Elle n’a pas beaucoup pris la parole pendant cette quinzaine, votre Apolline. Pour ainsi dire, on ne l’a pas entendu. Non, pas qu’elle n’avait pas grand‐chose à dire, mais que tout en n’ayant pas raté un match de la première semaine, depuis la fosse du Lenglen, du Central ou du numéro 1 (le meilleur endroit pour comprendre le tennis), l’esprit d’Apolline n’était pas complètement là. Pas de hasard à cela. Apolline est arrivée cette année à Roland dans un certain état de tension. Une grosse pression pesait sur elle. Elle bouclait en effet le week‐end dernier le tournage de son dernier film entamé, souvenez‐vous, pile le jour de la finale Nadal‐Federer à Roland 2008. Tout se concluait enfin après douze mois de rebondissements dont huit passés dans une ambiance de conflit larvé avec la chaine diffuseuse sur ce qui devait constituer la scène centrale et une partie de l’originalité du film. De guerre lasse, et au bord du précipice – l’arrêt définitif du projet – la chaine et le producteur avaient donné l’autorisation, du bout des lèvres, de « payer pour voir ». Apolline était donc dans sa semaine fatale, celle où elle n’avait pas intérêt à se déchirer, d’autant plus que la scène en question, techniquement compliquée, devait se tourner sur un bateau et qu’elle avait déjà été annulée deux fois à cause du mauvais temps.
La météo. Drôle de truc, la météo. Nous venons d’un monde qui pendant des millions d’années n’a pu concevoir la sortie de caverne et l’appréhension de la vie qui se trouve dehors sans jeter un premier regard sur le ciel et essayer d’y trouver un sens à la journée qui s’ouvre. Fait‐il beau ? Sourire. Fera‐t‐il beau cet après‐midi ? Soucis. Pleuvrait‐il ? Tristesse. Après la pluie, le beau temps ? Espoir et la sensation de bien‐être qui monte en soi. Le soleil est là et tout devient possible, l’énergie est à disposition. Il pleut et c’est la déprime, on n’a rien envie de faire. Tout change si vite. Tout tourne site vite. « Ca tourne très vite », grande phrase de 2009 et des années à venir. De l’homo sapiens à l’homo meteos, la prévision du temps s’est passablement sophistiquée. Elle a remplacé la grenouille ou le genou plein d’arthrite par l’animation satellite, elle a essayé de rationaliser tout ça, de rassurer les hommes sortant des cavernes modernes. Il fait de plus en plus souvent beau quand Météo France a prévu qu’il le fasse. Il vente souvent à la minute à laquelle Windguru l’avait prédit. Ca colle à foison. Mais pas toujours. Les deux fois où Apolline a annulé le tournage pour cause de fenêtre météo annoncée comme étant catastrophique, il a évidemment fait superbe. La chute, vous la voyez venir.
Apolline arrive samedi dernier au bord de la Méditerranée. C’est annoncé grand beau temps pour tout le week‐end sur l’ensemble des sites Internet. Le soleil est très important car la scène est sensée se passer aux Antilles. Le soleil est également important parce qu’il doit incarner par sa seule présence la fenêtre d’oxygénation et même la porte de sortie d’un film qui parle de narcissisme à la sauce digitale. Mais l’astre jaune, le grand et beau dieu Râ, Apolline va passer son week‐end à le chercher entre deux masses nuageuses, sombres, têtues, donnant l’impression de n’être là que pour foutre en l’air un an de travail. Voilà même, dimanche midi, le petit lot d’ondées qui rafraichit encore sévèrement l’ambiance sur le bateau‐plateau et tend les deux sourcils d’Apolline en accent circonflexe pour le reste de la journée. Ces deux yeux ne vont plus quitter le ciel maugréant la « pute borgne » de n’avoir aucune commisération pour les réalisateurs navigateurs. Que dire ? Que faire ? Eh bien Apolline a fait ce que n’importe quel numéro 1 mondial aurait fait dans la même circonstance. Elle a fait comme elle pouvait, elle a fait avec ce qu’elle avait dans ses cordes. Elle a fait le truc minimum qui permet, peut‐être, peut‐être, de s’en sortir, et on verra bien ce que ça donne devant le ban de montage. Quand la scène était enfin mise dans la boite avec toutes les incertitudes qui planaient sur le rendu visuel de la chose, Apolline pouvait revenir à terre, rebrancher son portable et découvrir que pendant ces deux jours passés au milieu de la mer, un cataclysme avait eu lieu. Un cataclysme qu’aucun météorologue, ni sismologue, ni tennisologue n’avait non plus prévu et ne pouvait prévoir. Pas même ceux qui l’avaient annoncé… sans y croire complètement. Rafael Nadal, quadruple vainqueur de Roland Garros, invaincu en ce lieu, s’était fait sortir par Robin Soderling au quatrième tour du tournoi. Le séisme.
