AccueilOpen d'AustralieSerena Williams: "J'ai su rester positive"

Serena Williams : « J’ai su rester positive »

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Comment te sens tu ? Tu peux nous dire quelque chose à propos du match ?

C’est extra­or­di­naire. Je me sens comme si c’était arrivé, mais ça semble irréel, c’est vrai­ment cool. Je suis encore dans le moment.

C’était un match diffi­cile, menta­le­ment et physiquement ?

C’était effec­ti­ve­ment un match diffi­cile menta­le­ment et physi­que­ment. On avait vrai­ment l’im­pres­sion qu’on était toutes les deux là avec quelque chose à prouver. A l’ar­rivée je pense qu’on a réussi, l’une comme l’autre.

Tu n’as jamais perdu 15 points d’af­filés et gagné ensuite…

Vraiment ? En fait, j’ai perdu telle­ment de points d’af­filés que je me disais : ‘Mon Dieu, j’étais à 15–40 j’au­rais pu la breaker.’ J’ai perdu telle­ment de points. Je me suis dit : ‘Au moins j’ai gagné le premier set.’ Ca allait mieux. J’ai pensé : ‘Dieu merci j’ai gagné le premier set.’

Qu’est ce qui a changé pour toi, si quelque chose a changé, entre le second et le troi­sième set ?

J’ai su rester posi­tive, et j’ai eu telle­ment d’op­por­tu­nités dans le second set. J’en ai eu telle­ment et je n’ai pas su en profiter.
Alors dans le troi­sième set, je savais que j’au­rais encore des oppor­tu­nités, et qu’il fallait que je saisisse chaque chance, une par une.

Quand tu regardes le trophée main­te­nant, tu l’as recon­quis, qu’est ce que ça signifie pour toi ?

C’est cool. Je sais pas. C’est étrange parce que je me sens bien, comme les fois précé­dentes je suis sereine avec cette victoire. Je ne sais pas si ça me garantie la victoire pour l’année prochaine pour autant. Je ne sais pas vrai­ment comment je me sens.

C’est une sorte de rela­tion amour/haine. J’essaye juste d’ap­pré­cier le moment, et c’est un senti­ment très spécial que d’égaler Billie Jean King. Parce que au fond de moi je le voulais vrai­ment, mais j’en était loin.

Pourquoi est ce aussi impor­tant pour toi ?

Billie Jean est un de mes plus grand mentor. Elle a été ma coach en Fed Cup, ce qui était vrai­ment cool. On a passé de bons moments. Elle est même venue me voir avant le match. Elle est arrivée et elle m’a dit : ‘Comment tu te sens ?’ Elle regar­dait tous mes strap­pings, je n’avais pas encore fini de tous les mettre.

Elle assis­tait simple­ment à tout ce qu’il se passait. Elle me disait : ‘Woua, ça fait beau­coup de strap­pings !’ J’ai dit : ‘Oui.’ Mais ça allait.

Y’a t‑il eu un moment pendant le tournoi où tu a pensé que le destin était de ton côté et que tu allais brisé ta série des années impaires ?

Je n’ai pas du tout pensé à ça. Comme je l’ai dit ça m’al­lait très bien de gagner lors des années impaires. J’étais ok avec le fait de perdre aujourd’hui, ou en demie, parce que ça aurait signifié que j’au­rais gagné l’année prochaine.

Alors main­te­nant je ne sais pas. Je suis un peu stressée. Je me dis : ‘je ne sais pas si je vais gagner ou pas l’année prochaine.’

Tu as gagné ce trophée, mais qui t’as offert ce joli collier et ces boucles d’oreilles ?

Le collier est un cadeau d’un ami, et je me suis offert les boucles d’oreilles à moi même.

Tu peux nous en dire un peu plus à propos des strap­pings, quel était ton état, ils te proté­geaient quels endroits ?

Euh… par où commencer ? On a combien de temps ? Je me suis endom­magée un tendon (arrière du genou) à Sydney, j’étais très inquiète de ça. Mais après l’avoir strappé je me suis sentie beau­coup mieux.

Ensuite quelque chose s’est produit sur le côté de ma jambe, toujours à Sydney. Et même après avoir posé le strap­ping ça n’al­lait pas mieux, mais ça a aidé un peu. Et bien sûr je strappe mes chevilles par précaution.

Je pense que je me suis foulée la cheville lors du troi­sième tour, et je me suis fait mal au poignet en tombant face à Azarenka. Et quelque part dans cette période mes orteils ont commencé à me faire mal, donc …

Étais tu nerveuse en arri­vant ici, sachant que tu étais déjà blessée ?

Ca allait parce que je me disais, si je suis en bonne santé, j’ai une bonne chance. Je trou­vais que je me dépla­çais bien. Même si j’avais tous ces strap­pings, je trou­vais que je bougeais bien. Sincèrement je pense que les strap­pings m’ont beau­coup aidé.

Ca m’a aidé à me déplacer mieux et jouer comme je sais jouer à mon niveau habituel.

Ressentais tu la douleur en jouant ?

Oui, bien sûr. Mais je ne connais aucun athlète qui ne se retrouve jamais à jouer sur une douleur. Même Justine était strappée aujourd’hui. Li Na, aussi. Tout athlète, c’est le truc avec les athlètes, tu viens, tu joues ; tu ne joues pas toujours à 100% mais c’est ce qui rend la chose spéciale.

Avais tu discuté spéci­fi­que­ment des 12 titres avec Billie Jean ?

Non, on en avait pas parlé. Mais après le match, on a pris une photo. J’étais contente. Je lui ai dit : ‘Je t’ai égalé !’ C’était un honneur.

