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NADAL, LE GRAND DÉBAT
Par Theo Cavroy, mercredi 19 juin 2013 à 12:33
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Rafael Nadal sera tête de série numéro cinq au départ de Wimbledon lundi prochain. Ce qui signifie qu’il affrontera l’un des membres du Top 4 dès les quarts de finale. A défaut de mettre tout le monde d’accord, cette vérité fait jaser. Comme avant Roland Garros, quand on ne savait pas encore que Murray n’y participerait pas. On trouve d’un côté les puristes, tristes à l’idée de voir l’un des cadors du circuit sorti dès les quarts, de l’autre, les autres, qui n’y voient pas un changement radical.
C’est la p’tite polémique du moment. Rafael Nadal sera tête de série numéro cinq à Wimbledon. Et ? C’est vrai qu’on n’a pas l’habitude de se poser la question. Depuis qu’il est tête de série à Londres, c’est à dire depuis 2005, l’Espagnol ne s’est jamais retrouvé au‐delà de la tête de série numéro quatre. Aujourd’hui le voilà un rang en dessous, ce qui lui vaudra de défier l’un des quatre premiers en quart de finale. Et donc la possibilité d’être sorti dès ce stade de la compétition, ou encore de rendre la fin du tournoi beaucoup moins palpitante –ou plus ?- Alors que faire ? Changer la règle ? Certainement pas. Certains y songent pourtant. Et pas n’importe quel fan inconditionnel de Rafa prêt à tout pour favoriser son idole. Guy Forget, ex‐Capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis, ne serait sûrement pas contre. Avant Roland Garros, le problème se posait déjà. Forget avait alors lancé le débat :
« Oui, le tournoi de Roland‐Garros peut changer la règle. Le règlement stipule bien que les tournois du Grand Chelem peuvent modifier cet ordre. Ça ne me choquerait pas, ça ne serait pas illogique. Cela n’engage que moi, mais on verra bien. »
Oui mais voilà. Roland Garros est un tournoi, Wimbledon en est un autre. A Paris, le Majorquin est archi favori. Peu importe qu’il soit tête de série numéro quatre ou cinq, il n’est pas imprudent de miser sur sa victoire finale. A Londres en revanche, sur cette fameuse surface verte, il a beaucoup plus de concurrence.Djokovic est numéro un mondial. Federer, septuple vainqueur à Londres et expert sur gazon, a son titre à défendre. Quant à Andy Murray, spécialiste de la surface, il sera devant son public, bien déterminé à enfin remporter son titre du Grand Chelem, chez lui. D’autant qu’il vient d’y gagner le tournoi du Queen’s. Il sera donc en pleine confiance. Cela fait du beau monde que certains n’aimeraient pas voir partir dès les quarts, suspens oblige. C’est le cas de John Mc Enroe, inquiet, qui s’est exprimé à ce propos lors d’une conférence téléphonique accordée à la chaîne ESPN :
« À mon avis, il ne fait aucun doute que Nadal devrait être dans les quatre premiers, Je ne sais pas comment ils font exactement, apparemment, il y a une sorte de formule, mais il est évident qu’il devrait être l’une des quatre premières têtes de série. Si Nadal a joué Djokovic en quarts, ou éventuellement Murray ou Federer, il y aurait une grande différence, et ce serait une erreur, à mon avis. » (NDLR : cette déclaration est intervenue avant l’annonce officielle des têtes de série).
Etrangement, la controverse n’a pas l’air d’affoler plus que ça les principaux intéressés. Ceux directement mis en danger par le classement de Nadal, les quatre premiers joueurs mondiaux. Devant les micros de la BBC, Andy Murray, le Britannique numéro deux mondial, n’est pas emballé par le règlement… mais ne serait pas contre le fait de jouer Rafa en quart de finale à Londres :
« C’est dur parce qu’il est meilleur que ça. C’est malheureusement la façon dont notre système de classement marche. Il s’agit d’un classement sur un an, alors que dans le golf par exemple, il s’agit d’un classement de deux ans. Même si l’un des meilleurs joueurs se blesse, il peut encore conserver son classement. Au tennis, si vous manquez quatre ou cinq mois, il est presque impossible de maintenir votre rang. Je sais qu’il y aura beaucoup d’intérêt à propos du tirage au sort de Wimbledon cette année. Avec Rafael Nadal tête de série numéro 5… Mais en tant que joueur, on ne peut pas trop être obsédé par le tableau. Je signerai pour un quart de final contre Rafa demain si quelqu’un me demandait de choisir demain. On pourrait se dire que si je passe ce match, la demie sera plus facile ».
A l’écoute de la question, Roger Federer, troisième au classement ATP et principal rival de l’Espagnol ces dernières années, semble quelque peu irrité :
« Qu’est‐ce que vous voulez que je vous dise ? C’était le même débat avant Roland Garros. Et, au final, il avait été tête de série numéro quatre. Moi, je me demandais pourquoi il y avait de telles discussions… Ferrer a joué de manière très solide ces derniers 365 jours. Qu’est‐ce que vous allez dire ? Rafa, lui, n’a pas beaucoup joué. C’est ainsi que fonctionne le classement. Mais, dans un mois probablement, Rafa sera à nouveau numéro deux ou trois. Il va être patient. Evidemment, cette dynamique modifie un peu la perspective du tirage au sort, mais pas tant que ça je trouve. Les quarts de finale ne sont pas le premier tour. Ca reste loin dans le tournoi, si vous y pensez. ».
Chacun est libre de penser ce qu’il veut. Bien, pas bien, normal, pas normal… Mais ce qui est sûr, c’est que quelque soit son classement, n’importe quel joueur qui veut gagner Wimbledon et les autres tournois du Grand Chelem, doit battre tous les joueurs présents dans sa partie de tableau. Jusqu’à la finale. Qu’il s’appelle Rafael Nadal, Roger Federer ou Steve Johnson. Et peu importe son classement. C’est d’ailleurs ce qu’exprime très bien le numéro un Britannique, qui sera malgré tout l’un des favoris du Grand Chelem londonien :
« Pour remporter le plus gros des tournois, il faut battre les meilleurs. Peu importe où ils sont placés dans le tableau. »
- La rétro WLT est organisée en partenariat avec « Rafa, mon amour », le livre tennis événement sur Rafael Nadal, et l’ensemble de la collection We Love Tennis des éditions Flora Consulting.
Publié le lundi 23 décembre 2013 à 12:00