Quand elle lisait pourtant dans le ciel de Rafael Nadal il y a quasiment un mois de cela, à la sortie de sa victoire au tournoi de Rome, Apolline s’était demandée tout haut et de concert avec Manolo Santana jusqu’où l’Espagnol pouvait progresser comme ça. Sa lune était en bélier, et son verseau ascendant de la mer. L’avenir semblait ouvert. Tout en ayant néanmoins rappelé en quoi la différence entre la domination de Nadal et celle de Federer s’incarnait par la vulnérabilité immanente du premier là où le deuxième avait lors de sa grande période d’hégémonie assuré des semaines et des mois « d’injouabilité », elle ne voyait pas comment un joueur de l’ATP pouvait lui prendre trois sets dans le même match à Roland Garros, Federer inclus.
La météo allait changer très vite.
C’est que votre Apolline ne savait pas encore – nul ne le saurait avant son arrivée à Paris – que Rafael Nadal commençait déjà à souffrir de son genou, plus particulièrement depuis Madrid au point d’arriver à la Porte d’Auteuil avec un masque que la seule pression du record des cinq Roland d’affilée ne pouvait expliquer. Pour avoir un peu mieux saisi la vie et la psychologie du personnage par la collaboration au livre Le Monde de Nadal, le masque sur le visage de Rafa en conférence de presse à l’issue des trois premiers matches, masque se creusant au fil des tours, nous ramenait au seul autre moment où l’Espagnol avait laissé transpirer un « face language » trahissant sa profonde inquiétude. C’était à la fin 2005, quand suite à une première alerte au pied, sa famille et lui se demandaient déjà sérieusement s’il pourrait continuer sa carrière. Pendant des semaines, le Majorquin avait tourné dans sa chambre comme un lion en cage, transportant chaque matin sur son visage sa peine de ne pas pouvoir pratiquer sereinement sa passion. Jamais sa famille ne l’avait vu à ce point abattu. Tout le clan Nadal était désolé pour lui. Rien ne venait réchauffer son cœur.
Dès le premier match et plus encore lors du deuxième tour contre Gabashvili qu’Apolline a regardé dans les plus infimes détails en ne quittant pas Nadal une seule seconde des yeux, on était en mesure de vérifier ce que Patrick Mouratoglou répétait depuis quelques jours, vraisemblablement après avoir vu le match de Rafa contre Djokovic à Madrid : Nadal jouait au centre, très court, ouvrait très peu les angles, se contentait d’un jeu de contre‐attaque et en gros de gérer avec son statut d’ogre mangeur d’enfants les coups de stress et les baisses de régime de ses adversaires. Patrick situait là les causes d’un abaissement relatif de son niveau. Si on allait encore plus loin en suivant Nadal à la trace : de ses entrainements à la Tyson jusqu’à ses conférences de presse d’ex-agent du KGB, on comprenait qu’il s’agissait en fait des effets. Si Nadal n’attaquait pas, si Nadal n’ouvrait pas les angles, c’est qu’il n’avait pas ses appuis pour le faire, ses fameux appuis qui sont le thermomètre de sa confiance et lui ont permis pendant les cinq premiers mois du circuit de raccourcir de plus en plus les échanges, de s’économiser, manière de rappeler au passage que le tennis est un jeu de jambes avant d’être un jeu de bras. Sans son ancrage au sol, et déjà pris de vitesse sur la terre battue ultra rapide de Madrid, celle légèrement accélérée de Roland – sans parler des balles, très vivaces, Apolline a mis une bonne grosse minute pour régler son curseur avant de jouer avec McEnroe -, Nadal avait repiqué les vieux réflexes de reculer, ceux qui lui permettaient de se sortir au mental des griffes d’un Serbe en chaleur, mais pas d’un Federer de retour au premier service. Météo changeante, l’inquiétude née à Madrid avait été effacée par un moment de grâce, cet instant magique où ses fans s’étaient mis à ses pieds pour se prosterner devant sa capacité de résistance. « Rafaaaa, Rafaaa » faisait le peuple nadalien en baissant les bras en signe d’adoration. On avait l’image de l’année… hors Grand Chelem. Rien que pour cette raison, Nadal devait évidemment aller jouer Madrid. Oui c’était trop, mais Madrid sans Nadal en première année de la nouvelle formule et de l’inauguration de la Boite magique, ce n’était tout simplement pas possible. On rajoute au passage la chose suivante. Nadal à Rotterdam, ça fait aussi partie du personnage, de sa grandeur et de son sens de l’engagement. Il l’avait promis à Krajicek après le petit raté de l’année précédente, il l’a fait. Qu’on ne voit jamais ici des questions d’argent ou d’agent véreux qui l’exploiterait comme une femme à barbe. Rafael Nadal n’a pas besoin d’argent, sa famille est une des plus riches de l’ile de Majorque, et son entourage n’a cessé depuis le début de sa carrière de refuser des offres mirobolantes au nom de la conduite intelligente de la carrière du petit prodige. Qu’on cesse également avec cette histoire de fils du président ouzbèke, tout cela ne mènera à rien.
