Andy Murray‐David Ferrer. C’est l’affiche de la deuxième demi‐finale de l’Open d’Australie. Une affiche… surprise, dira‐t‐on. A tel point qu’à l’issue du succès de Murray, en quarts, et avant le match Nadal‐Ferrer, pas une question sur le Valencian n’avait été posée à l’Ecossais. Toutes tournaient autour de sa probable demie contre Rafael Nadal. C’était sans compter l’ami David et les pépins de l’autre.
Une surprise, mais pas tant, vous diront les observateurs avertis. David Ferrer, après deux années compliquées en 2008 et 2009, s’est trouvé un nouveau souffle en 2010 : deux titres à Acapulco et Valence, des finales à Rome, Buenos Aires et Pékin, la qualification pour les Masters en prime… Mieux, en 2011, David ne lambine pas, puisqu’il a débuté par un trophée d’emblée, à Auckland. Son parcours à l’Open d’Australie s’inscrit en droite lignée de ces belles performances. En toute discrétion, comme toujours. Alors d’accord, il a bénéficié d’un tableau relativement favorable : Nieminen, Russell, Berankis, Raonic… Des adversaires, certes piégeurs, mais prenables, quand on a l’expérience et la solidité du numéro 7 mondial. Face à Nadal, en quarts, sa bonne étoile lui a encore souri ; mais ne réduisons pas, non plus, sa victoire à une défection physique du Majorquin. Son niveau de jeu était élevé et, ce, dès les premiers jeux, alors que les deux joueurs disputaient un vrai bras de fer. Andy Murray louait sa « constance ». C’est clair : dans le genre métronome, Ferrer est mieux réglé que certaines horloges suisses. Demain matin, il disputera sa deuxième demi‐finale de Grand Chelem, après l’US Open 2007. A l’époque, déjà, il avait battu Nadal, mais s’était incliné face à Djokovic.
Contre Andy Murray, la donne sera toute autre. Pourquoi ? L’adversaire est plus mûr que Novak 2007, le style de jeu n’a rien à voir et l’Ecossais semble en confiance à Melbourne. « Andy est un joueur différent de Rafa », explique Ferrer. « Je vais devoir être vraiment, vraiment concentré sur mon jeu. Mais aussi très bien retourner, car il a un excellent premier service. Ce sera décisif. » C’est vrai. Mais encore, sa première balle est loin d’être sa seule arme. Outre ses qualités tennistiques, à ce niveau, on ne peut ignorer le différentiel d’expérience entre ces deux joueurs. Andy Murray est membre du top 5 depuis bientôt trois ans. Il a, à son actif, deux finales de Grand Chelem. Dans les tournois majeurs, Andy Murray ne plie pas face à des adversaires de ce type, des travailleurs infatigables de fond de court, qui ramènent et ramènent encore, craignant plus les talents explosifs et parfois inconstants, ces Wawrinka ou ces Berdych.
Néanmoins, hors Grand Chelem, le bilan de leurs confrontations est assez éloquent. C’est David Ferrer qui mène, et 3–2 s’il vous plait. Mieux, ça fait 2–1, sur l’année 2010. Certes, des victoires en d’autres contextes. Mais l’Espagnol peut clairement y voir une source d’optimisme.
L’affiche n’est pas la plus sexy, mais gageons que le tennis sera de qualité. L’année dernière, à la même époque, c’était Marin Cilic qui barrait la route de ce Monsieur Murray. L’obstacle avait été dûment surmonté. Qu’en sera‐t‐il, cette fois‐ci, avec un adversaire d’un tout autre calibre ? Affaire à suivre demain matin.
Publié le jeudi 27 janvier 2011 à 19:17