AccueilFederer : "J'ai raté quelques occasion"

Federer : « J’ai raté quelques occasion »

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Roger n’a pas réitéré un match aussi plein qu’en demi‐finales contre Novak Djokovic, il doit se contenter du plateau comme lot de conso­la­tion. Une maigre conso­la­tion pour le Suisse qui est apparu très ému à son entrée dans la salle d’interview…

5–2 dans le premier set, est‐ce un moment que vous n’ou­blierez jamais dans cette finale ?

Oui, c’est comme cela. Rafa est diffi­cile à jouer. Peut‐être que, lui, il a eu un peu plus de chance aujourd’hui, moi un peu moins de chance. Parfois, les balles étaient proches des lignes. C’était diffi­cile comme moment, mais j’ai saisi mes chances dans le match. Ensuite, je me suis dit qu’il y a eu ce petit arrêt pour la pluie. J’avais déjà engrangé un set. Malheureusement, après, au bout de deux sets, j’étais mené. Mais je suis revenu. Il commen­çait à se fati­guer au troi­sième set, et même au quatrième. J’aurais dû prendre mes chances plus tôt dans le quatrième set. 

Après cette amortie qui n’a pas marché dans le premier, vous avez été mené 6–2. Vous avez fait un retour dans le match, même si vous étiez mené à 4–2, deux fois, vous n’avez jamais laissé tomber. Même quand vous avez fait votre retour, le poids du premier set était trop lourd sur vos épaules, notam­ment lorsque le jeu était serré, ou avez‐vous toujours pensé : « Je peux faire mon retour » à ce moment à 4–2 ?

Bien sûr, lors­qu’on est mené 4–2, on pense à son retour, à retourner le match en sa faveur. Tout d’un coup, à 0–0, dans le quatrième set, on se dit que le match peut recom­mencer. Le rythme est de mon côté, la balance aussi. Cela peut arriver dans le tennis, d’un seul coup. Il aurait pu perdre le début du quatrième. J’aurais remporté le quatrième, je me serais senti renforcé au cinquième set. C’est ce qui s’est passé à Miami. Malheureusement, je n’ai pas été plus compé­titif dans le quatrième set. Rafa a bien joué. Il méri­tait de gagner aujourd’hui. 

Aujourd’hui, vous avez perdu. Mais vous êtes en finale de Grand Chelem, c’est positif, c’est un signe pour vous, non ? Pensez‐vous avoir retrouvé votre confiance ?

Oui, j’étais confiant depuis un an environ. J’ai perdu un peu de confiance pendant Roland Garros, l’année dernière, et à Wimbledon, mais j’étais aussi à Halle en finale. Je ne crois pas que je cher­chais à tout prix à reprendre confiance. Il faut arriver en finale des Grands Chelems, conti­nuer à bien jouer, se sentir mieux physi­que­ment. Depuis un bout de temps, c’est positif. Après le week‐end diffi­cile, je me suis senti bien. C’est positif. C’était un grand match avec Novak. J’étais content de cette victoire. C’était un bon match aujourd’hui. C’est pour­quoi je suis content du tournoi, même si vous êtes un peu déçu quand vous perdez une finale d’un Grand Chelem. 

Pendant le match, plusieurs fois vous l’avez dominé. Si vous aviez gardé ce niveau, vous auriez pu gagner ce match. Est‐ce un niveau de jeu qui est soute­nable, durable pour vous ou pour un autre joueur ? Pourquoi cela a fluctué ?

J’ai dû avoir des hauts et des bas, alors que Rafa était content de son jeu pendant tout le match. C’est toujours moi qui déci­dait, dicter le jeu, si je jouais bien, notam­ment, pour essayer de le battre. Si je ne jouais pas très bien, c’était à moi de rattraper, sinon il gagnait. Quand on se joue l’un et l’autre, c’est toujours comme cela. Nous ne sommes pas inquiets de jouer l’un contre l’autre, nous savons à quoi nous attendre.
Rafa a bien joué. Il a fait de longs échanges, de longues balles au premier set, pour rentrer dans le jeu. Au deuxième set, c’était diffi­cile, on a tous les deux joué à un haut niveau. J’étais plutôt content de la façon dont j’ai joué aujourd’hui. Je n’ai pas à me plaindre. J’ai perdu quelques occa­sions. Il y a toujours des occa­sions à saisir contre lui sur terre battue. Malheureusement, je n’ai pas toujours réussi, mais c’était un bon match. 