La piste plus sérieuse, c’est que le grand serpent de mer nadalien du genou qui grince ressortait. Il était pris très au sérieux, tellement au sérieux par la famille qu’on comprenait finalement et rétrospectivement le pourquoi de l’attitude de Rafael et de son entourage à Paris, l’oncle Toni, mâchoire aussi serrée que son neveu. Si on intégrait à la fois la réalité des problèmes physiques du numéro 1 mondial, et de l’autre l’omerta absolue sur le sujet, à l’inverse totale de Gaël Monfils racontant au bout de dix secondes qu’il ne pouvait pas tenir plus d’une heure et demi (ce qui se révéla vrai dès que Federer lui fit dépasser le quota prévu), on comprenait que le clan Nadal était venu faire un beau petit coup de bluff à Paris, faire la passe de cinq sur une jambe sans moufter. Le gamin avait serré les dents à l’Open d’Australie, il pouvait bien les serrer une fois de plus pour le grand chelem suivant.
D’ailleurs la météo changeait encore. Annonce d’une embellie. Oui, Nadal jouait vraiment mal mais ne gagnait‐il pas et sur les scores habituels ? Et n’avait-il pas par le passé démarré aussi laborieusement son tournoi ? La gifle passée à Hewitt ne rassurait‐elle pas tous ses fans ? Apolline avait quitté Roland pour la Méditerranée en se disant que tout de même on était en présence d’un drôle de Rafa, pas vraiment dans son assiette, avec dans l’œil une noirceur jamais entrevue jusqu’à présent. Mais quand il fait soleil, il faut tourner. Silence, moteur, ça tourne. La scène est bonne. Apolline joue bien pendant deux minutes. Toujours son petit passing en bout de ligne qui la sauve. Apolline s’en sort toujours, s’en sortira toujours. Espoir. Foi en soi. Miracle possible.
N’est-ce pas finalement ça qui s’est passé pendant le match contre Soderling (qu’Apolline a évidemment revu en intégralité dès son retour au bercail). Pendant quatre sets, un public dont on dira un peu plus tard ce qu’on en pense, a poussé pour que le petit bouffe le gros, tout en se disant que le gros avait tellement de fois retourné la situation qu’il s’en sortirait bien à un moment. Comme d’hab. Tiens, 6–5 40 égalité dans le 4ème set, avec un peu de chance, une éclaircie pouvait passer au‐dessus de Roland. Mais non, pas dimanche, on vous l’a dit : ce putain de nuage sur la tête qui squatte à la journée et un Söderling en mission pour le Seigneur. Et le scénario de l’improbable qui devient possible tout en préservant sa part d’incrédulité. Réécoutez bien la respiration du public à 3–1, 4–1, 5–1 dans le dernier tie‐break. Il pousse le Suédois mais il n’arrive toujours pas à y croire. Même quand Rafa sort un nouveau coup de magicien à 6–2, il se dit « C’est pas possible, il va revenir ». Quand il saisit enfin que le Majorquin est vraiment en train de se faire blackbouler, quand il saisit enfin ce que ça va vouloir dire pour le tournoi et pour le joueur, il est déjà trop tard, Rafa a quitté le court sans demander son reste.
Une indiscrétion d’un chauffeur à notre précieux collègue Christian Despont parle d’un Rafael cachant ses larmes derrière des lunettes noires pendant tout le trajet de l’hôtel à l’aéroport. Qui cela surprendrait encore ? Qui sur ce site est encore assez stupide pour être étonné par ça ? Qui est même assez bête à bouffer du foin pour parler de faiblesse ? Qui dans le cadre des duels Nadal‐Federer a pleuré le premier (et Apolline ne dit pas ça pour dire que Federer pleure moins que Nadal parce que c’est vraisemblablement le contraire et c’est là toute leur grandeur, auquel Apolline, lacrymale de première, avait rendu hommage à l’Open d’Australie) ?
