Nous vous proposions de poser vos questions à Lionel Roux, entraîneur de l’équipe de France de Coupe Davis, lundi dernier. Laurent Trupiano et RCV l’ont rencontré vendredi dans un célèbre café lyonnais. Après une entrée en matière faite d’espresso et jus d’orange, nous avons sorti notre dossier contenant l’ensemble de vos interrogations classées. Malgré une courte nuit, Lionel s’est prêté au jeu avec plaisir. S’il n’a pu répondre à tout le monde, il s’est largement épanché sur les sujets évoqués… Deuxième partie de l’entretien.
Première partie, ici : ROUX : « GASQUET FAIT DE LA COUPE DAVIS UN OBJECTIF EN 2014 » (1/3)
Oli : On change carrément de sujet : tu suis le tennis féminin ? Il se dit partout que tu ne l’aimes pas vraiment…
Lionel Roux : Je ne sais pas d’où vient cette légende (rires). Mais c’est vrai que je regarde rarement le tennis féminin. J’ai raté la finale de Marion Bartoli, par exemple. Mais je suis vraiment impressionné par Serena Williams, la puissance qu’elle dégage, son envie… c’est remarquable. Durant certains tournois, quand j’ai le temps, je vais aussi au bord du court pour observer Caroline Garcia, une Lyonnaise, comme moi (sourire). Je pense qu’elle a du potentiel, je vais continuer à la suivre de près. Je crois aussi beaucoup en Kristina Mladenovic qui a ce côté star un peu agaçant, cette forme de certitude, d’assurance… Selon moi, c’est l’arrogance d’une championne et c’est plutôt bon signe ! En plus, elle s’est souvent exprimée sur sa volonté d’aller vers l’avant, de sortir un peu des mécaniques classiques du tennis féminin. J’aime bien !
WLT : Là, tu noies un peu le poisson, dis‐nous la vérité…
L. R. : Mais c’est la vérité (rires) ! Ca m’arrive, de temps en temps, de regarder du tennis féminin ! Par exemple, je ne rate aucun match de Fed Cup. Ce doit être une déformation professionnelle. Mais je pense aussi que le circuit féminin est plus dur que celui des hommes. Que c’est plus difficile, qu’il y a plus de jalousies, moins de camaraderie, plus de coups tordus. Je me trompe peut‐être, hein, mais c’est ce que je ressens, c’est moins franc. Et c’est ça que je n’apprécie pas ! Je trouve que l’ambiance n’est pas aussi saine que chez les messieurs.
Oli : Entraîneur de l’équipe de France, cela consiste en quoi ?
L. R. : Vaste question (rires) ! Mon rôle, c’est d’être en contact toute l’année avec les joueurs de l’équipe de France et leur staff. Je rencontre régulièrement les entraîneurs, je récolte des informations. J’évite au Capitaine, Arnaud Clément, de se trouver en première ligne. Ca lui permet de faire ses choix avec beaucoup de recul. Après, lors d’une rencontre, je suis en charge du programme d’entraînement, j’essaie de mettre en place la meilleure préparation possible. Je m’appuie, pour ce faire, sur les compétences de Paul Quétin au niveau physique. En termes de technique et de tennis, il s’agit de faire des ajustements, des réglages, de mettre les joueurs dans les meilleures conditions, donc il ne faut pas être trop directif, il faut privilégier la notion d’équipe et de plaisir. C’est grâce à Guy Forget que j’ai découvert tout cela. Et ce job est un vrai bonheur ! D’autant que cette génération est très à l’écoute, elle a envie, même si, pour l’instant, on n’est toujours pas parvenu à remporter le saladier d’argent.
Letace : On sait que tu es très proche de Mika Llodra. Que réponds‐tu à ceux qui disent qu’il a un statut particulier, qu’il est favorisé ?
L. R. : Je dis haut et fort que c’est totalement faux, que Mika n’a jamais été favorisé. Et heureusement ! Personne n’est irremplaçable en équipe de France. Notre but est de construire la meilleure équipe possible à chaque fois. Face à l’Argentine, je ne me suis pas gêné pour lui dire qu’il était responsable, que ce point du double était celui qui avait changé la donne. Je respecte trop cette compétition pour ne pas dire ce que je pense. Que Mika soit mon ami ne change rien, ni pour moi, ni pour le Capitaine de l’équipe de France. Au contraire, je pense même qu’on lui en demande plus, un peu comme des parents pourraient le faire avec leur enfant. On est encore plus exigeant avec lui.
WLT : Mais, pourtant, au vu des résultats de Mika, comparés à ceux d’Edouard Roger‐Vasselin, par exemple, il est loin de constituer un choix évident, non ?
L. R. : C’est sûr que ses résultats sont moins bons depuis quelques temps. Mais il reste un apport formidable en termes d’expérience. Et puis, le double, c’est aussi une équipe, des automatismes, une entente… Beaucoup de paramètres qui font de Mika un choix tout à fait pertinent. Mais la porte n’est fermée à personne !
Oli : Cette fameuse génération vieillit, on lui prédisait un avenir radieux et les années passent très vite. Finalement, ne reste‐t‐il pas que deux ans pour parvenir à aller au bout…
L. R. : Je partage aussi cette idée. Et je pense, sincèrement, qu’en 2014, on a vraiment une belle carte à jouer. Il serait vraiment inconcevable que cette génération ne gagne pas la Coupe Davis. Quant à moi, personnellement, je serais vraiment meurtri si je ne parvenais pas à les amener au bout au moins une fois. Ce serait un immense regret, une faute professionnelle. La Coupe Davis, c’est la plus belle des coupes, tous sports confondues, après, peut‐être, la Coupe du Monde de football. Je ne veux pas imaginer cet échec.
VICTOIRE de l’ARGENTINE face à la FRANCE 3–2 ! Simon perd face à Berlocq 6–4, 5–7, 6–4, 6–4 dans le 5e match décisif. http://t.co/iysqdujYCp
— Eurosport.fr (@EurosportCom_FR) 7 Avril 2013
La suite, mercredi 11 décembre à 19h00.
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Publié le mercredi 11 décembre 2013 à 12:52