Richard Gasquet y a cru et il avait de quoi. Deux sets et demi durant, le Français a malmené, brinqueballé et même dépassé le numéro 4 mondial, Andy Murray. Mais ses 11 matches en 12 jours ont eu raison de lui. Après 2h30 de jeu, son corps a dit stop. C’est triste, c’est frustrant. Malgré tout, Richard Gasquet sort par la grande porte.
On a retrouvé Richard Gasquet. Cette fois c’est sûr. Malgré la défaite, le Biterrois a développé un magnifique tennis deux sets et demi durant. Car deux sets et demi, c’était l’autonomie maximale du Français aujourd’hui. Il manquait 30 minutes de rab, 30 minutes, et le sort d’Andy Murray était plié. Et qui sait jusqu’où Richard Gasquet aurait été dans ce Roland 2010.
On savait déjà ce qu’était un revers gasquien et pourtant, Richard nous a à nouveau cloué sur nos canapés. Missiles long de ligne, fouettés court croisés, retours gagnants, amorties, demi‐volées… Toute la panoplie, toute une panoplie qui fit même sourire Andy Murray. Et qui laissa sans voix le Suzanne Lenglen.
Mais au revers, vous pouvez désormais ajouter un coup droit. Oui, quand Richard est en confiance, le bras passe, l’épaule passe, la tête de raquette fuse et la balle gicle. Combien de fois Gasquet a‑t‐il cloué son adversaire avec des pains longs de ligne ou court croisés, de coup droit ? A la volée, au service, en revers et donc aussi en coup droit, pendant deux sets et demi, Richard Gasquet a joué à un niveau exceptionnel. Époustouflant ce Gasquet, époustouflant comme il ne l’avait plus été depuis si longtemps, peut‐être même comme il ne l’a jamais été.
Mais le tennis est un sport qui ne pardonne pas. Les règles sont claires, en Grand Chelem, il faut gagner 3 sets, il faut pouvoir tenir sur la durée. Aujourd’hui, la durée maximale d’autonomie de Richard, c’était donc 2h30. Passé ce temps de jeu, Gasquet s’est accroché comme il a pu, a fait avec ce qui lui restait. Mais les jambes ne répondaient plus. Oubliés les petits pas d’ajustement, zappés les gainages sur les frappes, abandonnée la tenue d’appuis à l’impact. Richard n’en pouvait plus et son tennis s’est effrité. Logiquement. Pas parce que son bras a tremblé, et c’est à signaler. Non. C’est bien physiquement que Gasquet perd ce match. C’était bien la clé, et Murray l’a parfaitement exploitée. Bravo à lui.
Alors oui, Richard avait le break dans la poche dans la troisième manche. Oui, il se précipite un peu et se rate sur les premiers points de son jeu de service suivant. Oui il remonte parfaitement jusqu’à 30–40 et craque sans raison sur un coup droit d’attaque facile pour revenir à 40A. Oui, c’est sans doute là que Richard perd le match. Mais quand bien même le Français aurait gagné ce jeu, en avait‐il suffisamment sous la semelle pour aller au bout ? En menant 4–2, on peut croire que oui. Mais si Richard rate ce coup droit, c’est peut‐être aussi parce qu’il sait, même inconsciemment, que son corps faiblit. « Je n’ai quasi plus de jus, je dois gagner ce set, sinon ce sera dur ».
Finalement, Gasquet quitte ce Roland Garros dès le premier tour. Quand on compare son niveau de jeu à celui de la plupart des qualifiés pour le deuxième, c’est injuste. Quand on se dit que s’il avait eu un jour de repos de plus, ce jour qui lui aurait sûrement permis d’avoir cette heure d’autonomie physique supplémentaire, Andy Murray ferait actuellement ses valises ; c’est rageant. Quand on réalise qu’il faudra attendre un an de plus pour voir Richard Gasquet aller loin à Roland Garros, c’est désolant, douloureux même. Mais quand on réalise à quel niveau Richard Gasquet a joué aujourd’hui, on se dit que le meilleur est sûrement à venir. Richard a joué et il a peut‐être perdu. Mais son attitude, sa détermination, son tennis, sa confiance en lui, son revers, son talent, son coup droit, sa volée, son inspiration, ses choix de jeu, son intelligence sur le court, ses fulgurances, son courage nous font y croire. De nouveau. Richard Gasquet peut être fier de ce qu’il a fait. Richard Gasquet est tout tout près de regagner les matches qui comptent. Et le meilleur est pour demain. Bravo et merci Richard.
Publié le lundi 24 mai 2010 à 22:12