Bref si vous vous demandez encore pourquoi Apolline est nadalienne alors qu’elle joue comme Federer, ça reste toujours pour la même raison, pour faire passer un certain nombre de messages complémentaires auprès d’un public français légitimement transi devant le Suisse mais largement à côté de ses pompes concernant l’Espagnol, et ce depuis son premier match contre Grosjean et cet incident tournant au tollé démago, où déjà Rafael avait fait preuve d’une sobriété et d’une maturité admirables vu le contexte. Pendant les trois ans passés à être numéro 2, continuant d’entrainer cette litanie de critiques et de bémols indigents de la part de spécialistes qu’on ne nommera plus, Nadal l’a fermé et a fini de faire le reste du chemin tout seul. Ce chemin qui met tout le monde d’accord, celui qui met des actes sur les prévisions portées à bout de bras par de rares connaisseuses comme Apolline. Il est désormais le numéro 1 mondial, un champion immense, un virtuose à sa façon, qui reste dans la vie de tous les jours un garçon poli, intelligent, sensible, attachant car inquiet, et terriblement courageux à la mesure de cette inquiétude et des peurs d’enfant qu’elle fait remonter à la surface. Ce garçon a remis Roland Garros au cœur de l’année calendaire en lui donnant avec Roger Federer une continuité et une lisibilité plus entrevue depuis les années 80 et dans un autre genre l’épopée Kuerten. Ils constituent à eux deux l’attraction permanente du tournoi, l’entrainement le plus couru, auquel tout le monde veut assister, la séance d’autographes la plus longue pour les enfants. Et voilà comment Roland traite un de ses deux « champions ». Eh bah …. bravo, big up pour le public parisien. La seule bonne nouvelle, c’est qu’après ça, Apolline en a repris pour deux ans à sortir son bâton de pèlerin pour botter quelques derrières d’ânes bâtés.
Mais Nadal et Djokovic désormais sortis, la fenêtre météo s’ouvre enfin pour Roger. Un peu de soleil annoncé pour dimanche prochain, on ne crache pas là‐dessus. Reste qu’une semaine, c’est long, très long. Beaucoup de choses peuvent se passer entre temps. Le tennis, le temps, ça tourne très vite. Apolline l’a déjà dit ? Pas grave, elle répète inlassablement. Cela tourne très vite. Patience, patience. Attendre la fenêtre météo, c’est la stratégie que le Suisse avouera avoir toujours eu en tête. « Nadal tomberait bien un jour » dira Roger au micro de France Télévision. Ce jour‐là, lui aurait intérêt à être encore dans le tournoi. De la chance, Federer ? Oh non, surtout pas. Chaque année, ce billet de présence, il l’a payé et chèrement concernant le dernier ticket acheté en 2008. Chaque année, Federer est reparti la queue basse avec une veste taillée sur mesure, la dernière cintrée au niveau de la taille, doublée en peau de poule. Non, non, son titre à Roland, sa joie, ses larmes, l’hymne de la Suisse libre, Federer les a mérités 2000 fois.
Et le débat de la place de Federer dans l’histoire du jeu de se reposer à nouveau. Fatalement. Dans son texte fondateur, écrit à la sortie du titre de Roger à l’Open d’Australie contre le Chilien Gonzalez en janvier 2007, « Non, Federer n’est pas encore le plus grand joueur de tous les temps », Apolline avait posé trois conditions incontournables. 1) Gagner Roland Garros, le tournoi le plus difficile du monde, 2) Battre plus souvent Nadal que Nadal ne le battait, 3) Rentrer en transe.
La première condition est désormais remplie. Roger Federer a gagné Roland Garros et c’est l’occasion pour Apolline de dire tout ce qu’elle a franchement aimé dans son jeu pour y parvenir. Dans l’ordre : la qualité de première balle profondément retravaillée à l’entrainement avec une forme de perfection atteinte sur les quatre aces du tie‐break de la finale, le service slicé long comme on n’avait plus vu de slice de cette qualité depuis au moins Michael Stich, le service kické fort côté gauche pour enchainer avec le décalage coup droit et l’attaque décroisée, le coup droit qui fait encore plus mal quand il peut se transformer en une amortie soudaine, écœurante, tuante à la répétition (Apolline a dit qu’elle pouvait faire un documentaire entier sur les penaltys de Maradona, elle peut désormais faire une cassette sur les amorties de Federer, incluses 26 minutes sur celles tirées de derrière la ligne de fond), la variété de revers liftés, chopés, courts croisés ou amortis (un petit point de désaccord avec Patrick Mouratoglou mais dont nous reparlerons longuement en septembre sur la question des revers à une main et à deux mains), la qualité du petit placement de Federer (même si on le dit, Roger ne bouge et ne couvre toujours pas aussi parfaitement sur terre qu’un vrai spécialiste comme Kuerten ou Nadal), l’endurance physique impeccable pour pouvoir tenir tous les renversements de partie et attendre son heure sans paniquer, enfin un truc qu’on a retrouvé et qui est la vraie marque du génie de Federer : cette créativité dans le jeu et cette technique d’école qui lui permet de « cacher la balle ». Cette sensation fut encore plus prégnante depuis qu’Apolline a joué avec le maitre de la dissimulation, John McEnroe, et discuté de ça avec lui. Avec John, Roger est le seul joueur dont, personne ne sait où la balle va partir. Le nombre de fois où Söderling fut pris lors de cette finale, le nombre de fois où on le retrouva sur les talons ou planté à contre‐pied, fébrile ou en retard sur sa reprise d’appui, par le simple fait de ne pas savoir où ça allait atterrir, situent la vraie capacité d’illusionniste de Federer, et pour avoir vécu la situation avec McEnroe vendredi dernier, c’est un sentiment qui vous fragilise totalement dans votre couverture du terrain.
