Pas vraiment coqueluche du tennis français, Marion Bartoli se sent comme chez elle aux Etats‐Unis. Victorieuse à Stanford après un parcours remarquable, la Française continue d’affirmer ses prétentions pour l’été sur ciment, qu’elle foule avec la volonté d’atteindre les sommets.
Même si nous sommes à plus de trois semaines de l’US Open, il est bon de rappeler qu’un succès ne se construit pas du jour au lendemain. Ainsi, Marion Bartoli a posé la première pierre de son été américain. Victorieuse à Stanford après avoir battu Jelena Jankovic, en sauvant deux balles de match, et Venus Williams en finale, la Française a décroché en Californie un grand succès. Un de ceux dont elle courait après depuis un moment. « C’est le plus beau de ma carrière. Il y avait eu pour moi un avant et un après Wimbledon 2007, il y aura désormais un avant et un après Stanford 2009. » Et dans l’immédiat, c’est l’US Open Series, c’est l’US Open.
Gagnante en juniors en 2001 contre Svetlana Kuznetsova, présente au 3ème tour en sortant des qualifications après avoir éliminé Aranxa Sanchez en 2002, huitième de finaliste en 2007 et 2008, la numéro 1 française se sent bien à New‐York. Parfois incomprise en France où son ambition déclarée n’est pas acceptée par tout le monde, Marion se place idéalement pour arriver fin prête dans la folie du USTA Billie Jean King National Tennis Center, son « tournoi préféré. » Alors annoncer qu’elle peut « être top 5 », c’est affirmer sa volonté de progresser, et montrer la confiance qui règne en elle.
L’autre ambition de l’ancienne numéro 9 mondiale se trouve du côté du dernier Grand Chelem de l’année. « Cette année, je me contenterai d’un dernier carré. » Cet objectif pour l’US Open laisse transpirer la volonté de la Française d’aller plus haut, comme si disputer les demi‐finales de l’US Open n’était qu’une étape pour atteindre d’autres sommets. Une idée que Georges Goven, ex capitaine de l’équipe de France de Fed Cup, partage. « Avec ce qu’elle a produit à Stanford, un bon programme et la confiance emmagasinée, elle est largement capable d’atteindre le dernier carré. » Dans cette perspective, la Française a déclaré forfait à Los Angeles afin d’alléger son mois d’août et de rester « au top car ces tournois sur ciment sont très durs physiquement. »
L’autre étape pour Marion sera sa capacité de battre les sœurs Williams en Grand Chelem. Déjà victorieuse de Justine Hénin, de Jelena Jankovic, par deux fois, d’Elena Dementieva, dans les tournois majeurs, la Française devra passer encore l’étape supérieure des sœurs terribles, victorieuses de quatre des cinq derniers tournois du Grand Chelem. Tout le travail physique effectué par Marion et son entraîneur de père, Walter Bartoli, va dans ce sens. « Le problème pour une joueuse comme moi qui frappe à deux mains des deux côtés, c’est de compenser la perte d’allonge par un meilleur déplacement. Toute la difficulté est de trouver le bon équilibre entre l’endurance et la vitesse. Avant, j’améliorais l’un au détriment de l’autre. Manifestement, je suis sur la bonne voie. Je ne me souviens pas d’avoir couvert le terrain aussi bien que contre Venus. »
Il faudra réussir à tenir ce tennis et ce physique sur deux semaines pour justement tenir tête du début à la fin face à la puissance et la rapidité des meilleures joueuses. N’ayant pas peur du statut de fille à battre, voire à abattre, Marion n’est pas le genre à se contenter des places d’honneur ou des médailles en chocolat. Ce « dernier carré » à l’US Open aiguise son appétit, qui, en tennis, vient en mangeant.
Publié le mardi 4 août 2009 à 10:52