C’est la surprise du jour : Maria Sharapova est éliminée de l’Open d’Australie. En demi‐finale, la Russe s’incline face à Na Li. Certes, il y a bourreau moins légitime. Mais le score laisse songeur : Maria n’a rien pu faire, écrasée 6–2 6–2. En conférence de presse, elle a démonté une par une toutes les excuses et raisons possibles d’une telle fessée, avancées par les journalistes.
« Na Li a vraiment joué un super match. » Ces premiers mots d’une Maria Sharapova vaincue, à l’issue de sa demi‐finale, balaie d’emblée la première hypothèse. Cette première hypothèse, c’est la suivante : la Russe s’est réveillée à côté de ses pompes, défaite tout simplement parce qu’elle a mal joué. Non, cette assertion, elle la refuse en grande partie. Et elle l’affirme : c’est son adversaire, la cause de sa déroute. Na Li confirme de son côté. « Après 20 ans de carrière, c’est la première fois que je joue un match aussi parfait. » Tout est dit, la Chinoise, « in the zone », a tiré à tout va, à pleine puissance et totale constance. Sa profondeur systématique a fait mouche. Alors bien sûr, en face, Sharapova n’a pas été autant à son aise que ces deux semaines passées. « Li a été certainement plus agressive que moi, elle a toujours dicté l’échange. De mon côté, j’étais toujours sur la défensive. Quand j’ai eu des occasions et des balles de break, elle est toujours revenue à égalité. Je n’ai pas su profiter de mes occasions. » Dans ces conditions, Maria le reconnaît : « Il n’y a aucune raison qu’elle ne soit pas en mesure de gagner le titre. »
Bon. Tant pis. Bien essayé. C’est Na Li qui a gagné et non Sharapova qui a perdu. Oui, mais on pense forcément à cette autre explication : par ses succès faciles lors de ses cinq précédents matches, la Russe s’est, en fait, tirée une balle dans le pied. Particulièrement épargnée par un tableau dégagé, elle n’a laissé que neuf jeux à ses adversaires dans sa route pour les demi‐finales. Des adversaires pas au niveau : Olga Puchkova, Misaki Doi, Kirsten Flipkens, Ekaterina Makarova et une vieillissante Venus Williams. Angelique Kerber, Marion Bartoli et Dominika Cibulkova, principales rivales de cette partie de tableau, ont toutes fait défaut la semaine dernière. Résultat : Maria n’a eu aucun véritable test avant ce gros match face à Na Li. « Je ne peux pas penser comme ça. » Là encore, la Russe refuse cette excuse facile. « Quand j’attaque un match, j’essaie toujours de gagner avec le score le plus favorable qui soit. C’est mon objectif. Si j’ai un gros test, je dois m’en sortir. Si j’y parviens, tant mieux. Mais si je gagne sur un score sévère, au tour suivant, je veux faire strictement la même chose. C’est tout. » Un peu comme Roger Federer, qui déclarait, hier, préférer être à la place d’Andy Murray, qui n’a joué que des matches en trois manches, qu’à la sienne propre avant leur choc, demain.
Mais alors ? Si Na Li a gagné parce qu’elle a bien joué, si Sharapova n’a pas souffert de cette absence de test préalable… La pression ? La numéro deux mondiale pourrait avoir subi le poids d’un enjeu important. En cas de victoire sur la Chinoise, elle aurait ravi le leadership du circuit WTA à Victoria Azarenka. Elle se serait offerte une revanche de la finale 2012, qui l’avait vue battue par la même Biélorusse. Elle était confrontée à son premier gros match depuis le Masters, fin octobre, n’ayant pas disputé de compétitions officielles avant cet Open d’Australie. « Je jouais pour gagner le tournoi », reconnaît‐elle. Oui, mais non… « Elle a vraiment joué un super tennis aujourd’hui », insiste Maria. « Je ne connais pas son classement, mais elle est en finale d’un Grand Chelem. Evidemment, on regarde notre position. Plus on gagne de matches, plus on a des chances de devenir numéro un. J’ai perdu celui‐ci, c’est comme ça. Je connais la défaite. J’ai été dans cette position avant et je m’en suis sortie. C’est dur, mais je n’ai pas peur de me remettre au travail. Bosser encore plus dur pour être un peu plus rapide et meilleure, pour être capable de saisir ma chance quand elle se présentera à nouveau. » Une réaction de championne.
Maria Sharapova ne se cache pas. Elle avance. Pas d’excuses, juste un hommage à la performance adverse. Une égale objectivité quant à la sienne et à son incapacité à concrétiser ses opportunités. Et la volonté de s’améliorer au quotidien. Une dernière explication pour la route ? La chaleur, Maria, t’a peut‐être perturbée… « Non, ça ne compte pas. Il fait le temps qu’il fait. J’ai grandi en Floride, je m’y entraîne encore. Je suis habituée aux grosses chaleurs. » Habituée à la chaleur, habituée aux défaites décevantes. Et aux grandes victoires, qu’elle s’offrira encore, n’en doutons pas, dans un avenir proche.
Publié le jeudi 24 janvier 2013 à 11:08