Concernant la deuxième condition, battre Nadal plus souvent qu’il ne le bat, les lecteurs de GrandChelem‐Welovetennis n’auront pas oublié que depuis que le score est passé de 6–3 à 12–6, et au regard d’une nouvelle ère qui démarre quand le numéro 1 mondial change de casaque, Apolline a décidé de remettre les compteurs à zéro en début de saison. Depuis, Federer a perdu un match sur surface rapide, il a pris sa revanche sur terre battue. Ironie de ce duel, le débat sur les surfaces de prédilection s’est inversé et on l’a bien compris, si Federer veut empêcher Nadal de le dépasser prochainement par la simple question du décalage de l’âge, c’est en ce moment qu’il va devoir lui mettre un petit coup sur le carafon pour freiner sa progression dans les tablettes. Plus que jamais et par le fait même du poids de son absence, ce petit fantôme errant sur l’édition 2009 (tu te souviens, c’était l’année où Nadal s’était fait sortir par l’autre Suédois là, comment il s’appelait déjà…), Federer a bien compris qu’on ne lui lâchera jamais la grappe sur sa rivalité et sur ses problématiques spécifiques face à son frère ennemi. Si Nadal remettait la main sur le jeu dès Wimbledon, à l’Us Open, en Australie ou à Roland l’an prochain, aucun des observateurs ne manquerait de rappeler à Federer ses derniers titres empochés… dès que Rafa n’est pas là. Mais une donnée a changé dans leur duel, c’est l’image des deux joueurs. Avec l’année de semi‐purgatoire qu’il a traversée, Federer est sorti de sa période « monstrueuse », ce qui a redonné du suspense, du cachet et un grand élan populaire à sa quête d’absolu. De son côté, Nadal a récupéré le mistigri de la place de numéro 1, atteint le sommet de son imperium à Rome et finalement connu sa première forme de chute brutale avec sa défaite à Roland. A l’heure où il déclare forfait au Queens et où tout le monde s’inquiète de l’état de ses genoux, il ne serait pas étonnant qu’il soit vite l’objet d’une vague de sympathie et d’encouragements pour un retour prochain, afin qu’il vienne nous régaler de sa présence. Le circuit a tant besoin de lui. S’il déclare forfait à Wimbledon, son absence pour près d’un mois exaltera plus encore la volonté de réhabilitation de son œuvre, l’amour de ses fans et le respect de ses détracteurs à son endroit. La popularité est une chose ambiguë que se nourrit de grands moments de domination mais aussi de vrais accès de faiblesse. En moins d’un an, Nadal et Federer nous sont redevenus humains. Nous pouvons apprécier plus encore la majesté de leur performance. Pour Federer, il s’incarnera dans le record qui tue, une stat à la Lendl : 20 demi‐finales de suite en grand chelem. On parle bien de Lendl et pas d’un autre au regard de deux références peu connues mais saisissantes : huit finales de suite à l’US Open, trois victoires d’affilée en trois semaines sur trois surfaces différentes. Ca vous pose un gaillard et il est effectivement bon de rappeler que Lendl s’est taillé ce genre de statistiques à l’intérieur de la plus grosse adversité de l’histoire du tennis, de Borg à Agassi.
Concernant la troisième condition, la moins palpable, la plus subjective, et pourtant quelque part la plus importante pour Apolline, la question de l’impression rétinienne sur notre mémoire de petits et des grands enfants, il faut là aussi faire un petit flash‐back avant de lâcher la scène du happy ending sous une pluie fine. Votre Apolline, elle lui en a bien mis dans la pipe au père Federer depuis trois ans. Là encore on ne pourra pas l’accuser d’avoir hurlé avec les loups, elle a balancé lorsque le Suisse était à son firmament, elle a balancé même quand il sauvait le coup avec ses tours de prestidigitateur, elle a balancé quand il donnait l’impression de gérer à sa main les droits de sortie accordés dans le vestiaire, et elle a encore plus balancé quand Nadal, puis Djokovic, et dernièrement Murray ont fini de faire ressortir les insuffisances tennistiques de la génération précédente et les difficultés du Suisse dès qu’on lui propose une résistance mentale et technique vraiment tenace. Pour le reste, Apolline n’a cessé de répéter que ce mec‐là joue pour les Grands Chelems, que sa question c’est celle des cinq sets (voir le dernier dossier du GrandChelem 13), et que jusqu’au dernier grand chelem joué, Federer, comme Sampras, sera toujours en mesure de l’emporter.
