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Le prince Juan Martin Del Potro

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Juan Martin Del Potro a gagné son premier tournoi du Grand Chelem à l’US Open, en battant Roger Federer, 3–6, 7–6, 4–6, 7–6, 6–2, au bout de 4h06 de jeu. L’Argentin est passé à deux points de la défaite… Unique.

L’artiste Federer a sombré sous les coups du mili­taire Del Potro. L’Argentin a tenu puis a retourné la situa­tion pour faire craquer le Suisse dans la cinquième manche. Après un set et demi joué sur la pointe des pieds façon Lac des Cygnes, le numéro 1 mondial a dû ensuite s’arquebouter pour contrer Juan Martin Del Potro, mais ce ne fut pas suffi­sant. Le Suisse a mené 6–3, 5–3, maîtri­sant les opéra­tions avec quelques coups de génie sortis de son réper­toire, notam­ment côté coup droit.

Pendant 45 minutes, Federer a dominé tacti­que­ment son cadet. Il a joué au centre du court pour neutra­liser Del Potro, utilisé son slice avant toute sa science du jeu, et est venu conclure au filet avec une excep­tion­nelle réus­site. Mais, le quin­tuple tenant du titre a coincé au service et a permis à l’Argentin de défi­ni­ti­ve­ment s’installer dans le match. Il a sauvé la deuxième manche, brea­kant pour la première fois le Suisse à 5–4, avant de chaparder le jeu décisif, 7 points à 5 malgré quelques errances au filet. 

Complètement relancé, l’Argentin faisait alors jeu égal avec le numéro 1 mondial dans la troi­sième manche, et a même breaké son aîné pour mener 4–3 service à suivre. Seulement, Federer a repris sa marche en avant, atti­rant à nouveau les balles et montant à nouveau fréquem­ment au filet. À l’expérience, le Suisse repre­nait l’avantage, avant de voir son adver­saire complè­te­ment craquer à 5–4, offrant le set au Bâlois sur un smash facile et deux doubles fautes, 6–4.

Juan Martin Del Potro semblait avoir craqué, pleu­rant sur sa chaise après son dernier jeu catas­trophe. Cette petite crise de nerfs mettait l’Hispanique au bord du gouffre. Federer n’en profi­tait pas et manquait deux balles de break à 1–1. L’Argentin a alors retrouvé son tennis, et ses frappes de mule, mettant à mal Roger « Nijinski » Federer. Le danseur helvète cédait son service à 2–2, et Del Potro s’est envolé 4–2. L’homme en noir a alors ressorti ses jambes et sa pano­plie tech­nique. Il a recollé à 4–4 sur un échange joué à vitesse verti­gi­neuse aux quatre coins du court, en pous­sant son jeune adver­saire de bientôt 21 ans à la faute. 

Requinqué, le numéro 1 mondial a alors continué sa marche en avant, au propre comme au figuré, jouant des demi‐volées en fond de court, et montant à nouveau au filet, aiman­tant les missiles argen­tins. Au coude à coude, les deux joueurs ont ensuite atteint des sommets drama­tiques à 5–5. Federer a sauvé deux balles de break, la première sur un sauve­tage à moitié couché côté droit sur un retour canon de Del Potro, et l’autre effacée par la grâce d’un coup droit balancé dans les bâches par l’Argentin.

Le jeu décisif fut donc inéluc­table, Del Potro rede­vant intou­chable au service. Et quel jeu décisif ! Ouvert par une double faute de Federer, le tie‐break a été un sommet d’intensité. Mené 4 points à 2, le Suisse a chal­lengé le service de l’Argentin à retar­de­ment, après une annonce hési­ta­tion du juge de ligne. Remonté comme une pendule, le numéro 5 mondial a fina­le­ment glané le jeu décisif, 7 points à 4.

Sur la lancée, le fina­liste de Montréal a pris le service de « Darth Federer », pour mener 3–0 dans la cinquième manche au bout de 3h45 de jeu. L’Helvète souf­frait, surtout au service. Avec seule­ment 50% de premières balles, il était systé­ma­ti­que­ment mis sous pres­sion par le natif de Tandil, qui alignait les gammes des deux côtés, et ne ratait plus sur les slices de son adver­saire. La tension a monté de plusieurs crans, malgré cela, Juan Martin Del Potro a tenu. À 5–2, il a manqué deux balles de match, dont une sur un échange stra­to­sphé­rique. Mais la troi­sième fut le symbole du match, l’Argentin qui a poussé le Suisse au bout de sa défense, une de trop, dans un revers qui s’évada.

En défense pendant trois heures, auteur de 11 doubles fautes, et de 5 balles conver­ties de match sur 22, Federer n’aura pas su contenir la (sur)puissance de Del Potro, presque surhu­maine. Nous avons assisté à la nais­sance d’un grand joueur, qui a battu le quin­tuple tenant du titre. Le roi Federer a vécu la nais­sance d’un nouveau prince du tennis mondial.