1983–2013 : voilà 30 ans, jour pour jour, que Yannick Noah s’est imposé à Roland Garros. 30 ans, jour pour jour, qu’un Français n’a plus gagné Porte d’Auteuil. A défaut de victoires, quelques performances tricolores nous ont donné de très belles émotions. Retour sur six exploits à la française – plus un septième ? Oui, le French flair n’est pas mort !
Henri Leconte, le vengeur masqué
Difficile de rester insensible au charme pétaradant du Henri Leconte cru 1992. Corsé à souhait, encore imbibé par l’épopée millésimée de la finale victorieuse en Coupe Davis, à Lyon, avec la bande de Yannick, six mois avant… Henri, invité par les organisateurs, enivre le public et nous sert régulièrement son revers pince à sucre. Au final, c’est cette sensation folle de voir un revenant trouver à nouveau la matière de son jeu qui nous laisse croire possible, l’espace d’un moment, l’exploit ultime : remporter la Coupe des Mousquetaires. Et, ainsi, oublier le couac de 88en rejoignant dans l’histoire le grand frère aux dreadlocks virevoltantes. Malheureusement, c’est la patte gauche du glacial Petr Korda, en demifinale, qui nous cloue au fond du canapé. Mais on se rappellera à tout jamais la formidable lutte face à Nicklas Kulti en quarts (6–7(8) 3–6 6–3 6–3 6–3), dans la pénombre, au bout de cinq sets, évidemment…
Demi‐finale 1992 : Petr Korda bat Henri Leconte, 6–2 7–6(4) 6–3
Pioline, enfin bleu, blanc et rouge !
Mal aimé, incompris, Cédric Pioline a longtemps traîné l’image d’un solitaire et d’un égocentrique. En marge et, pourtant, si performant avec deux finales en Grand Chelem à son actif – US Open 1993 et Wimbledon 1998 –, celui qui ne se séparait jamais de sa Prince Alu blanche n’avait pas encore réellement communié avec son public. Cette édition 1998 de Roland Garros prend tout son sens lorsqu’il aligne deux combats de titan en cinq manches, en sortant le chouchou de ces Dames, Marat Safin, puis le prodige marocain Hicham Arazi. Cédric lâche alors le patronyme PioPio pour devenir un véritable mousquetaire. Cramé en demi‐finale, il n’avance plus et Corretja, sans forcer, le met à terre. Et nous avec !
Demi‐finale 1998 : Alex Corretja bat Cédric Pioline, 6–3 6–4 6–2
Sébastien Grosjean, merci Clinton !
Demi‐finaliste à Melbourne et Monte‐Carlo en ce début d’année 2001, Sébastien Grosjean fait désormais partie du top 10. Numéro un français, le Marseillais se doit de réussir à Paris. S’il ne brille pas lors des premiers tours, Grosjean réussit en quart de finale un superbe numéro. Face à Andre Agassi, troisième joueur mondial, le Français commence par perdre la première manche 6–1, en à peine 20 minutes. Cela sent la raclée à plein nez. C’est alors que Bill Clinton prend place en tribune présidentielle. Brusquement, le match tourne. Grosjean s’enflamme, Agassi s’effondre. Devant un public en fusion, Seb’ enfile les jeux comme les perles. Clinton s’absente alors quelques instants, le temps de laisser Agassi, mené deux sets à un, breaker d’entrée, dans la quatrième manche. Mais lorsque le Président revient en tribune, le joueur américain rechute… Définitivement, cette fois. Grosjean signe sa plus belle victoire sur la terre battue parisienne et s’offre une place dans le dernier carré. « Il faudrait inviter Clinton en demi‐finale », s’amuse-t-il. Le Président ne viendra pas. Et le Marseillais s’arrêtera là, battu par Alex Corretja.
Quarts de finale 2001 : Sébastien Grosjean bat Andre Agassi, 1–6 6–1 6–1 6–3
Et PHM fit trembler Roland…
Il est des matches qui restent dans les mémoires. Celui que livra Paul‐ Henri Mathieu face à Rafael Nadal, le 3 juin 2006, sur le Central de Roland Garros, en fait partie. Pendant 4h56, très précisément, le tendre alsacien castagna l’ogre espagnol. Des frappes surpuissantes dans tous les coins du court, des volées magiques, des coups stratosphériques. C’était le match presque parfait. Battu 5–7 6–4 6–4 6–4, PHM quitte le court en larmes. « J ’ai vraiment donné tout ce que j’avais aujourd’hui, je n’aurais rien pu faire de plus », explique‐t‐il, défait. Nadal, lui, avouera, quelques années plus tard, avoir vécu ce jour‐là l’un des matches les plus difficiles de son histoire à Roland Garros. Certes vaincu, Mathieu peut rester fier de ce qu’il accomplit ce jour‐là. Oui, l’invincible Nadal pouvait vaciller. Même sur terre battue, même à Roland Garros. Une belle leçon.
