Le premier tournoi du Grand Chelem est aussi celui des lancements de gamme et de produits mais aussi le point de départ de nouveaux contrats pour les stars du circuit. En toile de fond, il y a bien sur le boulot de l’agent qui a négocié tout l’été pour gagner son beurre dès l’hiver arrivé. Décryptage.
Il est difficile l’art du marketing. Si par le passé déclencher un buzz était lié à une certaine cuisine médiatique, avec l’arrivée de l’internet, mieux des réseaux sociaux, pour exister il faut sortir l’artillerie lourde, voir plus, avec le risque finalement que cela ne paye pas plus que cela. Depuis la nuit des temps c’est en effet l’endossement qui gère le marketing sportif.
La théorie est simple, les consommateurs s’identifiant à un champion, plus le champion est charismatique, plus il fait vendre. Dans ce registre les stars sont Rafael Nadal chez les jeunes, et Roger Federer chez les plus confirmés. Et derrière les autres, tous les autres, avec un place un peu privilégiée par Novak Djokovic, récemment nommé ambassadeur mondial, excusez du peu, de Peugeot. En fait, tout le pari consiste alors, une fois que les idoles sont bouclées et signées depuis longtemps de flairer la bonne affaire.
« Tu sais Jérémy, pour un agent, un joueur de plus de 20 ans qui est dans les 50 cela ne vaut rien. Nous, on mise sur l’avenir, donc le but c’est de trouver des espoirs, des juniors, des cadets, voir beaucoup plus jeunes pour les proposer aux marques qui elles prendront le risque de parier et d’y croire. » Voilà le résumé rapide d’une stratégie qui n’a pas changé depuis la nuit des temps. Sauf que les multinationales d’agents n’ont plus vraiment la cote : « Avec l’explosion des pays de l’Est et de la sphère médiatique, on voit de plus en plus de petites structures qui se mettent en place, IMG, Octagon, Lagardère Unlimited n’ont plus le même poids, les joueurs veulent être choyés, écoutés, entendus, ils veulent que l’on soit force de proposition, que l’on offre un service sur mesure ».
Un constat qui se résume par le choix de Juan Martin Del Potro de signer avec la boite nouvellement créee par Roger Federer. Il faut dire que l’on est jamais mieux servi que par soi même, et le Suisse qui draine à lui tout seul une cohorte de marques très prestigieuses le sait mieux que quiconque. Alors dans ce boulversement, chacun tente de se faire une place, et les sollicitations sont multiples. C’est sûrement cela qui explique le retour de certaines marques dans le tennis comme le Coq Sportif, bientôt Sergio Tacchini, et surtout Ellesse.
La marque italienne a choisi un duo composé d’Elina Svitolina, une Ukrainienne du top 50, âgé de 19 ans, qui avait remporté à la surprise générale le tournoi junior de Roland Garros en 2010 et le doyen Tommy Haas, que l’on ne présente plus. Il est donc facile d’imaginer le dépit du PDG au bord du court assistant à la capitulation du seul étendard masculin de la marque sur un court annexe de l’Open d’Australie. Pari perdu donc pour l’instant mais mon petit doigt me dit que certains autres « bonimenteurs » ou « marchands de sable » auront vite fait d’aller le solliciter pour qu’il fasse le choix d’agrandir son écurie.
Il reste que malgré ces turpitudes, il y a encore des coups à faire, et Nike avec ses fameuses semelles orange portées par RF à Wimbledon reste la marque qui sait le mieux pratiquer ce que l’on appelle l’ambush marketing. Toujours à la limite et fort de sa puissance liée à son image Nike continue de jouer avec la ligne blanche, sans toutefois prendre un risque monumental. « Le tennis n’est pas leur priorité car cela ne représente pas plus de 1,5 % de leur chiffre d’affaire, mais comme ils ont un team au top, ils savent l’utiliser pour aller au delà », nous confiait un expert en com’.
Expert qui comprenait aussi facilement pourquoi Nike était au final si rarement présent comme annonceur : « Nike est un média à part entière, surtout à l’heure d’internet, donc ils achètent de l’espace là où il faut rentabiliser un investissement comme par exemple dans le football où le maillot de l’Equipe de France leur a couté très cher », analyse notre interlocuteur. On ne lui donnera pas tort. En 37 numéros de Grand Chelem et plus de 7 ans d’existence, nous n’avons eu le droit qu’à une campagne de Nike, c’était pour le numéro 2.
A l’époque le brief de l’agence media avait été clair : « Nike n’a pas les moyens sur ce produit de faire de la télé, donc ils ont décidé de faire un peu par dépit de la presse, à vous maintenant de nous donner des solutions innovantes ». La nôtre avait été une sur‐couverture double avec Rafael Nadal avec une négociation digne des souks de Marrakech. Il n’y pas de petites profits même pour la marque de sport la plus célèbre au monde.
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Publié le mardi 14 janvier 2014 à 20:58