Dans un match en 5 sets, on ne peut rien feindre. Davydenko l’a encore constaté ce mercredi. Injouable, en pleine confiance pendant un set et demi, il a suffi d’une attaque de revers mal exécutée sur une anodine balle de break (6−2 3–1 en sa faveur) pour que le plus grand joueur de tous les temps le regarde dans les yeux, amorce sa remontée, commence enfin à bouger et arme son coup droit en avançant.
La suite fut un récital pendant plus de 11 jeux avec un Federer des grands jours. On n’insistera jamais assez sur son formidable petit jeux de jambes. « Le jeu de jambes de Roger est l’aspect le plus sous‐estimé. Nous devons garder à l’esprit que, pour obtenir une gestuelle aussi déliée, tous les paramètres mécaniques sont réunis : la vélocité, les appuis, la géométrie du corps dans l’espace », révélait dernièrement Yves Allegro, joueur suisse ayant fait ses classes avec le numéro 1 mondial. Et la géométrie, chez Federer, c’est une vraie science. Notamment dans sa capacité à changer de tactique, à mettre une pression de dingue sur son adversaire. Le tout en douceur, grâce à une précision chirurgicale et un calme olympien. Ce calme lui a permis de ne pas gamberger plus que ça après une première manche où il est passé à côté. En face, la mobylette russe était constamment en 5ème. Et, au moment où il a fallu lâcher le dernier uppercut pour prendre un ascendant presque décisif, Davydenko a eu une petite retenue. La retenue de trop. Appelez ça le « money time », le tournant du match, c’est comme vous voulez. En tout cas, Roger vit quelques fois dans une autre planète !
Publié le mercredi 27 janvier 2010 à 10:35