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Monsieur Didier Deschamps

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Le sélec­tion­neur de l’équipe de France est revenu pour GrandChelem sur sa passion du tennis mais surtout du padel qu’il pratique assi­du­ment. D’ailleurs, Didier Deschamps fait figure de pion­nier car il a tapé sa première balle de padel en 2009 du côté de l’Olympique de Marseille. Interview.

Est‐il vrai que vous avez joué au tennis assez tôt ?

En fait, j’ai commencé le tennis au centre de forma­tion de Nantes. Il y avait pas mal de courts, et c’est natu­rel­le­ment que je me suis laissé tenter. Je me suis vite pris au jeu car il m’arrivait de jouer plus de 6 heures par semaine. Par la suite, plus je progres­sais au foot­ball, plus les entraî­ne­ments étaient exigeants et physiques et moins j’avais de temps mais aussi d’énergie pour prati­quer le tennis. De plus, quand on veut réussir au foot­ball, il faut savoir faire des choix. Petit à petit, j’ai dû aban­donner le tennis et rester à 100 % concentré sur ma progres­sion en tant que joueur de foot­ball profes­sionnel. Et puis j’ai décou­vert le padel quand j’étais entraî­neur de l’Olympique de Marseille en 2009. Il y avait un court à Cassis, c’est un ami qui m’a initié, et c’est vrai que j’ai tout de suite adhéré. En fait pour être sincère, cela me rappelle aussi mon enfance au Pays basque où j’ai pratiqué la pelote avec le fameux trin­quet. L’idée de jouer avec un mur fait partie de mon ADN quelque part. Au padel, il y a le grillage, les vitres, il y a de vrais points communs au niveau des sensa­tions, il faut savoir anti­ciper, et aussi mettre en place sa stra­tégie. De plus, le padel, bien que physique, est quand même beau­coup moins exigeant que le tennis, cela me convient parfai­te­ment pour garder la forme.

Du coup, on imagine forcé­ment que vous devez aussi faire de la compétition…

J’ai dû faire un seul tournoi, en fait. Et à vrai dire même si je suis un compé­ti­teur, le padel reste une acti­vité de loisirs. L’autre incon­vé­nient est que les tour­nois de padel se jouent prin­ci­pa­le­ment le week‐end. Et le week‐end, pour un sélec­tion­neur, c’est un vrai temps fort. On visionne des matchs, on super­vise, on analyse. Le week‐end, c’est donc boulot boulot et c’est bien normal.

La Coupe du monde arrive début juin, cela vous laisse‐t‐il le temps d’aller à Roland‐Garros ?

J’aimerais bien (rires) mais j’aurai pas mal de travail à ce moment‐là. J’y suis allé trois fois, et c’est vrai que j’aime beau­coup cette ambiance de tournoi. C’est assez parti­cu­lier, presque en plein Paris. Après, je suis un privi­légié car je me suis aussi rendu souvent sur l’Open de Monte‐Carlo qui reste un vrai must avec son cadre unique et exceptionnel.

Y a‑t‐il dans le tennis, un joueur dont vous êtes parti­cu­liè­re­ment fan ?

Là, je ne vais pas vous étonner ou être très original en expli­quant que je suis admi­ratif de la carrière de Roger Federer. Ce qui est remar­quable chez lui, c’est cette exigence perma­nente, cette envie de toujours progresser, d’innover, et de se remettre en ques­tion. À ce niveau d’adversité, parvenir à construire un tel palmarès, c’est très impres­sion­nant. Dans un autre registre, j’aime l’opiniâtreté de Rafael Nadal. Ces deux cham­pions n’ont pas vrai­ment le même parcours. Rafa, malgré les bles­sures, trouve toujours la force de revenir, de combattre, c’est pour cela que c’est aussi un formi­dable exemple, un compé­ti­teur forcené. Il est certain que ces deux cham­pions sont inspi­rants quand on aime la perfor­mance au très haut niveau.

Pourriez‐vous vous impli­quer dans un projet padel, ou carré­ment donner du temps pour son développement ?

Si j’en avais, je le ferais, mais le poste de sélec­tion­neur reste ma prio­rité. En revanche, je suis heureux de constater que le padel grandit. Il y a cinq ans, on était des pion­niers et personne ne connais­sait ce sport. Maintenant, ce n’est plus le cas, il y a un vrai mouve­ment. Je sais aussi qu’en Espagne par exemple il y a des joueurs de foot­ball qui se sont impli­qués, j’ai aussi appris derniè­re­ment que Zlatan Ibrahimovic avait ouvert un centre en Suède. Tout cela va permettre au padel de se déve­lopper, mais aussi de conti­nuer à accroître sa noto­riété pour que le maximum de personnes puisse décou­vrir ce sport qui est fina­le­ment assez jeune.

Il se dit qu’il y a pas mal de joueurs de padel en équipe de France…

C’est la vérité, mais c’est plus une pratique esti­vale, de vacances. Un joueur profes­sionnel a une vie bien remplie, il doit aussi respecter des zones de repos indis­pen­sables pour être perfor­mant. J’ai effec­ti­ve­ment croisé Olivier Giroud sur un court, mais je sais qu’il y en a d’autres, cela ne m’étonne pas.

On sent que le padel est ancré en vous…

Évidemment. En plus, je fais main­te­nant figure de précur­seur car j’ai tapé mes premières balles en 2009, ce n’est pas rien. À l’époque, on était un peu vu comme des farfelus. Aujourd’hui, jouer au padel n’est plus exotique, et j’ai envie de dire tant mieux. Cela va être inté­res­sant de voir jusqu’où ce sport va pouvoir se développer.

Crédit photo : Franck Binisti (Padel Magazine)