J’ai regardé jouer Rafa. Je me suis dit : s’il était boxeur, il refu­se­rait d’aller à terre. Il faut toujours tirer très fort contre lui, 1, 2, 3, 4 coups d’un coup. Est‐ce pour cela qu’il est diffi­cile à battre ?

Oui, c’est un des aspects. Peu importe. J’aime bien qu’il fasse coup droit, coup gauche, droite, gauche, revers, coup droit. Il commen­çait à se fati­guer dans le troi­sième set, au milieu du troi­sième set. Je me sentais bien, en pleine forme. Parfois, même si vous faites semblant d’être fatigué, je n’étais pas fatigué. C’est pour­quoi je suis content de la façon dont j’ai joué ce match. Il a bien joué au tennis jusqu’à la fin. J’ai loupé quelques occa­sions au début du quatrième set. Mais c’était un match en 4 sets diffi­cile pour moi. J’ai essayé de faire mon trou, mais je n’ai pas réussi, pendant le quatrième set, parce qu’il avait de bonnes longueurs de balles, notamment.
C’est vrai, je suis un peu frustré. 

Vous vous êtes senti comment pendant le tie‐break, dans le deuxième set ? Vous étiez plutôt fort à ce moment‐là. Tout d’un coup, cela n’a pas marché pour vous dans le tie‐break.

Oui, c’est vrai. Il y avait des chances à saisir. C’est ce qui s’est passé. Peut‐être que je n’ai pas pris les bonnes déci­sions à moment‐là. Je reve­nais de quasi­ment deux sets à zéro. Pendant le break, je n’ai peut‐être pas très bien servi. Mais on s’est ralenti, lui et moi, à cause de cet arrêt dû à la pluie. Après la pluie, on s’est dit : comment va‐t‐on ajuster, régler notre jeu ? Là, j’ai repris un peu mon jeu. Après le break, j’ai réussi à me reprendre un peu ; même si je n’ai pas gagné le deuxième set, j’ai gagné le troisième. 


Dans les 3 premiers sets, soit vous gagniez les points en faisant des gros coups, soit vous faisiez des fautes. Rafa essayait simple­ment de remettre les balles dans le court. Est‐ce ainsi que vous avez senti les choses sur le court aujourd’hui ?

Oui, un peu. En fait, j’es­sayais de faire le jeu moi‐même. J’essayais de le fati­guer, de le frus­trer, parfois en jouant plus rapi­de­ment, en chan­geant mon style de jeu. C’est aussi ce qu’il fait. Je préfère mélanger mes coups, les varier. Je pense qu’il est content d’être Rafa, je suis content d’être Roger. C’est pour­quoi on aime bien jouer l’un contre l’autre. 

Après cette victoire contre Novak et cette bonne perfor­mance, parce que vous vous êtes bien battu, pensez‐vous que, pour vous, la situa­tion a changé et que vous êtes prêt pour cette nouvelle chasse, la chasse de Wimbledon ?

Oui, bien sûr. Mon objectif est de gagner Wimbledon dans quelques semaines. C’est mon objectif numéro un dans cette saison. C’est là que cela a commencé, un peu comme en 2003. Il y avait aussi ce qui s’est passé en 2001. Je suis content de retourner là‐bas. J’ai dit à certaines personnes, après l’Open d’Australie, qu’il fallait attendre 6 mois, que rien n’était joué. Regardez, nous sommes encore en finale tous les deux. Maintenant, la discus­sion change, nous concer­nant lui et moi.
Les gens ne comprennent pas obli­ga­toi­re­ment comment il a gagné aujourd’hui à Roland Garros, étant donné qu’il a très mal débuté le tournoi. Mais c’est un grand cham­pion, sur terre battue notamment.

