A l’heure de la terre battue rouge, qui virera au bleu dans deux semaines, Wimbledon s’est mis au vert – logique – avec un prize money tout neuf. Un prize‐money en augmentation globale de 10,3%, qui fait la part belle aux premiers tours, voulus plus rémunérateurs. Un prize‐money calé sur celui de Roland Garros – à moins que ce ne soit l’inverse ; le tournoi du Grand Chelem parisien avait également officialisé une hausse générale de 8,67% pour les tableaux finaux des simples masculins et féminins.
Mais, selon Phil Brook, honorable Président de l’honorable All England Club, la menace d’une grève des joueurs n’a pas influencé ce choix. Mieux, menace de boycott, il n’y aurait eu. Juste des volontés exprimées civilement, avec, notamment, les montées au créneau de Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic et Andy Murray en faveur d’une augmentation des gains aux premiers tours. Les trois mousquetaires et leur quatrième acolyte, défenseurs des plus démunis – ils se seraient égarés du côté de Sherwood. « Cela n’arrive pas dans tous les sports (que les meilleurs joueurs défendent les moins bons) », affirme Brook. « Tout le crédit leur revient. Cela montre qu’avec ce top 4, nous avons des gens de qualité. »
« Avec ce top 4, nous avons des gens de qualité »
Pas de menaces, donc, mais une augmentation malgré tout dans le sens des réclamations. Tim Henman, qui siège à la Direction du All England Club, de son côté, va dans le même sens. Reconnaissant une grogne de joueurs remontés, estimant ne pas avoir suffisamment de pouvoir sur leur propre sport, il affirme, à propos de cette idée de grève : « Ce n’est pas bon pour les joueurs, ce n’est bon pour personne. Mais je ne pense pas que ça n’a jamais été vraiment une possibilité. » Tout va bien dans le meilleur des mondes… D’ailleurs, l’ami Tim apporte son soutien à ses anciens collègues de l’élite mondiale : « J’étais encore un joueur il n’y a pas si longtemps et je suis sûr que l’on demandait la même chose. L’augmentation du prize‐money ces cinq dernières années a été vraiment substantielle, au vu de la récession actuelle. Wimbledon est très généreux comparé à beaucoup d’autres tournois et je pense que c’est une bonne chose. » Mieux : « Nous en avions discuté depuis longtemps. L’augmentation totale est une juste récompense pour la qualité actuelle du jeu. »
« C’est important que chacun ait l’opportunité de gagner sa vie »
Money, money, toujours plus de money… Et, surtout, des comportements bien politiques et polissés. « Le prize‐money s’est vraiment concentré sur les joueurs présents aux derniers tours des tournois par le passé », reconnaît Henman. « Mais c’est important que chacun ait l’opportunité de gagner sa vie et nous voulons être sûrs que les joueurs les moins bien classés ne soient pas oubliés. » Charité, quand tu nous tiens. Une telle décision est évidemment positive pour ces joueurs de l’ombre qui galèrent au quotidien et, pour qui le cut, en Grand Chelem, représente un Graal. Malheureusement, les Grands Chelems, il n’y en a que quatre dans l’année et pour des joueurs au‐delà de la 150ème place mondiale, le problème reste le même et l’abonnement aux Challengers et Futures en tout genre bien peu payant. Par ailleurs, on a bien du mal à croire que tout se passe de manière aussi sereine ; surtout au vu des différends mis en lumière ces derniers temps. Enfin, l’augmentation des premiers tours impliquaient aussi, inévitablement, celles des derniers. 50 000 Livres de plus pour le vainqueur à Wimbledon.
Chacun se fera son idée de « ces histoires de fric » et de ce qu’elles cachent comme enjeux, du côté des organisateurs, des tops players et des moins tops. On ne peut s’empêcher de se réjouir d’une chose : le travail de ces forçats de la raquette va être encore un peu mieux récompensé – et ça ne nous choque pas de voir Roger, Rafa&co gagner un peu plus, et encore moins ces garçons du top 100 et plus loin. Mais d’en regretter une autre… Que l’on voit afficher ce sourire, mi‐jaune, mi‐crispé, ce sourire qui dit « oui », et à tout, et qui veut nous faire croire que Céleste et Babar se promènent bras dessus, bras dessous, youkaïdi‐youkaïda – dansons autour d’un feu et tout est merveilleux. L’ensemble joueurs/organisateurs/sponsors repose sur une concordance d’intérêts. Et une volonté commune et manifeste : « brasser du blé ». Point barre.
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Publié le mercredi 25 avril 2012 à 20:00