Exceptionnel pendant deux sets et demi, Benoit Paire a ensuite perdu le fil de son tennis en laissant passer de nombreuses occasions de boucler la rencontre. Le match est devenu fou et Pierre‐Hugues Herbert en a profité pour le pousser à disputer un cinquième set. L’Avignonnais a combattu ses démons internes pour finalement l’emporter 6–2, 6–2, 5–7, 6–7(6), 11–9 après 4h34 de jeu. Le Tricolore savoure cette qualification pour le troisième tour.
Benoit, quel match…
J’ai pris énormément de plaisir, partager de tels moments sur le court avec Pierre‐Hugues (Herbert)… Quand on était jeune, si on nous avait dit qu’on serait sur le Lenglen avec de telles ovations à jouer un cinquième set, on aurait signé tous les deux ! J’aurais aimé me faciliter la tâche en gagnant ce match en trois sets. Ça m’aurait fait du bien. Quand on se retrouve dans un cinquième, faut juste gagner et se battre. C’est ce que j’ai su faire aujourd’hui (lire ce mercredi). C’est une belle victoire et beaucoup de plaisir.
Pierre‐Hugues s’est beaucoup servi du public, alors que vous vous parliez à vous‐même…
On était tellement nombreux dans ma tête que je n’avais pas besoin d’aller chercher d’autres personnes (rire). Je me disais : calme‐toi, pense à toi, essaie de te dire que 6–2, 6–2, 3–1 ce n’est pas grave, même si je savais que c’était grave (rire). J’essayais de me concentrer pour ne pas péter les plombs, ce qui est très fort pour moi !
Vous vous êtes compliqué la tâche…
J’ai eu énormément d’occasions en servant deux fois pour le match. À chaque fois, je passe à côté de mes jeux. Lui, je sens qu’il est un peu diminué au milieu du troisième. Il se fait strapper et je me demande ce qu’il se passe. Je me rends compte que ça le relâche, il joue mieux et produit un très bon tennis au troisième et quatrième. Il a juste fallu s’accrocher, rester dans ma bulle et concentré. Ce n’était pas facile car me connaissant, dans ces moments‐là, j’ai plus envie de péter les plombs que de me dire qu’il faut continuer mais aujourd’hui (lire ce mercredi), j’ai su le faire.
Qui sont les gens dans votre tête ?
C’est celui qui me dit que je suis complètement « con » d’avoir laissé passer ma chance, celui qui me dit pourquoi je n’ai pas servi des premières à 5–4 (rire). Toutes ces questions, je me les pose. Certains arrivent à ne pas s’en poser, chez moi, le négatif revient toujours et je me bats à l’intérieur (rire). Je m’en sors et c’est là que je trouve que j’ai fait des efforts et des progrès. Quand je me fais breaker d’entrée au cinquième, je continue à me battre et y à croire. Je suis fier de ça.
Est‐ce un match qui peut compter dans votre carrière ?
Je me prouve au quotidien qu’il faut se battre et s’accrocher. Depuis un moment je suis en train de le faire. Quand je ne le fais pas, les résultats ne suivent pas, mon comportement n’est pas bon et que ce n’est pas ce que je veux faire dans le tennis. Tout est à l’endroit actuellement. J’ai gagné deux titres en cinq semaines (Marrakech et Lyon), je suis au troisième tour à Roland, j’arrive à m’en sortir sur un cinquième qui est, normalement, difficile pour moi. Ce n’est que du positif. Je vais essayer de bien récupérer pour continuer.
De votre envoyé spécial à Roland‐Garros
Publié le mercredi 29 mai 2019 à 22:19