Mais c’est quoi la transe ? La transe en tennis, c’est le moment où vous commencez vraiment à avoir les miquettes, que vous n’arrivez plus du tout à le cacher et là se déclenche une espèce de réaction irrationnelle, pas contrôlée, où vous sortez l’espace de quelques secondes de votre programme de rinçage pour vous révéler à vous‐même… ou vous écrouler. Prenons des cas très précis. En 1984, lors de sa finale contre Lendl, il y a un moment où McEnroe rentre en transe, c’est‐à‐dire dépasse ses limites physiques et mentales pour arracher un break à Lendl dans le 5ème set. Sur son visage, on lit un mec qui pour la première fois de sa carrière ne sait plus à quel saint se vouer. En regagnant sa chaise, il lève les yeux et les bras au ciel pour implorer le tout Grand de l’aider à prendre les trois derniers petits jeux qui lui manquent. McEnroe et Dieu, un mec de trop dans la salle, me direz‐vous ? Non, pas là, pas à ce moment‐là, Mac a besoin qu’on l’aide et pour la première fois de sa carrière, il fait ce geste. Dieu n’a pas répondu à son incantation, mais le mouvement d’imploration restera pour l’éternité. Autre exemple désormais connu, il y a quatre mois en Australie, Nadal comprend qu’il est en train de se faire dégager par Verdasco. Comme nous l’a expliqué Claude Onesta, il est en train de sortir de son programme, déjà en train de se chercher des excuses, et là il saute sur un akène de pissenlit, le serre contre son cœur, fait son vœu et revient dans le jeu, prend ses responsabilités pour arracher la victoire, puis le titre dans la foulée. C’est un autre moment de transe.
Qu’on soit bien clair, ce type de réaction‐là, non seulement Federer n’en est pas un grand habitué mais il est vraisemblable qu’il n’y croit pas tellement. C’est un cerveau rationnel, qui raisonne longuement avant de se décider mais qui ne revient plus sur sa décision une fois le choix fait, et qui en cela revendique depuis le début de sa carrière la « belle solitude » du joueur de tennis. Sur un court, on est seul avec ses armes, c’est par la tactique, la technique et l’expérience qu’on doit s’en sortir. Halte là les coachs et autres donneurs de conseils aux premiers changements de côté ! Restez en dehors du terrain ! Le tennis c’est une situation à la demerde yourself devant un problème qui réunit deux parties : soi et soi.
Il a néanmoins un peu changé depuis un an notre ami Rodg’. Toujours très soutenu par le public parisien, on ne pouvait pas dire qu’il s’était jusqu’à présent appuyé là‐dessus pour créer une vague porteuse. Apolline s’en était attristée l’an dernier. Federer restait dans son monde, faisait son petit geste d’applaudissement de sa main droite dans la raquette, alors que tout le monde était prêt à s’enflammer pour lui. Cette année, le Suisse a enfin accepté de capter tout ce qu’on lui renvoyait en direct. Bien sûr, encore aujourd’hui on aurait du mal à définir le poids de ce soutien populaire dans le dessin de la victoire, mais il suffit de l’écouter à la sortie de son triomphe pour comprendre sa sensibilité sur le sujet. Il suffit surtout de penser à l’amour dont a justement manqué Rafael Nadal, de penser à son départ en larmes et aux missiles envoyés le lendemain par Toni sur le public de Roland pour comprendre qu’aucun joueur ne peut l’emporter durablement sans un peu d’adhésion collective à l’homme et au projet de jeu. Même McEnroe – et on fait souvent cette erreur en pensant qu’il adorait allumer les spectateurs pour se remonter le bourrichon – reconnait avoir été déstabilisé de voir le public se retourner contre lui et prendre la défense de Lendl juste pour voir un peu plus de tennis. On ne sera d’ailleurs pas étonné que Johnny Mac déclare avoir pris la victoire de Federer à Paris pour l’aboutissement tant attendu de ce qu’il n’avait pas pu atteindre 25 ans avant. On aurait aimé voir plus de volées lors de cette finale pour que la boucle fut vraiment bouclée mais le tennis a changé et on a bien compris l’essentiel dans l’hommage de John.
Federer a également géré avec beaucoup de force mentale la pression qui est immédiatement montée de trois crans après l’élimination de Nadal. Il ne faut pas se la raconter. Il a tellement fait sentir à son entourage qu’il ne fallait pas lui parler de ça que cette circulaire du silence trahissait sa nervosité devant des attentes qu’il savait exponentielles, en premier lieu les siennes. Le plus grand adversaire de sa deuxième semaine était donc Federer lui‐même. Au troisième set de son match contre Soderling, il ne pensait déjà plus qu’à ça, ce qu’il avouait en conférence de presse : « Pendant le match. Mon esprit était toujours en train de me dire « Que va‐t‐il se passer si je gagne ? Qu’est‐ce que cela va vouloir dire ? Qu’est‐ce que je vais dire ? ». On est en mesure de comprendre là combien Federer est un être qui mouline dur au premier étage. Sur ces deux questions : celle du public et celle de la pression de l’histoire, il a démontré une faculté à dépasser son programme.
