AccueilLe blog de la rédac'New York, De Niro, Djokovic et le seigneur Federer

New York, De Niro, Djokovic et le seigneur Federer

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Notre rétro de l’année 2011 à WLT/GrandChelem, c’est un pano­rama de nos coups de cœur, mais aussi de nos coups de blues. Les diffé­rents membres de la Rédaction ont aimé et moins aimé des choses, cette année. Aujourd’hui, halte sur un coup de blues, avec une certaine grimace qui n’est pas très bien passée chez nous…

Les spécia­listes y ont vu un symbole, les fans du Serbe ont applaudi des deux mains. Moi, j’ai juste essayé de comprendre le pour­quoi et, surtout, le comment de ce qui reste un vrai moment‐clef de la saison 2011.

La scène a fait le tour du monde et le tour du web. Cinquième set. 5–3, 40–15. Djokovic attend la première balle de Federer, il est acculé, dominé. Comme sait si bien le faire Robert De Niro, le numéro un mondial sort une grimace unique, qu’il répète en secouant la tête, et inter­pelle du regard le public new‐yorkais tout acquis à la cause du Suisse. A ce moment précis, Nole sait que le match ne pourra plus basculer et, dans toute son arro­gance de cham­pion, il explique par ces mimiques qu’il saura s’en rappeler le moment venu. Et puis, par hasard, par chance ou par classe, c’est au choix, Novak balance un missile qui touche la ligne. Rodgeur est à trois mètres. L’ambiance devient alors élec­trique et, comme le Serbe est un malin et un fin mani­pu­la­teur, pour qui parvenir à l’ob­jectif prime avant tout, quels que soient les moyens, le voilà qui lève les bras, inter­roge la foule, fait un show au pays du one‐man‐show. Bien sûr, le feu prend vite et la liesse aussi. En face, Roger est un seigneur ; il baisse la tête et tente de rester dans sa bulle. Plus tard, en confé­rence de presse, il aura l’au­dace ou la sagesse d’ex­pli­quer qu’il n’avait rien vu du ménage serbe. On n’y croit pas…

Sur le court, Djoko rentre en transe. Il efface la deuxième balle de match, empile les coups gagnants, installe le doute chez son adver­saire et vole vers la victoire. On est loin du doigt levé par Roger sur l’ocre de la porte d’Auteuil et, à vrai dire, on est un peu abasourdi par un tel retour­ne­ment de situa­tion. Mais ça colle bien avec l’US Open, grande foire du tennis mondial où, quoi qu’on dise, tout est permis. Ca colle bien avec l’image de Novak, prêt à tout et souvent border­line, comme le montre cette photo postée sur Facebook qui voit Tipsarevic pointer une arme à feu sur lui, le tout légendé d’un « How much would Rafa give… »* Faut‐il y voir deux idées du tennis ? Celle de Roger Federer, au fair‐play reconnu, à la gestuelle aérienne, face au tennis du 21ème siècle où seul compte le résultat et une certaine forme de cynisme ? Je n’irai pas jusque‐là, mais force est de constater que le clan Djokovic est un monde à part, un peu sans foi, ni loi.
Certes, résumer la saison de Nole à ce coup de bluff est un exer­cice un peu facile, je le recon­nais, sauf quand on y ajoute une propen­sion à aban­donner ou lâcher prise en quelques moments de la saison. On ne peut nier que 2011 a été celle de son avène­ment ; on sera donc très attentif à son parcours en 2012, si jamais la défaite rede­vient un peu plus son pain quoti­dien. Quant à Roger, on lui souhaite simple­ment de clore les débats, de faire taire les scep­tiques, d’ajouter un titre supplé­men­taire à sa collec­tion de Grands Chelems, de conti­nuer à avancer en coup droit et de nous permettre encore d’ap­pré­cier sa tech­nique d’un autre âge, son timing légen­daire et son jeu de jambes de danseuse étoile.

*« How much would Rafa give… » : « Combien Rafael Nadal serait prêt à débourser pour pouvoir appuyer sur la gâchette »

Le livre « Grand Chelem, mon amour » est dispo­nible. Retrouvez les 40 matches de légendes de la décennie 2001–2011. Un livre de la rédac­tion de GrandChelem/Welovetennis.