Troisième tour 2006 : Rafael Nadal bat Paul‐Henri Mathieu, 5–7 6–4 6–4 6–4
2008, la folie Monfils
Gaël Monfils est un mystère. Débarquant à Roland Garros en manque de confiance, de repères et de certitudes, le Français débute la compétition dans les pires dispositions possibles. Contre toute attente, il passe les tours les uns après les autres. Et quand Monfils obtient, après cinq sets de lutte contre Melzer, sa qualification pour les huitièmes, le public commence à s’emballer. Qui peut l’arrêter ? Et s’il allait au bout ? Poussé par tout un stade, Gaël Monfils, 59ème mondial, domine successivement Ljubicic et Ferrer. La magie de Roland opère, la Monf’ n’est plus le même joueur. A l’heure d’affronter Roger Federer en demi‐finale, le Tricolore se prend à rêver. Il ne reste plus que deux matches et six sets à gagner. Malheureusement, il constate alors ce qui le sépare encore d’une victoire en Grand Chelem face au maître en la matière. « J ’ai fait un très bon tournoi. Mais je ne me considère pas comme un nouveau joueur. Je le serai quand j’aurais gagné un titre majeur. » A ce jour, cette demi‐finale reste sa meilleure performance dans un tournoi majeur.
Demi‐finale 2008 : Roger Federer bat Gaël Monfils, 6–2 5–7 6–3 7–5
Tsonga, à un point près
« C’est la défaite la plus difficile de ma carrière. » Jo‐Wilfried Tsonga vient de s’incliner 1–6 7–5 7–5 6–7 6–1, face à Novak Djokovic, en quarts de finale de Roland Garros. Perdre en cinq manches est douloureux. Encore plus lorsqu’on a eu quatre balles de match. Quatre balles de demi‐finale. Quatre occasions perdues qui vous rongent, vous minent et vous obsèdent. « On passe par tous les sentiments », avoue Tsonga. « On a envie de casser toutes ses raquettes. On a envie de crier. On a envie de pleurer. On a envie de se réveiller. Mais la réalité est là : je suis éliminé. » Un constat âpre et cruel, qui ne doit pas faire oublier le formidable combat livré par le Français face au numéro un mondial. Bondissant, Tsonga s’est jeté dans chaque balle comme un mort de faim, poussant Djokovic à l’extrême limite. Preuve que le Manceau possède les armes, même sur terre battue, pour battre les meilleurs. Preuve qu’il a de quoi créer la surprise Porte d’Auteuil. La prochaine balle de match sera la bonne !
Quarts de finale 2012 : Novak Djokovic bat Jo‐Wilfried Tsonga, 6–1 5–7 5–7 7–6 6–1
2013, Tsonga, le fol espoir…
Le parcours de Jo‐Wilfried Tsonga, 10ème français à atteindre le dernier carré Porte d’Auteuil, est d’ores‐et‐déjà dans l’histoire des parcours tricolores à Roland Garros. Une première semaine parfaitement maîtrisée, avant le choc des quarts de finale face à Roger Federer. Le duel attendu dès le tirage au sort. 30 ans moins un jour après la victoire de Yannick Noah en 1983. Tsonga entre sur le court avec la foi au cœur et la folie qui va avec. Face à un Roger loin d’être dans le coup, commettant trop d’erreurs et complètement dépassé, Jo balance revers, coups droits et services en mode « j’envoie des patates ». Avec une victoire en trois manches 7–5 6–3 6–3, il se met à faire rêver tout un peuple. Malheureusement, une montagne peut‐être encore plus haute l’attend en demi‐finale : David Ferrer. La mobylette. Un défi très compliqué. Ferrer ne fait pas de bruit, Ferrer est un poison… Et il sera plus délicat de générer la même adrénaline que face au Suisse, ex‐numéro un mondial et légende qu’on connaît. La suite est à écrire… On n’espère que le point final attendra la toute fin de semaine.
2013, en cours…
Textes de Pauline Dahlem et Laurent Trupiano
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Publié le mercredi 5 juin 2013 à 12:22