En cette fin d’année, la traditionnelle saga des coups de coeur et coups de blues des membres de la rédaction va rythmer votre quotidien sur WLT. Aujourd’hui, place au premier volet de cette série, avec en tête d’affiche, Novak Djokovic.
Novak Djokovic a beau finir la saison numéro 2 mondial, avec un titre du Grand Chelem, une Masters Cup et 3 Masters 1000 en poche, il restera mon coup de blues de l’année 2013. Pourquoi ? Tout simplement pour cet été raté, traversé tel un zombie incapable de digérer l’un des échecs les plus difficiles de sa carrière : cette défaite face à Nadal en demi‐finale de Roland Garros.
Tout est peut‐être parti de cette volée de revers toute faite qui aurait donné au Serbe une possibilité de mener 5–3, break en poche, dans le 5e set de ce duel épique Porte d’Auteuil. Un point presque gagné, mais sabordé par une erreur dont Djokovic se rappellera toute sa vie. Un instant d’inattention qui vous propulse dans le filet et vous prive ainsi d’un point presque vital. Une bévue qui vous précipite dans la défaite et vous bloque aux portes de la finale. Un point d’arrêt. Presque une petite mort pour Djokovic qui avait placé Roland Garros tout en haut de sa liste d’objectifs pour 2013. Plus qu’un but, le Serbe en avait fait sa quête suprême. Encouragé par sa victoire sur Nadal à Monte Carlo, la première en ce lieu pourtant si favorable à l’Espagnol, Djoko’ s’était persuadé que cette année était la bonne. Et lorsque sa première professeur de tennis décédait en plein tournoi à Paris, le Serbe basculait dans quelque chose de presque mystique, une forme de croyance que rien ne pourrait le priver de ce titre. Et bien si. Ce coup de trop, un coup de grâce qui l’a fait plonger, hélas, dans une forme de dépression.
Oui, n’ayons pas peur des mots. Suite à cet échec, Novak Djokovic n’a été que l’ombre de lui‐même durant tout l’été. Faisant le job, le Serbe atteint la finale de Wimbledon, mais se prive presque tout seul de victoire en passant complètement à côté de son match face à Murray. Sans passion, sans cette croyance qui l’habite d’ordinaire, le Serbe joue pour jouer. Mais pas pour gagner. Cela est encore plus criant lors de l’été américain où il est d’ordinaire si fort. Comme habité par cette défaite contre Nadal à Paris, le Serbe s’auto‐persuade qu’il ne sait plus comment le battre. Il attaque ainsi sans y croire vraiment cette finale de l’US Open, et finit logiquement par s’incliner, laissant ainsi le champ libre à l’Espagnol pour lui reprendre cette place de numéro 1 à laquelle il tenait tant.
C’est justement cet électrochoc qui fait enfin sortir le Serbe de sa torpeur. L’été achevé, ses défaites digérées, Djokovic échange son costume de chassé déprimé pour celui de chasseur affamé. Il enchaine les victoires – Pékin, Shanghai, Paris – et s’offre le luxe de fesser Nadal en finale du Masters. Preuve qu’il a le niveau pour le battre, preuve qu’il possède les solutions contre l’Espagnol. Et preuve aussi que s’il n’avait pas traversé cet été 2013 en trainant les pieds et baissant la tête, nous aurions peut‐être assisté à de formidables duels, tant à Wimbledon qu’à New York.
Voilà donc pourquoi mon coup de blues tennistique de l’année 2013 se personnifie en Novak Djokovic. La micro dépression du Serbe aura profité à un Rafael Nadal privé de réel rival et gâché un été qui aurait pu être splendide en terme de duels. Mon blues est aussi provoqué par le malaise de voir ce titre Porte d’Auteuil échapper à nouveau à un joueur qui y a disputé demies et finales à la pelle.
Mais la vie est un éternel recommencement. Ainsi, en 2014, Novak Djokovic reprendra sa quête parisienne. Et cela accouchera peut‐être de mon coup de coeur dans 12 mois. Qui sait ?
- La rétro WLT est organisée en partenariat avec « Rafa, mon amour », le livre tennis événement sur Rafael Nadal, et l’ensemble de la collection We Love Tennis des éditions Flora Consulting.
Publié le lundi 16 décembre 2013 à 12:48