Nous vous proposions de poser vos questions à Lionel Roux, entraîneur de l’équipe de France de Coupe Davis, lundi dernier. Laurent Trupiano et RCV l’ont rencontré vendredi dans un célèbre café lyonnais. Après une entrée en matière faite d’espresso et jus d’orange, nous avons sorti notre dossier contenant l’ensemble de vos interrogations classées. Malgré une courte nuit, Lionel s’est prêté au jeu avec plaisir. S’il n’a pu répondre à tout le monde, il s’est largement épanché sur les sujets évoqués…
Fed‐Express : Comment expliquer l’écart entre Jo‐Wilfried Tsonga et les autres ?
Lionel Roux : Aujourd’hui, c’est sûr que Jo (Tsonga) est plus régulier, mais je dois dire que Richard (Gasquet) m’a bluffé lors de l’US Open. Quand je l’ai vu battre David Ferrer après avoir sauvé des balles de match face à Milos Raonic, je me suis mis à rêver d’un succès. D’une façon générale, Richard a changé d’attitude cette saison. Cela ne s’est pas trop dit, mais il a très, très mal vécu l’épisode du quart de finale de Coupe Davis, face à l’Argentine. Il était blessé, il n’a pas pu défendre les couleurs de son pays, certains lui ont reproché de trop se préserver… Au final, vu ce qu’il s’est passé, il a culpabilisé. Du coup, il a une vraie revanche à prendre par rapport à tout ça. D’ailleurs, il nous a convoqués, Arnaud Clément et moi‐même, pendant l’US Open, pour nous dire que la Coupe Davis faisait pleinement partie de ses objectifs et qu’il fallait compter sur lui à 1000 pour cent en 2014.
Oli : Est‐ce que Gaël Monfils gâche son talent par une attitude qui ne semble pas toujours très professionnelle ?
L. R. : Gaël est un cas à part. Dire qu’il est le plus doué de cette génération, c’est une facilité lors même qu’on constate qu’il manque cruellement de constance. Cette année, quand je le vois à Shanghai face à Novak Djokovic, j’hallucine vraiment et j’ai du mal à comprendre comment il parvient à atteindre ce niveau de jeu. Gaël a une qualité unique : celle de pouvoir se sublimer à n’importe quel moment, quelle que soit sa préparation. La seule donnée vraiment importante, c’est son état de fraîcheur physique. Après, il lui faut aussi des conditions bien particulières, mais lorsqu’il doit faire un gros match devant un vrai public, il répond souvent présent tant physiquement que techniquement. C’est un gars qui a besoin de ressentir les choses, des émotions, d’être porté, d’être aimé. C’est un mec super attachant. En équipe de France, il a toujours répondu présent. Je dirais même qu’il a le profil du joueur type de Coupe Davis, capable de faire des coups, de battre n’importe qui, de porter une équipe, d’enflammer une salle…
Aureclint : Richard Gasquet a choisi Sergi Bruguera pour l’entraîner. Cette nomination a été suivie de plusieurs critiques défavorables, mais qu’en penses‐tu, toi ?
L. R. : Je ne vois pas en quoi l’on pourrait déjà critiquer le choix de Richard Gasquet. Il faut quand même laisser du temps avant d’expliquer que c’est une mauvaise décision. Sergi Bruguera a un vrai palmarès, c’était un mec qui ne lâchait rien. Il a une expertise reconnue, notamment pour le jeu sur terre battue. Quand Ivan Lendl est venu au chevet d’Andy Murray alors qu’il n’avait jamais réellement coaché, beaucoup de personnes étaient sceptiques. Depuis, ce n’est plus vraiment le cas et Lendl a énormément apporté à Andy. Et pas seulement dans les domaines où Ivan excellait quand il était joueur ! Il faut donc laisser Sergi bosser, d’autant que c’est un gars qui était proche de Sébastien Grosjean sur le circuit et que Richard aime beaucoup l’idée de duo. Evidemment, ça n’a pas été facile d’apprendre le départ de Piatti. Il a fait un boulot vraiment remarquable et il en imposait. C’était quelqu’un qu’on écoutait de par son âge et son charisme.
WLT : Jo‐Wilfried Tsonga a également décidé de changer de structure en choisissant un duo. C’est la mode ?
L. R. : C’est assez différent de Richard, Jo est plus directif. Avec Thierry Ascione et Nicolas Escudé, il s’est entouré du feu et de la glace (rires). Il faut maintenant qu’ils parviennent tous à trouver le bon fonctionnement, la bonne carburation, car je sais que Jo ne fait pas les choses à moitié. Et Nicolas Mahut qui est aussi coaché par ce duo et qui a réalisé une saison 2013 plutôt réussie, a lui aussi besoin d’accompagnement pour rester dans sa dynamique positive. Le gros avantage, c’est qu’ils se connaissent tous très bien. Personne ne manie la langue de bois, ce sont quatre gars très sains. Je suis certain qu’au fil du temps ils vont trouver le bon fonctionnement.
La suite, mercredi 11 décembre à 12h00.
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Publié le mardi 10 décembre 2013 à 16:23