Retrouvez tous les jours la Gazette de Monte‐Carlo, par la Rédaction. Aujourd’hui, jour quatre, jour particulier…
Sale journée, à Monte‐Carlo. Cette gazette pourrait se résumer à ces deux mots.
Ca avait pourtant bien commencé : le soleil brille sur la Côte d’Azur et Julien Benneteau tient fièrement tête à Andy Murray, excusez du peu. Cinq jeux partout. Et patatra. Sur une accélération coup droit de l’Ecossais, Julien, pris de vitesse, se tord la cheville et retombe sur le coude. On comprend tout de suite que c’est grave. Après plusieurs minutes de soins, le Français tente de reprendre la raquette, le temps d’être mené 6–5. En vain ; il jette l’éponge. Verdict : fracture du coude, entorse de la cheville, un ligament arraché. Soit, pas de Roland Garros et, pour les JO… C’est la facette une de la sale journée.
Réaction de Tsonga : « Je regardais tranquillement le match à la télévision et ça m’a fait froid dans le dos. Se blesser, devoir abandonner, j’ai connu cela. Ca m’a fait repenser à des moments effroyables. »
Un incident similaire est arrivé à Juan Monaco mardi. Ca mériterait de revoir cette terre battue monégasque, qui, selon beaucoup de joueurs, est dégueulasse, cette année. En témoigne cette réflexion d’Andy Murray à l’arbitre, juste après la chute de Julien : « Il y a des trous dans le court, il y a des trous partout. »
Mais la sale journée n’est pas finie : on apprend, très vite, que Novak Djokovic vient de quitter son court d’entraînement après dix minutes. Le Serbe aurait reçu un message d’un officiel et fondu en larmes à l’annonce d’une triste nouvelle. Très rapidement, nous vous apprenons qu’il s’agit du décès de son grand‐père, Vladimir, dont il était très proche. Les images diffusées par Canal+ dérangent – on ne les relaiera pas. Un peu plus tard, il confirme qu’il disputera, malgré tout, son match des huitièmes de finale contre Alexandr Dolgopolov. Ce match, il le veut ; il n’y est pas au début, mais trouve la flamme pour l’emporter à la fin. 2–6 6–1 6–4. Le tennis est anecdotique, il quitte le court en larmes, griffonnant une croix malhabile sur la caméra.
Vladimir, le grand‐père de Novak, était déjà souffrant lors du Masters 1000 de Miami. Le Serbe avait déclaré, après s’être imposé : « Cette victoire est pour mon grand‐père, dont je suis très proche et qui m’a aidé à me construire. Il m’a notamment inculqué le fait de ne jamais renoncer. » « Ne jamais renoncer », c’est certainement ce qui l’a porté, aujourd’hui.
Le mot de Tsonga : « Ca m’est arrivé de perdre un proche et de devoir jouer. C’est dur mais parfois, paradoxalement, on est complètement libéré. Rien n’a plus d’importance. Personnellement, j’ai plutôt bien joué quand ça m’est arrivé. »
Enfin, la sale journée facette trois, c’est le ciel qui pleure à chaudes larmes sur le rocher monégasque. Cette satanée pluie est tombé à intervalles très réguliers tout au long de l’après‐midi, à tel point qu’on a douté que Rafael Nadal puisse débuter son match. Parapluies de sortie, les joueurs qui font des aller‐retours vestiaires‐court. Les bâches qu’on tend, qu’on détend, qu’on retend… De quoi nous faire penser à ces vers de Verlaine, que l’on a tous appris un jour – on vous le souhaite…
« Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ? »
Certes, pas d’ »ennui », aujourd’hui, ni de déréliction ou d’ataraxie fumeuse. Référence littéraire pas très appropriée. Mais si ça peut permettre à l’ami Paul d’éviter l’oubli…
Vous l’aurez compris, cette journée de jeudi n’est pas celle du tennis. Pas mal d’émotions et l’essentiel bien loin de la petite balle jaune. Ca n’a pas empêché Rafael Nadal de faire un passage éclair sur le Court Central. Kukushkin n’a rien vu voir et cou‐couche panier – elle était facile. Comme Rafa : 6–1 6–1, 1h00, circulez, ‘y rien à voir. On ne parle pas trop, non plus, de Gilles Simon qui s’en est bien tiré face à Janko Tipsarevic, 6–0 4–6 6–1. Good job, Gilou, un quarts en Masters 1000, ce n’est pas à la portée de tous. Même si, par un jeu de Haase‐ard, tout peut arriver…
Sur ce, bonne soirée et à demain. On a fait le tour !
Publié le jeudi 19 avril 2012 à 20:17