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Raonic : « Être le meilleur joueur au monde »

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Personnalité parfois méconnue du grand public, Milos Raonic n’en demeure pas moins inté­res­sant. Cet amou­reux du jeu n’a jamais caché ses ambi­tions : devenir le meilleur joueur au monde. Encadré par Carlos Moya depuis janvier, le Canadien fran­chit pas à pas les marches vers les sommets.

Milos, nous avons réalisé un numéro spécial pour Roland‐Garros que nous avons baptisé « Tous mordus de tennis ». En es‐tu un ?

« En anglais, on appelle ça un « tennis addict » et j’en suis un ! Je mange, dors, bois et vis tennis ! J’étudie même le jeu puisque, lorsque je ne joue pas, je passe mon temps à regarder des matchs. J’en profite pour voir mon prochain adver­saire ou, si je ne suis plus en lice, pour conti­nuer à apprendre, voir ce que les autres font, ce qui me permet de progresser. Donc oui, je crois que j’aime un peu le tennis. »

Qu’est-ce que tu aimes dans ce sport ?

« J’aime la compé­ti­tion indi­vi­duelle dans le cadre d’un face‐à‐face entre deux personnes. Il n’y pas d’intervention exté­rieure avec un coach ou un staff. Le joueur est seul sur le court. C’est le côté indi­vi­duel qui prime ainsi que sa respon­sa­bi­lité. Tu dois trouver des réponses à un problème posé par ton adver­saire. C’est passion­nant d’être toujours à la recherche de nouvelles tactiques. »

Comment définirais‐tu un « mordu de tennis » ?

« C’est quelqu’un qui n’en a jamais assez. Il passe son temps à jouer, à regarder, à étudier le jeu. Bref, il aborde tous les versants du mot « passionné. » Et être mordu d’un sport – comme le tennis donc – n’est pas simple­ment un hobby, mais fait partie inté­grante de votre vie. »

La saison sur terre a commencé. Alors si je te dis « terre battue », qu’est-ce que cela t’évoque ?

« « Terre battue », c’est une grande ques­tion ! Pour moi, ça rime avec patience. Sur cette surface, il y a plus d’échanges. Il faut plus construire ses points. Mais je pense que quand je joue sur terre battue, le plus impor­tant pour moi, est de ne pas changer mon jeu, mais simple­ment d’être un peu plus patient. »

Qu’est-ce cela signifie pour toi la saison sur terre battue ?

« À chaque fois, c’est toujours une bonne oppor­tu­nité de produire mon meilleur tennis et prouver que je peux le faire. Forcément, à la diffé­rence des autres surfaces, j’ai besoin d’un peu plus de temps pour m’habituer, mettre mon jeu en place et trouver mes repères, comme pour les glis­sades. C’est le cas pour la plupart des joueurs. Le premier tournoi est toujours diffi­cile à Monte‐Carlo. »

Qu’est-ce que tu aimes sur cette surface ?

« J’apprécie le jeu car il y a beau­coup plus de rallyes. Les points peuvent être intenses. Et surtout, il peut y avoir de nombreux retour­ne­ments de situa­tion. Il se passe plein de choses fina­le­ment sur terre. »

Tu as commencé à travailler avec Carlos Moya. Pourquoi ce choix ?

« Carlos a accompli beau­coup de choses dans sa carrière. Il possède une riche expé­rience du très haut niveau. Il était numéro un mondial, ce qui est un objectif pour moi. Carlos va m’apporter sur l’aspect mental. Il possède une menta­lité diffé­rente de la mienne car je veux parfois faire les choses un peu trop vite. Carlos est plus calme, plus posé. C’est béné­fique car cela me permet de mieux appré­hender certaines situa­tions. Sur la prépa­ra­tion des matchs, c’est essen­tiel. Carlos va m’aider à mieux me servir de mes armes. »

Avec Carlos qui était un « terrien », peux‐tu fran­chir un cap sur l’ocre ?

« Je vais progresser sur toutes les surfaces avec Carlos. Je ne l’ai pas choisi unique­ment pour la terre battue. Il va m’apporter aussi bien sur dur que sur gazon et évidem­ment sur terre. Il va faire progresser mon jeu de manière géné­rale. C’est très positif. »

Penses‐tu que tu puisses réussir, que ce serait ton année ?

« L’an dernier, lors des deux tour­nois que je dispute sur terre battue (ndlr : Monte‐Carlo et Madrid), j’atteins les quarts en étant blessé (ndlr : au pied droit). Cette saison, j’ai eu le temps de me préparer et je suis en bonne santé. Je pense avoir progressé. Je suis en forme pour être compé­titif. J’ai les armes pour bous­culer les meilleurs. »

Tu appar­tiens aux joueurs offen­sifs. D’après toi, c’est toujours possible de l’être sur cette surface ?

« Bien sûr et j’y crois fort ! Si vous regardez la dernière édition de Monte‐Carlo ou encore Roland‐Garros, les joueurs essaient toujours de l’être. L’exemple le plus frap­pant est Rafael Nadal qui déve­loppe un jeu un peu plus offensif. »

Où te situes‐tu aujourd’hui sur le circuit, entre la nouvelle géné­ra­tion des Zverev et Kyrgios et l’ancienne des Federer, Nadal, Djokovic ? C’est une place difficile ?

« C’est vrai, je suis entre ces deux géné­ra­tions. Avec Kei (Nishikori), on est dans la même situa­tion. On a été tous les deux Top 10 et on a obtenu des victoires impor­tantes contre des top joueurs. Maintenant, on se doit de les enchaîner dans les tour­nois majeurs. Est‐ce que cela est diffi­cile ? Je ne pense pas car je sais ce que je veux : être le meilleur au monde. Aujourd’hui, le numéro un s’appelle Novak. Mais chaque jour, je travaille encore plus dur pour accom­plir ce rêve. »

Et cette saison, ton objectif le plus impor­tant est de revenir dans le Top 10 ?

« Oui, mais depuis le début de l’année, je suis bien placé à la Race. J’ai surtout envie de me rappro­cher du Top 5 et essayer de remporter mon premier titre en Grand Chelem… »

Milos, tu es Canadien, alors forcé­ment on se dit que tu dois un peu maîtriser la langue de Molière…

« Effectivement, je parle un peu fran­çais notam­ment sur le tennis. Mon fran­çais est comme ci comme ça. Mais je suis capable d’avoir une conver­sa­tion sur le tennis avec les Français (sourire). J’ai étudié le fran­çais à l’école pendant quatre ans et je continue à l’apprendre. Je promets de faire encore des efforts, car qui sait, cela peut me servir un jour à Roland Garros. »

Retrouvez gratui­te­ment et en inté­gra­lité le numéro 52 « Roland 2016, tous mordus de tennis », le dernier numéro de notre maga­zine GrandChelem… Bonne lecture !

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