Rafa est à 10 grands chelems. Il arrive à cette marque un peu plus jeune que lorsque vous avez atteint cette marque. Ce n’est pas 16, mais avez‐vous l’im­pres­sion qu’il s’ap­proche dans le miroir derrière vous, dans le rétro­vi­seur ? Entre 20 et 30, on ne sait pas.

On s’en fout ! C’est à la fin que cela compte. Une fois fini, tu ne peux plus rien faire et tu es fier de ce que tu as accompli. Je suis content qu’il gagne des Grands Chelems, qu’il prouve aux gens qu’il sait encore jouer au tennis. Je suis content pour lui. Pour moi, c’est déce­vant. Mais c’était un bon tournoi pour moi aussi. Dix Grands Chelems, c’est beau­coup, il le sait, je le sais. C’est très bien pour lui. 

Sur la finale d’au­jourd’hui, avez‐vous des regrets. Si oui, lesquels ?

Des occa­sions ratées. Mais c’est normal. Chaque fois que je sors d’un match contre Rafa en l’ayant perdu, j’ai eu mes occa­sions. Il ne sert pas à 220. Il y a une occa­sion, il a fait un ace. J’ai beau­coup de balles de break, d’op­por­tu­nités pour frapper la balle. Et l’on finit par perdre l’échange. C’est comme cela que Rafa doit gagner ses points. Je ne suis pas trop triste parce que j’ai fait mon match. J’étais prêt à le gagner. Je suis déçu, mais ça va. 

Mentalement, cette finale a‑t‐elle été plus facile à aborder que les 3 autres ?

Je ne sais pas. Peut‐être un tout petit peu. Je pense que, année après année, il s’est prouvé très fort sur cette surface. Je ne sais pas. L’année où il me domine en finale ici, je savais que peut‐être que je ne jouais pas assez bien. Il était telle­ment incroyable à ce moment‐là que le match a mal débuté pour moi aussi. Je sentais que cela allait être diffi­cile. C’était ma troi­sième année d’af­filée à jouer Rafa en demi‐finale, puis encore une finale. Je suis entré dans ce match avec une distrac­tion à cause de ces résul­tats. Aujourd’hui, j’étais confiant, j’étais bien. Je savais que cela allait être très, très diffi­cile. Cela a été prouvé aujourd’hui. J’étais tout près pour finir, c’était très bien aujourd’hui. Le début de match était intense, comme contre Novak. Contre Rafa, les échanges sont durs. J’ai bien tenu. Je suis content quand même. 


Quel que soit le résultat ou la tactique, il semble que physi­que­ment vous soyez au top. Avez‐vous changé quelque chose dans votre prépa­ra­tion, tvotre manière d’aborder le tournoi sur terre et bientôt Wimbledon ?

Non, pas vrai­ment. J’ai joué assez de matchs. Comme je l’ai dit, j’étais fatigué après Rome. Ce n’est pas le match contre Gasquet qui m’a épuisé, mais je me suis beau­coup entraîné après Monte‐Carlo. J’ai décidé de jouer Monte‐Carlo parce que j’étais en forme. J’ai beau­coup joué de Dubaï jusqu’à Rome. Je n’ai pas pris une grande pause comme après Miami. J’ai pris presque 10 jours de congé par le passé. Cette année, je ne voulais pas faire cela. J’étais très fatigué à la fin de Madrid et pendant Rome. J’espérais m’en­traîner ici. Pour finir, j’étais telle­ment épuisé que je me suis juste entraîné ce qu’il faut. C’est pour cela que le début de tournoi était vrai­ment impor­tant. Tout au début, je ne pensais pas que j’al­lais faire un chemin comme cela. Après deux matches, j’étais dedans, je me sentais mieux. Je n’en­ten­dais jamais le réveil le matin telle­ment j’étais fatigué. Au milieu de la première semaine, je sentais que j’étais sur un bon chemin, que je jouais bien, même si je savais cela. J’avais un respect de cette immense fatigue que j’ai ressentie une semaine après Rome. 

De votre envoyée spéciale à Roland Garros.