Tout le monde s’étonne du trou d’air que vit le tennis féminin français un an à peine après l’avènement d’Amélie Mauresmo à la 1ère place mondiale. C’est oublié que la figure de proue de ce tennis féminin, celle qui a tout déclenché y compris et surtout l’envie de ses compatriotes d’égaler son statut, voir de la dépasser, cette figure de proue a un genou en capilotade depuis 6 mois et ne peut plus servir d’aiguillon pour ses consoeurs. Bref quand Mary Pierce n’est pas là, il y a quelque chose qui manque au royaume de France.
Plus aucune Française après une semaine de compétition à Roland Garros et tout le monde de chercher les raisons de cet échec patent. C’est oublier qu’il y a à peine deux ans c’est une alchimie pas très éloignée qui a crée les conditions du succès du tennis français. Si Amélie Mauresmo est devenue numéro 1 mondiale remportant deux Grands Chelems et un Masters en moins de 8 mois, si Tatiana Golovin rentrera sûrement dans le top 10 pour aller bientôt rivaliser avec les meilleures, si même la petite Marion Bartoli et son tennis peu orthodoxe intègrent aujourd’hui le top 20, toutes ces filles‐là le doivent à une seule personne, une personne dont elles peuvent aller embrasser les pieds et surtout le genou convalescent car elle est l’alpha et l’omega du tennis français féminin, elle est LA France qui gagne à elle seule : c’est évidemment Mary Pierce, cette merveilleuse Mary Pierce, vainqueur à l’Open d’Australie en 1995 et à Roland Garros en 2000, merveilleuse Mary Pierce à la double culture si enrichissante pour toute la France, puisqu’elle contient cette partie qui vient d’outre-atlantique, celle qui fait fi de tout état d’âme quand il s’agit de compétition. Merci Mary, tu nous as tellement appris. Tu as quelque part tout appris à Amélie. Et quand tu n’es plus là, quelque chose fait tout de suite défaut. Expliquons cela.
Amélie Mauresmo devient Mary Pierce le jour où jouant ensemble dans la même équipe de Fed Cup, en septembre 2005 à Roland‐Garros, dans l’antre des Mousquetaires, au cœur du symbole du tennis français, elle se fait laminer psychologiquement par cette dernière qui tient la maison France pendant tout le week‐end quand Amélie multiplie les trous d’air face à la Russie de Dementieva. On peut également prendre le pari pour rappeler l’importance du poids de la presse qu’Amélie Mauresmo devient virtuellement numéro 1 mondial le lendemain quand elle ouvre le journal et que L’Equipe lui tire enfin dessus à boulets rouges, fort de cette comparaison directe : l’une gagne les matches qui comptent, l’autre les perd.
Un diagnostic qui tombe, sec, radical, indiscutable comme seul le sport le permet. Personne ne peut se cacher après ça. Soit on s’enterre sous le Central, soit on devient une autre fille. Depuis cet épisode, Mauresmo est devenue une autre fille, une Mauresmo +, quelque chose de plus intéressant pour elle, pour nous, pour tout le monde, quelque chose qui lui a même permis de battre… Mary Pierce aux Masters 2005 et de prendre enfin cette autre dimension (tout en ayant encore des kilomètres de jungle à découper devant elle).
Amélie dit que depuis cet épisode de la Fed Cup, elle ne veut plus lire la presse parce que ça lui fait mal. Eh bien elle a tort parce que c’est aussi là que se joue la compèt’ : sur l’injustice, sur l’amour propre, sur la paranoïa. En cela les médias doivent continuer à garder les champions sous pression et sous la menace de critiques dures mais constructives qui obligent tout ce petit monde à se remettre en permanence en cause. On prend même le pari que la presse gagnera le respect profond des joueurs à s’engager de la sorte dans son écriture. Et à dire donc ici que le tennis français, Amélie, Mario, Tatiana doivent tout à Mary et attendent son retour dans les plus brefs délais à la caisse centrale.
Publié le mercredi 7 janvier 2009 à 16:01