AccueilUS OpenRoger Federer : "Si j'avais remporté le 2ème set, j'allais au bout"

Roger Federer : « Si j’avais remporté le 2ème set, j’al­lais au bout »

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Roger Federer est longue­ment revenu sur sa défaite en finale de l’US Open face à Juan Martin Del Potro 6367 6476 62. Il a égale­ment évoqué son état d’es­prit au lende­main de cette décep­tion, mais égale­ment ses objec­tifs de fin de saison.

Cela faisait long­temps que vous n’étiez pas venu dans cette salle d’in­ter­view en tant que fina­liste malheu­reux. Parlez‐nous de votre expé­rience d’hier soir et la manière dont Juan Martin a joué.

ROGER FEDERER : Je pense que c’était un match diffi­cile, et ce dès les tout premiers échanges. Même le premier set était très serré. On devait aussi tout les deux s’ha­bi­tuer aux condi­tions. Ce n’était pas évident de commencer vers les 16 heures parce l’ombre tombait, la lumière changeait…etc.
J’ai très bien commencé cette finale, et je pense que je contrô­lais les choses, aussi bien dans le premier que dans le deuxième set. Je crois d’ailleurs que c’est cette deuxième manche qui m’a coûté le match. Mais bon, j’ai aussi eu plein d’oc­ca­sions de faire la diffé­rence avant…

Je pense aussi que Juan Martin a très bien joué. Il s’est accroché tout le long et s’est donné des chances. Et à la fin il était meilleur que moi.

Est‐ce vrai­ment une énorme décep­tion de ne pas remporter ce sixième titre d’affilée ?

Cinq titres, c’était déjà génial, quatre aussi. Six, ça aurait été un rêve. On ne peut pas tous les réaliser. J’ai eu un été extra­or­di­naire, et ici j’ai fait un bon parcours. Je ne suis pas trop déçu parce que je consi­dère que j’ai à nouveau disputé un magni­fique tournoi. J’ai eu des chances de gagner aujourd’hui, mais je n’ai pas su les saisir. C’est dommage.

Que s’est‐il passé dans ce cinquième set ? Les trois premiers jeux notamment ?

Il a servi deux fois, et gagné ses deux jeux de service. Je me suis fait breaker. Ca fait 3–0 pour lui. C’est aussi simple que cela. 

Est‐ce qu’il vous a proposé quelque chose de complè­te­ment diffé­rent aujourd’hui par rapport à vos précé­dents affrontements ?

Il n’a pas tout changé, mais un certain nombre de choses. Je pense simple­ment qu’il a été plus constant sur l’en­semble du match. Mais sinon, il a en gros joué de la même manière que précédemment. 

Est‐ce que vous pouvez vous replonger cinq ans en arrière et essayer de nous dire ce qu’il a ressenti quand il s’est effondré sur le court après la balle de match ?

Et bien, je vais comparer cela à mon premier Wimbledon. Je crois que le premier Grand Chelem que vous gagnez, c’est toujours quelque chose de grand, d’énorme même. La meilleure sensa­tion de la terre après tout le travail que vous avez effectué pour en arriver là. Encore plus génial, quand cela vous arrive alors que vous êtes très jeune parce que c’est encore plus inat­tendu. C’est ce qui lui est arrivé aujourd’hui. Il s’était mis dans les meilleures dispo­si­tions pour l’emporter. Mais c’est génial pour lui. C’était sympa de le voir si heureux et ému de réaliser ce qu’il venait d’ac­com­plir. Je pense qu’il doit l’ap­pré­cier là son titre. Il l’a mérité. C’était un grand match pour lui.

Quel regard portez vous désor­mais sur vos résul­tats en Grand Chelem cette année ? Vous avez décroché deux titres pour quatre finales disputées.

Incroyable, incroyable parcours. Participer à toutes les finales de Grand Chelem de l’année et en gagner deux, en sachant que celles que je ne remporte pas, je les perds en cinq sets. Bien sûr que j’au­rais adorer gagner ces deux autres finales. Etre si près… Je crois que j’étais à deux points du match aujourd’hui. Mais c’est comme ça que ça se termine parfois.
Mais cette année a quand même été géniale, et ce n’est pas encore fini. Je me suis marié, j’ai eu des enfants. Je ne sais pas ce que je pour­rais demander de plus.

Tous les heureux évène­ments que vous avez vécus cette année vont‐ils vous aider à digérer, rela­ti­viser ce genre de défaites ?

Oui, je crois que cette défaite est assez facile à effacer parce que j’ai vécu l’été le plus extra­or­di­naire qui soit. Et puis j’ai tout essayé aujourd’hui. Cela n’a pas marché. J’ai manqué des occa­sions. Il a bien joué, et à la fin ça deve­nait dur, dans le cinquième set. C’est quand même accep­table comme défaite. Ce sont des choses qui arrivent. Mais la vie continue. Pas de problème.