Comme je l’ai dit, c’était génial de l’égaler, mais ce qui m’en­thou­siasme le plus c’est ce qu’elle accompli hors des courts.

Penses tu que ta victoire d’au­jourd’hui aidera les gens à oublier les soucis que tu as eu à l’US Open ?

Je ne pense pas vrai­ment à ça. Que je gagne ou que je perde, je suis là. J’étais là en finale, et j’ai donné le meilleur de moi.

Jusqu’où penses tu que Justine puisse aller main­te­nant qu’elle est revenue sur le circuit ?

Je pense qu’elle peut aller vrai­ment loin. Comme vous avez pu le voir aujourd’hui, elle m’a emmené à un très haut niveau. Elle n’a clai­re­ment rien perdu de son jeu depuis qu’elle est partie.

C’était comme si je jouais une joueuse qui était sur le circuit depuis les cinq dernières années, sans interruption.

Tu seras surement dans un avion, mais que penses tu de la finale homme de demain ?

Je suis très impres­sionnée par Andy Murray. Aujourd’hui sur le court je me disais : ‘allez, joue comme Andy, joue comme Roger.’ Bien sûr ça n’est pas arrivé, mais je pensais à quel point il est bon, je veux dire, les coups qu’Andy frappe sont dingues. Il est telle­ment rapide.

Et Roger, il est incroyable. Il frappe ces coups droits comme … je veux dire, je ne pour­rais jamais jouer comme ça. Mais je pensais, si je peux jouer à moitié aussi bien que ça, alors je m’en sorti­rais bien.

J’aimerais beau­coup voir le match, parce que je pense que ça va être incroyable, un incroyable test, et un incroyable match.

Qui tu donne­rais vainqueur ?

Humm… Je choisis toujours le chal­lenger. D’un autre côté, j’en­cou­rage toujours le champion.

Mais j’aime bien Andy parce qu’il est adorable. Et j’ap­précie Roger, il est très gentil. Alors je ne sais pas.

C’est plus clair maintenant.

Exactement (rires)

Tu semblais très émue à la fin de la soirée. Tu as pensé grimper dans le box ?

Si vous avez bien regardé, j’ai voulu grimpé. J’ai sauté, mais mes muscles se sont téta­nisés et il n’y avait aucune chance pour que je puisse me hisser jusqu’en haut juste à la force de mes bras. Il n’y avait vrai­ment aucune chance. Je me suis dit : ‘ok, c’est une cause perdue.’

J’ai pensé à passer par l’in­té­rieur, prendre l’as­cen­seur et rejoindre la box, mais je n’au­rais pas pu.

Dieu merci la chaise était là, j’ai au moins pu grimper jusque là.

Tu as sauvé au moins 6 ou 7 balles de break avec ton service, soit sur aces, soit sur services gagnants. Tu penses que ton service à été la clef de ta victoire ce soir ?

Je pense que oui.

Les aces aussi ?

Je pense oui. Je ne crois pas avoir servi si bien. Mais je crois que quand ça a été néces­saire, alors j’ai vrai­ment bien servi. Spécialement dans le premier jeu, qui a duré 10 minutes je crois. Ce jeu était très impor­tant. J’ai fini par tenir. Elle a eu plusieurs balles de break. Et j’ai pu frapper quelques bombes au bon moment.

Peut être dans le troi­sième set j’étais menée. Je ne me souviens pas. Mais j’ai du lâcher quelques aces.

Tu étais menée 10 15–40 et tu as mis ton 8ème ace, un service gagnant, un autre service, et un 9ème ace.

Oui. Ca m’a défi­ni­ti­ve­ment aidé. En général, plus le match avance, plus mon service s’amé­liore. Donc quand on a entamé le troi­sième set, je me suis tout de suite dit : ‘ok, je vais commencer à mieux servir.’

Est ce que tu enten­dais du Green Day dans ta tête comme l’autre jour ?

Non, pas cette fois. Mais j’ai pensé qu’ils allaient être aux Grammys. Je me suis dit que peut être ils seraient à une fête après la céré­monie, et que je serais honorée de les rencon­trer. Je ne sais pas, j’adore Green Day. C’est un peu névrosé, mais ça me ressemble.

Est ce que le jeu de Justine est le même qu’a­vant qu’elle parte, ou est ce qu’il a changé ? As tu été surprise par quelque chose ?

Je pense que son jeu est meilleur. Je veux dire, il était excellent avant qu’elle parte. Mais je trouve qu’elle y a ajouté beaucoup.

Comme quoi en particulier ?

Elle attaque plus qu’a­vant, ce qui est toujours une bonne chose.

Des diffé­rences entre Kim et Justine ?

Hum, hmm. Je pense que je vais garder ça pour moi.

Est ce que tu as des billets en trop pour le Super Bowl ?

Oui, mais ils sont à vendre. Soyons sérieux, ce sont des billets à 10,000. Ce sont de très bons billets, en loge.

Vas tu célé­brer ta victoire ce soir ?

Hum, vous savez, je ne fais jamais vrai­ment de grosse célébrations…

Je n’y ai pas encore réfléchi. Je suis encore dans l’ins­tant. Donc je ne sais pas. Je pensais simple­ment trainer avec Venus, elle a été d’un grand soutien aujourd’hui. Je me souviens dans le troi­sième set, j’étais en diffi­culté, et je l’ai entendue crier ‘Allez Serena ! Ça va aller ! Maintenant, maintenant !’

Et sincè­re­ment, ça m’a tota­le­ment remo­tivée. Alors peut être qu’on regar­dera simple­ment un film ce soir.