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Sam Sumyk : « Vera a eu sa chance »

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La belle aven­ture de la joueuse de notre blogueur‐spécialiste s’arrête aux portes de la finale de l’Open d’Australie. Vera Zvonareva a été éliminée en demies par Dinara Safina en deux sets 6–3, 7–6. Interrogé par notre envoyée spéciale à Melbourne Krystel Roche, le coach tire le bilan après le beau parcours sa joueuse. 

Sam, quel bilan peut‐on tirer de cette quin­zaine, où ta joueuse, en se hissant dans le dernier carré de cet Open d’Australie 2009, a réalisé sa meilleure perfor­mance en Grand Chelem ?

Je ne sais pas encore. A vrai dire, le bilan, nous le ferons fin 2009. Aujourd’hui, Vera a fait ce qu’elle a pu, avec ce qu’elle avait, et la joueuse en face était meilleure, c’est aussi simple que ça. Dinara possède des armes diffé­rentes de celles de Vera, mais je ne pense pas qu’elle soit large­ment au dessus, ce n’est pas mon impres­sion. Peut‐être que demain ou après‐demain ce sera le cas, mais pas pour l’instant. Sur ce match, Vera a sa chance : elle a deux balles de break à 3–3 dans le premier, elle mène 6–5 dans le second, sert… Je ne pense pas que Dinara soit vrai­ment « au dessus ». 

S’il y avait quelque chose à refaire ?…

A la fin, je crois qu’il y a dix points de suite où Vera ne met pas une première balle… Bon, là, elle oublie deux, trois petites choses… Mais je ne crois pas que ce soit un manque de concen­tra­tion. C’est peut‐être même l’inverse parfois : trop de concen­tra­tion ! J’explique : lorsque l’on est trop concentré, on fait atten­tion à plein de choses, et l’on oublie les deux, trois choses prio­ri­taires qu’il vaut mieux être sûr d’avoir. On essaye d’être sûr que l’on fait tout bien. Et c’est injouable.


Nerveusement, comment ta joueuse avait‐elle abordé cette première demi‐finale ?

Aucun problème, avec l’enjeu, avec le fait que cette demi‐finale soit la première de sa carrière. Aucun souci là‐dessus. Elle a attaqué la journée de façon très déter­minée, très profes­sion­nelle. Je dirais comme d’habitude, mais ça ne peux pas vrai­ment être comme d’habitude, c’est impos­sible d’oublier ça !

On a pu sentir Vera agacée en fin de rencontre. Elle a eu une petite discus­sion avec l’arbitre de chaise… L’as-tu sentie fébrile à ce moment‐là ?

Non, pas du tout. La personne derrière elle a annoncé la balle faute, donc elle la joue bizar­re­ment, donne l’impression de ne pas pouvoir faire mieux. C’est ce qu’elle était en train d’expliquer à l’arbitre : que sans cette annonce, elle l’aurait joué un peu plus en slice, à fond. Or, elle a un petit peu arrêté de jouer. Elle souhai­tait que l’on remette le point, mais l’arbitre a jugé qu’elle n’avait aucune chance. C’est bizarre cette règle : parfois tu perds le point, parfois ils le remettent… Bref. Mais ce n’est pas une excuse. Le match ne se perd pas là…

Quel est le moment‐clé de la rencontre ?

Le match ne tourne pas vrai­ment. Jamais Vera n’a été dans une situa­tion très domi­nante. Safina n’a jamais dominé le match non plus. Il n’y a pas un match à sens unique où tout à coup la roue tourne.

Je pense que Vera peut gagner les deux sets. Bon, elle les a perdus, voilà… Si elle gagne le jeu à 3 partout dans le 1er, c’est bien. Je trouve qu’elle avait bonne mine à ce moment‐là. Ça ne s’est pas fait, dommage. Nous n’avons peut‐être pas de regrets, mais c’est comme ça, on n’a pas provoqué la réus­site. Et la réus­site, il en faut un petit peu pour aller gagner ces gros tournois.

Tu nous avais annoncé que le combat serait diffi­cile face à Dinara Safina, actuelle 3e joueuse mondiale…

Si l’on regarde le match, on voit, d’un côté, une joueuse qui fait presque 1m85, qui rentre dans la balle comme une sauvage, qui est très agres­sive etc, et l’autre qui essaye de tenir la baraque… Mais moi, je ne vois pas ça comme ça : je pense que Vera a les moyens de tenir large­ment la cadence. En revanche, je dirais que Dinara a eu moins de temps « moyens » que Vera, qui en a eu deux à trois dans le match. Cela suffit à ce que l’adversaire passe. Sur cette demi‐finale, tout ce qu’a fait Safina, elle avait prévu de le faire. Elle avait prévu d’être beau­coup plus agres­sive que son adver­saire, prévu égale­ment d’essayer de ne pas laisser Vera s’installer, diriger le jeu. Donc bravo à elle.