Mais, car il y a toujours un mais – celui que vous avez attendu depuis le début de ce texte – Roger Federer a‑t‐il eu une seule fois vraiment peur pendant ces deux semaines ? Mais peur au point d’avoir cette réaction irrationnelle appelée transcendance ? Contre Acasuso ? Non, il convenait lui‐même, avec un air très confortable, qu’un double break dans le troisième set ce n’était pas un double break dans le quatrième. Contre Mathieu et contre Monfils ? Le premier set, Federer peut toujours le lâcher que ça ne change pas grand‐chose à la suite. Del Potro ? Un vrai choc mais l’Argentin explose physiquement au 4ème set et son jeu baisse immédiatement d’un cran jusqu’à la fin du match, Federer en a la certitude peinte sur le visage. Söderling ? Il lâche d’entrée un set qu’il ne faut jamais donner au Suisse, il court tout le long derrière le score, un scénario qu’adore Federer. Enfin le cas Haas, le match qu’il juge lui‐même comme le moment clef de la quinzaine, d’autant plus quand pendant deux sets il révèle le vrai flottement du Suisse le lendemain de la bombe Rafa et ses petits problèmes de réveil quand il joue le matin. Question : les plus grands fans du joueur et le joueur lui‐même ont‐ils vraiment tremblé en direct ? Pour la petite histoire, le producteur d’Apolline, federien en diable, était au téléphone depuis Rotterdam pour faire le bilan de la scène du bateau, pile au moment où Federer s’apprêtait à jouer son fameux coup droit à 4–3 dans le 3ème set. Avant même ce coup droit, dans l’attitude même de Roger, Apolline lui a dit que Federer allait revenir et s’il ne revenait pas tout de suite, c’est que Tommy Haas se ferait sur la liquette au jeu suivant, au moment de conclure. Il suffisait de voir la volée d’après vendangée par l’Allemand pour comprendre que la route était encore bien longue pour lui.
C’est quoi donc le seul petit bémol de toute l’affaire Federer à Roland 2009 ? C’est que Roger a joué les meilleurs joueurs du moment dans leur meilleure forme du moment, mais ce ne sont pas des adversaires qu’il craint et cela s’est senti dans tous les moments chauds de sa quinzaine. Et pour cause. 3–0 contre Acasuso. 3–0 contre Mathieu. 8–2 contre Tommy Haas. 4–0 contre Monfils. 5–0 contre Del Potro. 9–0 contre Söderling. Sorti de la pression de cette aventure, qu’est-ce qui aurait pu faire paniquer Federer ? Bien sûr les autres n’avaient qu’à être là, c’est leur problème, pas celui de Federer. Bien sûr les joueurs déjà battus l’ont été une fois de plus le jour exact où il ne fallait pas se trouer, et dans des conditions vraiment nouvelles, à un moment où ils ont vraisemblablement été les plus dangereux pour Roger et lui le plus vulnérable devant eux. Mais c’est justement parce qu’il n’a jamais autant lâché de sets en quinze jours, jamais été aussi ébranlable qu’une conclusion s’impose en creux de ses hauts et bas : il y a bien un top 3 contre lequel Federer « mouille » au point de ne pas trouver de solutions et de parfois ne pas s’en sortir, et tout le reste du tennis mondial face à qui la peur de perdre ne le rattrape jamais sérieusement. Parce que l’ADN de Federer sur ce Roland Garros, c’est qu’il y a 32 à 2 dans les confrontations directes avec ces six coupeurs de tête, et 38–2 après les avoir recroisés. Rideau.
