Avoir un leader, un public c’est important, avoir une équipe c’est encore mieux. C’est ce que les Espagnols ont prouvé ce week‐end en dominant l’Argentine sans Nadal, mais avec une volonté qui confirme bien que cette nation est au sommet du tennis mondial.
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Une finale de Coupe Davis reste un spectacle hors du temps, et on sait ce que cela représente, nous qui avons supporté les Bleus de 1991 face à Agassi et Sampras, nous qui avons tremblé avec Arnaud Boetsch à Malmö, nous qui nous sommes réveillés en pleine nuit pour admirer le déhanchement au service de Nicolas Escudé. On imagine aisément l’ambiance du côté des clubs de tennis ibérique après autant d’émotion. L’Argentine avait choisi de faire de Nadal l’ennemi public numéro 1, en déclarant forfait le numéro un a finalement brouillé toutes les cartes.
Déjà en permettant à ses coéquipiers de vivre et de se révéler au monde du tennis, de permettre à Emilio Sanchez de prouver que sa connaissance du tennis est un poil plus importante que celle d’Alberto Mancini. Car malgré tout l’amour que l’on porte pour le talent tennistique de David Nalbandian, il est assez inacceptable d’apprendre que le leader argentin en soit venu aux mains dans le vestiaire avec son coéquipier de double après avoir la veille critiqué le comportement de Del Potro. A voir la mine blaffarde d’Acasuso ce dimanche en rentrant dans le court, on se dit que David Nalbandian, connu pour son égoïsme légendaire, n’a pas compris la dimension psychologique de cette compétition. A moins de pouvoir porter sur ses épaules tout le poids d’un tel évènement comme d’immenses champions ont pu le faire, la Coupe Davis se gagne plus souvent avec l’aide de ses « potes ». Et au cours de la semaine, on a vite compris que les seconds couteaux ibériques un peu saoulés par les références faites à Nadal soient rentrés sur le court avec le désir de faire le maximum. Pas étonnant non plus que ce soit un joueur comme Lopez qui se soit enfin révélé, lui qui n’a jamais bousculé réellement la hiérarchie du tennis mise à part à Wimbledon où son jeu d’attaque a fait merveille.
On se doit aussi d’insister sur un point concernant ce quatrième match où Verdasco, la peur dans l’âme ne s’est jamais libéré mais a tenu pour ses potes (NDLR : Lopez et lui font la fête assez régulièrement) pour son pays et aussi pour sa carrière. Cinq sets de tennis tout en retenue, en face Acasuso n’a pas démérité mais cela n’a pas suffit. Le supplément d’âme était du côté rouge et jaune, l’Espagne a grandi, elle a appris à gagner en équipe, pour le plus grand plaisir d’une nation toujours en mouvement.
Publié le dimanche 23 novembre 2008 à 19:25