C’est devenu un sport national et dans les tribunes aujourd’hui on ne voyait presque ça. A Wimbledon, les fameuses perches à Selfie ont été interdites, à Roland Garros, on hésite depuis l’incident de ce jour à mettre des grillages de sécurité (rires). Alors Selfie or not Selfie ? Et surtout le Roi Fed en a‑t‐il fait un peu trop ?
On ne touche pas à l’icône, il est sacré, pas encore en bronze, mais presque. Alors quand sa majesté estime avoir été atteint dans son intégrité, il se lâche et derrière c’est la grande cavalerie. Les téléscripteurs s’affolent et la direction du tournoi prenant conscience du seïsme essaye tant bien que mal de colmater la brèche pour éviter l’affolement alors même que le débat interminable du nouveau Roland Garros fait déjà tâche dans une communication qui se veut bien huilée.
Avec un accent impeccable Gilbert Ysern fait donc amende honorable, reconnaît qu’il y a eu négligence de la part du service d’ordre. Les journalistes américains sont aux anges, il y en a même un qui évoque sans cynisme les sinistres attentats du début de l’année. On croit rêver. Puis, un autre, un francophone prend la parole et demande logiquement : « Si cela était arrivé à un Fabien Pelous sur une pelouse par exemple, ou à Contador sur le tour de France, est‐ce que finalement l’incident ne serait‐il pas passé inaperçu, donc ma question est simple : est‐ce que Roger Federer n’en fait pas trop ?
« Trop, non pas du tout, c’est tout à fait compréhensible qu’il s’exprime, j’aurais réagi de la même façon je pense ». Le débat n’aura donc pas lieu, et ce n’est surtout pas le moment de critiquer le plus grand joueur de tous les temps. Suit logiquement un flot de questions sur le nombre de personnes du service de l’ordre présent autour d’un court, des mesures qui vont être prises, etc etc, bref, on tourne un rond, on évoque le jeune homme qui a été identifié, on nage dans une petite hystérie sécuritaire.
Quelques heures plus tard, Jo qui vient de remporter son premier tour est logiquement interrogé sur l’incident. Il fait la moue, il n’est visiblement pas au courant.
« Est‐ce que le jeune homme a été menaçant ? »
« Non » lui répond le journaliste
« Alors pas besoin d’en dire plus«
Jo a vraiment changé, c’est maintenant une certitude. Plus de danse de pouces, et visiblement beaucoup de lucidité. Merci à lui.
Publié le dimanche 24 mai 2015 à 22:24