En découle une petite frustration qui peut paraitre assez étonnante parce qu’au fil de la carrière du Suisse, elle a changé de nature mais pas d’origine. Pendant des années Apolline ne comprenait pas comment Federer pouvait jouer aussi bien aussi longtemps. Aujourd’hui elle ne comprend pas plus pourquoi il joue aussi mal aussi longtemps puis tout à coup aussi bien pendant trois sets, parfois en un seul point de transition comme ce fameux coup droit contre Haas à l’issue duquel il nous déclara en conférence de presse : « Après ce coup droit, je savais que je pouvais gagner la partie ». En entendant ça, surtout de la façon dont il nous l’a dit, on en ressortait à la fois époustouflé et définitivement décontenancé, tout en gardant quand même en tête des situations beaucoup plus compliquées dès que Federer rencontre Nadal, Djokovic, Murray et, le joker du jour pour lui montrer notre attachement, Nalbandian. Contre ces gens‐là, un seul coup ne suffit pas et c’est justement ce que craint toujours Federer, ce qui le rend tout de suite beaucoup plus nerveux dès qu’il rencontre cette catégorie de joueurs. Au‐delà même de leur qualité tennistique, ceux‐là ne lâchent pas, ceux‐là vont porter le fer sur plusieurs points, plusieurs jeux, plusieurs sets. Le calme du Bâlois, cette zen attitude dont on ne peut que louer l’imperméabilité au terme de cette quinzaine se transforme alors en un sentiment d’apathie, l’impression que le Suisse n’a rien tenté, et avec ça l’irritation de le voir arrivé en conférence de presse en lâchant « Il a bien joué, mais c’est surtout moi qui ai raté mon dernier set » comme il le fit après l’Australie. Pas de transe, mais alors là pas du tout, pas de moment où on le voit dépassé sa trouille de se faire véritablement éjecter, et pour l’observateur une difficulté à raconter l’histoire intime des matches de Federer, leur mécanique interne. Roger Federer se trompe un tantinet quand il compare son aventure à celle d’André Agassi en 1999. Sur Agassi, on peut raconter deux mille histoires sur les moments où il comprend que c’est pas loin d’être fini, de sa réaction insensée contre Moya à 6–4 4–1 jusqu’à la finale contre Medvedev qui souligne un sauvetage lent, point par point, coup par coup, et dans notre mémoire brumeuse les flashs de ce visage barré d’inquiétude du Kid le soir où Dominik Hrbaty se met à marcher sur l’eau. Avec Federer, on n’aura pas ces souvenirs en tête. Juste cette impression de jeu en courant alternatif. Vert, ça marche et c’est brillantissime. Rouge, ça marche pas et même pas du tout, mais enfin même dans le rouge, l’autre se fera suffisamment dessus pour que je repasse au vert quand il le faut. On peut appeler ça le génie, on peut appeler ça le talent, on peut appeler ça l’expérience, on peut appeler ça le travail, le tout nourrissant un complexe de supériorité légitime et qui en impose de lui‐même. On n’empêchera pas Apolline de mettre encore un ris de doute sur le voile anesthésiant dont Federer se pare quand il est bousculé par quelqu’un qu’il craint vraiment. En un mot comme en cent, que l’on écrira sous l’observation du régional de l’étape, notre ami Elmar : Federer gagne très souvent parce qu’il est suisse, un enfant issu d’un mélange riche de cultures, un citoyen polyglotte et curieux, bien élevé et poli, appréciant la discrétion dans sa vie privée, star sans se prendre pour quelqu’un d’autre dans un pays qui ne lui pardonnerait pas de péter plus haut que son cul. Mais quand il perd comme un suisse, c’est‐à‐dire comme un douanier chocolat qu’on a déjà envie de secouer à cent mètres rien qu’en voyant son air de dire « Y a pas le feu au lac », désolé mais Apolline en reste à John, à Yannick, à Rafael, à Jo ou à Guga parce qu’elle est profondément brésilienne, et que le tennis ça doit aussi un peu sentir la fête et le corps qui se lâche.
Pour le reste, pas de fine bouche, l’homme au 14 grands chelems a enfin rejoint Sampras et l’a même déjà dépassé en gagnant là où l’Américain ne s’était jamais imposé. C’est l’heure du happy end, la fameuse scène de la pluie, celle qui est tombée en plein milieu de cette finale, rendant les conditions de jeu et de tournage particulièrement éprouvante. On laisse au réalisateur Federer le soin de finir son film tout seul avec ce conseil à lire et relire dans toutes les écoles de tennis et de cinéma.
« J’espérais qu’il n’y aurait pas de pluie car ce n’était sympa ni pour moi, ni pour mon adversaire, ni pour les spectateurs. Et les conditions, surtout sur une finale du Grand Chelem, quand il pleut, c’est difficile à gérer. Maintenant, je me dis que voilà, c’est ce genre de temps qui m’attend, André a gagné ici il y a dix ans, je ne veux pas dire combien il a eu de la chance, mais les chances ont tourné en sa faveur au moment où il en avait besoin. C’est ce qui m’est arrivé ici pendant ces 2 semaines, je ne veux pas parler de ce qui s’est passé avec Tommy Haas au troisième set, mais j’ai été dans des situations très difficiles pendant ce tournoi. Cela fait partie du tournoi. Il y a eu cette pluie aujourd’hui, ces conditions, le vent qui tourbillonnait et un adversaire très dangereux. J’ai réussi à gérer tout cela pendant 2 semaines, j’ai souvent dit que si on veut être un bon joueur sur terre battue, il faut aussi savoir jouer dans ces conditions comme dans des conditions de temps clément. C’est pourquoi j’aime dire que je peux gagner quelles que soient les conditions et je l’ai montré sur ce tournoi. »
Rendez‐vous à Wimbledon où malheureusement ces conditions‐là, le vent, la pluie, le froid, cette sève du tennis, n’auront plus lieu d’être, tout du moins sur le central. Sous un toit, pas de fenêtre météo. Sous un toit, pas d’attente.
Très nerveuse mardi dernier, Apolline a enfin vu ses rushs et juger de leur adéquation avec le reste du montage.
Ca valait vraiment le coup d’attendre.
Apolline Celeste
Publié le mardi 9 juin 2009 à 00:59