Voilà deux ans qu’on attendait ce choc. Deux ans qu’on se languissait de voir s’affronter les deux maitres du tennis actuel en finale d’un tournoi majeur. Depuis les sagas Roland Garros 2006 à 2008, le chef d’œuvre de Wimbledon 2008 et la bataille de Melbourne 2009, les deux compères se faussaient compagnie lors des grands évènements. Mais cette fois, c’est sûr. Le choc des titans aura bien lieu.
L’une des plus grandes rivalités de ce sport va connaitre un nouvel épisode ce soir à Londres. L’évènement est de taille, le titre prestigieux, la finale estimée… Le décor est parfait. Qu’en est‐il de l’état de forme des deux acteurs ?
Roger au firmament ?
Cette année, Roger n’a pas trainé. Quatre matches, quatre victoires, le tout en deux sets secs. Les Ferrer, Murray, Soderling et surtout Djokovic, soufflé par un Federer version gala, vous le confirmeront. Ce Roger‐là ne rigole pas. Les fautes faciles se font rares, les coups gagnants beaucoup moins. De décalages coups droits en petits chops vicieux, le Suisse installe son jeu, invariablement tourné vers l’attaque. Collé à sa ligne de fond, il ne lâche pas le moindre centimètre en défense, prend la balle tôt et parvient à retourner l’échange comme à ses plus belles heures. Quand, en plus, le revers fume comme face à Djokovic, la forteresse Federer devient quasi imprenable. « Roger est au sommet de son jeu » affirme carrément le Serbe. « Pour moi, il joue son meilleur tennis de la saison. Dans, ce match, il a tout bonnement été incroyable. Je suis déçu. Mais je dois simplement reconnaître que c’était lui le plus fort. » Le Federer intouchable d’autrefois nous serait‐il revenu ? Le test suprême face à Rafael Nadal sera riche d’enseignements. D’autant plus que l’Espagnol a également fait étalage cette semaine de ses plus grandes qualités.
Nadal peut‐il le faire ?
Bien que moins tranquille que celui de Federer, le parcours de Rafael Nadal n’en est pas moins impressionnant. Proche du point de rupture face à Roddick lundi ou Murray hier, l’Espagnol a parfois plié. Mais comme toujours, n’a jamais lâché. Les conditions, il ne cesse de le répéter, ne l’avantagent pas. Et pourtant, il est toujours là. Mieux, il se trouve en position de remporter l’un des rares titres qui manquent encore à son palmarès. « Quand vous jouez en indoor contre les meilleurs joueurs du monde, qui, pour la plupart d’entre eux, sont bien plus spécialistes que moi de ces conditions, si vous ne jouez pas super bien, c’est impossible. » Le numéro 1 mondial poursuit : « Vous pouvez être défensif par moments, mais il faut aussi attaquer. C’est obligatoire. C’est pour ces raisons que je l’affirme, ce tournoi est le plus dur à gagner pour moi. Je suis donc très content d’avoir battu un grand champion comme Murray, de jouer si bien et surtout d’être en finale. » Affûté, vif, bagarreur, bref fidèle à lui‐même, le Majorquin a tour à tour fait plier Roddick, Berdych, Djokovic et Murray. De quoi vous situer l’état de forme d’un homme qui, à priori, n’est pas à l’aise sur le revêtement… « Je crois que je n’ai jamais aussi bien joué sur cette surface » affirme Nadal. « En plus, je suis frais mentalement ».
Federer de retour au sommet, Nadal plus fort que jamais, le décor est planté. Pourtant, Roger Federer partirait avec un léger avantage. La surface, suffisamment rapide et au bas rebond, sied parfaitement à son jeu. Son dévastateur chop de revers gagne en efficacité, ses roublardes petites amorties aussi. S’il maintient cette volonté offensive avec autant de réussite que précédemment, le Suisse a toutes les armes pour s’imposer. Seulement en face, il y a Nadal. Toujours la même histoire ce lift de coup droit qui gicle sur ce revers à une main. Toujours le même problème ces défenses ahurissantes doublées de ces passings dévastateurs. Ces 14 défaites pour « seulement » 7 victoires le prouvent bien. Roger peine à trouver les solutions face à Rafa. Mais la perspective d’une nouvelle victoire au Masters, face à son rival historique, motivera le Suisse au plus haut point. En cas de succès, il dominerait pour la première fois Nadal dans une vraie finale qui compte depuis…Wimbledon 2007. Une éternité.
Publié le dimanche 28 novembre 2010 à 02:02