, ainsi qu’un bon service. Bon, je n’étais pas un joueur de fond de court à la Nadal. D’ailleurs, je détestais jouer contre des mecs comme ça, qui restaient au fond et ramenaient tout. C’était insupportable ! (rires)
… et ton point faible ?
Mon caractère… Sur certains matches je pouvais perdre complètement mes moyens.
T’arrive-t-il de retaper la balle de temps à autres ?
J’ai rejoué. La dernière fois, c’était il y a un petit moment… Maintenant, je joue plus à la Pala. J’ai fait beaucoup de pelote basque quand j’étais petit. Main nue, pala, chistera… Et, après : tennis. Toujours des sports de balle !
Où situerais‐tu ton niveau de jeu actuel ?
En tennis ? Je pense que là, je serais du type… Pas terrible ! (rires)
Quel joueur prends‐tu le plus de plaisir à voir jouer ?
Ce n’est pas un joueur, mais… Un bon Nadal‐Federer.
Quelle joueuse préfères‐tu voir évoluer sur un court ?
Honnêtement, je ne suis pas trop le tennis féminin.
Qui est le joueur le plus fair‐play ?
Federer a l’air très fair‐play.
… qui t’agace le plus ?
Aucun en particulier. Mais je n’aime pas les joueurs qui pleurent tout le temps, ou demandent le hawk‐eye en permanence.
Quelle est la personnalité du tennis qui te plaît, t’ « accroche » le plus ?
J’aime bien Djokovic. Sinon, Mc Enroe. C’est dingue, il joue encore je ne sais pas combien de tournois par an, alors qu’il a 50 ans !
Quel est le match qui t’a le plus marqué ?
Le dernier entre Nadal et Federer, en finale de l’Open d’Australie.
Question inévitable… Nadal ou Federer ?
Federer pour la classe. Mais je préfère le jeu de Nadal : il est très agressif, ne lâche rien.
Le tennis tricolore se porte bien. Que penses‐tu de nos « quatre fantastiques » ?
Les Quatre Fantastiques ? (rires)… J’aime beaucoup Tsonga et Simon.
Et que penses‐tu d’un mec comme Gilles Simon qui, malgré un son physique, mais grâce à mental en béton, une lecture du jeu phénoménale et une endurance de marathonien, s’est hissé au 8e mondial et domine le classement français ?
Je crois que Simon ne dit pas simplement « Je veux être n°1 français ». Il le montre. Déjà, mentalement, il prouve qu’il est très fort. Pour être à ce niveau, et y rester depuis un petit moment, il faut être costaud.
Et ce, malgré les critiques qu’il a pu « essuyer » lorsqu’il a intégré le top 10…
Ça, ce sont des jaloux…
De Noah ou Monfils, qui aurait été le meilleur en touche ?
Je ne sais pas. Le fils de Noah a une bonne détente, mais je ne sais pas si Noah lui‐même a une bonne détente. Peut‐être que le fils tient ça de sa mère, je ne sais pas (sourire)… Mais bon, je vais dire Noah quand même.
Quel est le tennisman le plus rugbyman ?
Tsonga, je le verrais bien sur un terrain. Il est costaud quand même…
Quelles sont les qualités communes aux rugbymen et tennismen ?
Ce sont deux sports très différents. Mais je dirais le mental. Le fait de travailler pour réussir. Il n’y a pas de secret. Sauf qu’en tennis, c’est multiplié par dix, car tu es tout seul, face à toi‐même. Il faut vraiment se remettre en question pour avancer.
Avec qui aimerais‐tu jouer en double ?
Avec tout le monde ! J’ai toujours aimé le double, c’est sympa.
Arrives‐tu à te « canaliser », à être plus calme en double qu’en simple ?
Oui, je pense. Car tu joues avec quelqu’un d’autre. Je trouve ça plus sympa : il y a un jeu, il faut communiquer. Déjà, à l’époque, quand je jouais, ça me plaisait de jouer une équipe contre une autre équipe. C’était… Un sport d’équipe. Je prenais du plaisir à jouer en double.
Pourrais‐tu former une paire de double… avec l’un des tes coéquipiers du XV de France ?
Je ne sais pas…. Non, je ne pense pas. Parce que déjà, au ping‐pong, c’est assez faible le niveau (rires)…
Et avec qui t’associerais-tu en double mixte ?
Tiens, je vais jouer avec Bartoli (rires)….Non ! Elle est insupportable ! Allez, avec Ivanovic.
Les Prize‐money sont‐ils trop élevés ?
Ça, c’est une question qui revient dans tous les sports… Non. S’ils y sont (ces Prize‐Money), c’est qu’ils ne sont pas trop élevés.
Que penses‐tu des calendriers ATP et WTA ?
Il faut que les joueurs prennent en considération leur calendrier. Il me semble que certains ne jouent pas non plus tous les tournois. Je trouve qu’ils sont quand même très à l’écoute de leur corps. Et on le voit : dès qu’ils sont un peu fatigués, ils se font vite sortir, même les meilleurs, même Nadal. Quand tu joues pendant cinq ou six heures sous 40°C, et que tu rejoues le lendemain ou un jour et demi après… Bon… Le tennis, c’est être plus fort que l’autre, mais c’est aussi et avant tout un jeu, prendre du plaisir. C’est un peu le jeu du chat et de la souris. Savoir comment jouer l’adversaire, s’adapter à lui, tout cela demande une grosse fraîcheur mentale et physique. Si tu n’as plus envie de jouer, forcément, tu lâches les coups plus facilement, tu as moins envie de gagner.
Le tennis manque‐t‐il d’ambiance ?
Non. Tout dépend. Sur un tournoi comme Melbourne, il y a pas mal d’ambiance, c’est une grande fête. Après, c’est vrai qu’il y a peut‐être d’autres tournois avec moins d’ambiance. Mais bon, je ne suis pas sur place, donc… Je pense simplement que les tennismen aiment quand il y a de l’ambiance, c’est sympa pour eux de jouer dans des arènes.
Les matches de tennis sont devenus de vrais shows. En fait‐on trop ?
Non, moi j’aime bien ce côté‐là, donc je ne vais pas dire qu’ils en font trop ! J’aime bien quand il y a un peu d’ambiance. Même pour les supporters, c’est sympa. Et quand tu es joueur, ça te porte.
La Coupe Davis, à ce niveau, est une compétition à part.
Oui. Il y a beaucoup plus de ferveur. Si le public adopte une toute autre attitude, est beaucoup plus démonstratif, les joueurs, eux aussi, se comportent différemment sur le terrain…
En Coupe Davis, tu es tout seul, mais tu joues pour une équipe : cela doit te donner plus de force, plus d’énergie.
Quel type de spectateur es‐tu ?
Calme. Je ne m’enflamme pas. J’applaudis quand il y a des beaux points, mais je ne vais pas non plus sauter de mon siège (sourire).
Enfin, connais‐tu personnellement Guy Forget ? Vous êtes en quelque sorte « voisins », puisqu’il possède une maison sur les hauteurs de Biarritz…
Je ne le connais pas, mais j’ai fait une soirée avec lui il y a très longtemps. En 2002, quand ils s’étaient qualifiés pour la finale, et on avait fêté ça à Pau, on avait fait une bonne soirée. Tous les joueurs de l’équipe étaient là, c’était sympa.
Propos recueillis par Krystel Roche
Publié le dimanche 12 avril 2009 à 10:48