Pour fêter son 8ème sacre en Grand Chelem, Rafael Nadal n’a pas trouvé mieux que de faire une roulade dans l’herbe, un geste symbolique, presque un aveu. Ce champion n’est vraiment pas comme les autres, et il n’a pas fini de nous étonner.
On a tous dans notre enfance eu l’envie de se rouler dans l’herbe, de se laisser glisser, de se sentir au contact de la nature. On ne saura pas si Rafa a cherché tout cela. Mais ce que l’on peut dire, c’est que le numéro 1 est un grand enfant, et que de son enfance comme d’un amour, au fil du temps, on ne retient que le meilleur. « Je crois que, inconsciemment ou pas, on s’est tous arrêtés quelque part dans notre vie à un âge que l’on a choisi ». Ce n’est pas un philosophe qui dit ça mais Sophie Marceau, dans une interview donnée au Figaro Magazine. Pour cette actrice c’était à douze ans : « J’avais une bande de super‐copains, j’avais l’impression d’être indépendante ; d’échapper au statut de l’enfant qui, à la maison, n’a rien à dire ou rien le droit de dire. J’étais amoureuse, mais cela n’impliquait rien vraiment, je trouvais mes parents formidables. J’étais bien dans ma vie, bien dans ma tête. C’était juste avant de prendre conscience que l’on doit devenir adulte ». Et si notre enfance était le catalyseur de notre vie, notre ambition, notre « performance » ?
De Rafael Nadal, on sait que son enfance a été limpide, heureuse, bercée de soleil et de plage. Entouré par une famille aimante, entraîné par son oncle, Rafael a constamment appris son métier de joueur de tennis dans un environnement positif, quelques fois léger, et surtout espagnol. A ce sujet, l’on peut simplement noter que lorsque l’on est dans une zone presse à Roland Garros, seuls les joueurs espagnols ont ce rapport très franc avec les médias, on dirait qu’ils habitent dans une autre planète, que si pression il y a, ils n’oublient jamais qu’il s’agit de sport, de technique, de physique, et non de politique. Fermons la parenthèse pour revenir à Rafalito. Avec aujourd’hui 8 titres, soit la moitié de Roger Federer à seulement 24 ans, l’Espagnol affole les compteurs. Mais les titres ne seraient rien sans ce supplément d’âme, sans cette gifle incroyable en coup droit, sans ce cri à chaque frappe, sans ces sauts de cabri et sans ces yeux apeurés puis vengeurs. Rafa est un enfant, Rafa est un adulte, il puise dans chaque sphère le meilleur pour nous le restituer avec un joie incommensurable.
Ce dimanche, Berdych ne pouvait pas gagner, c’était tout simplement impossible. Impossible car le Tchèque n’a sûrement pas eu l’enfance de Rafa, et que son ambition n’est pas la même. Celle de l’Ibérique a semble‐t‐il changé depuis quelques mois. Le divorce de ses parents digéré, les blessures acceptées et maintenant gérées, le gamin n’a vraisemblablement qu’un seul objectif en tête : devenir le plus grand joueur de l’histoire de ce sport. Pour y parvenir il ne brûle pas les étapes et surtout reste discret. Sa prochaine étape est de s’imposer à l’US Open, seul titre majeur qui manque à son palmarès. Car aujourd’hui, l’enfant de Manacor a décroché tout l’or possible, l’olympique, celui de la terre battue, du gazon, et enfin le plus éloigné, l’or du soleil austral.
Bref, un dimanche avec Rafael Nadal c’est un dimanche d’émotions, un retour dans sa propre enfance. Ce 4 Juillet cela s’est terminé par une roulade dans l’herbe. La prochaine fois, le numéro 1 mondial devra trouver une nouvelle figure sur le ciment de New York. Et nous, comme d’habitude, on sera là pour vivre ce moment, et lui prendre un petit peu de son énergie, un champion c’est tout ça et bien d’autres choses encore !
Publié le lundi 5 juillet 2010 à 13:30