Vous étiez en contrôle au début et puis le match a commencé à tourner. Y a‑t‐il eu un moment où vous vous êtes dit :”uh‑oh, je dois être un peu plus sérieux là, sinon les choses risquent de ne pas tourner en ma faveur” ?

Pas vrai­ment. Je pense que je le maîtri­sais dans les deux premiers sets. Je n’au­rais jamais dû manquer autant d’oc­ca­sions. C’est juste super dommage. Je pense que si je gagne ce deuxième set, je suis en excel­lente posi­tion pour aller au bout. Malheureusement, je n’ai pas su le faire. 

Diriez‐vous que cette défaite ressemble un peu à celle que vous avez encaissée en Australie contre Nadal ?

Je ne me rappelle plus très bien du match en Australie. J’ai mené deux sets à un ou c’est l’inverse ?

Vous étiez mené deux sets à un.

J’ai eu le senti­ment qu’au­jourd’hui, j’étais vrai­ment plus en contrôle. Vous savez, j’ai eu beau­coup plus d’oc­ca­sions dans cette finale là. C’est le genre de finales où j’ai le plus de regrets quand j’y repense quelques temps après. Mais bon, vous ne pouvez pas toutes les gagner, et tout le temps jouer votre meilleur tennis non plus. Il s’est très bien battu et accroché. A la fin, il était vrai­ment très fort. 

Avez‐vous été surpris qu’il parvienne à garder son calme et qu’il ne soit pas submergé par l’émo­tion pour sa première finale en Grand Chelem ?

Oui, un petit peu. C’est toujours une perfor­mance extra­or­di­naire de gagner son premier majeur pour sa première finale. Je voudrais souli­gner tout son mérite. Parce que ce n’est fran­che­ment pas facile de gagner sa première finale de Grand Chelem, surtout contre quel­qu’un comme moi qui a autant d’ex­pé­rience. Sa perfor­mance est fantas­tique. Je pensais qu’il aurait plus de hauts et de bas. C’est une donnée que j’au­rais dû utiliser pour faire la diffé­rence, mais je n’ai pas pu. A la fin, il était vrai­ment bon. 

Pourriez‐vous nous parler de son coup droit, le comparer aux autres coups droits sur le circuit ?

Et bien, il est diffé­rent. Je pense qu’il le frappe bien, notam­ment dans la diago­nale coup droit. Son coup droit décroisé est perfor­mant égale­ment, mais je pense qu’il y en a de meilleurs que le sien. Définitivement, il a un bon rythme et une bonne marge de sécu­rité en coup droit. Par moments il en tente des assez dingues. Il a aussi une très bonne tech­nique en revers. Non, il est vrai­ment solide. 

Et les autres bons coups droits du circuit ? Vous avez beau­coup parlé de celui de Gonzalez. Quels sont les autres très gros coups droits du circuit ?

Le sien est diffé­rent. Je ne sais pas si je pour­rais le mettre dans la même caté­gorie que ceux de Gonzalez, Blake et Nadal. Il a un très bon coup droit, mais je ne sais pas si c’est le meilleur du monde. Je ne le pense pas. Mais ça ne change rien. Il a gagné le match non ? Ca ne change rien, que vous ayez un bon coup droit ou un bon revers. 

Jusque là, Rafa était le seul à vous avoir battu en finale de Grand Chelem. Que pensez‐vous de ce nouveau nom qui entre dans cette liste ?

Il n’y a pas de problèmes là‐dessus. Il l’a mérité. Il a très bien joué. Je ne sais pas quoi rajouter. Avec Rafa, nous avons fait de belles finales, assez épiques même, depuis quelques années. Qui sait, peut‐être que Del Potro multi­pliera ce genre de perfor­mances à l’avenir. Je lui souhaite le meilleur pour le futur. 

C’est vrai­ment dur de perdre une finale de Grand Chelem, mais aujourd’hui vous n’avez pas trop montré vos senti­ments. Les dernières défaites en finale, c’était en Australie et à Wimbledon, et vous étiez apparu extrê­me­ment déçu.

Et bien parfois vous êtes très déçu, et parfois moins. Je ne peux pas appuyer sur un bouton. Je ne le veux pas d’ailleurs. Aujourd’hui ça va. Je suis fatigué, j’étais fatigué lors des autres finales aussi. Parfois elles vous marquent plus que d’autres.Je veux que ça reste naturel. 

Peut‐être qu’ici, avec toute la musique, le show, c’est diffé­rent. Ca ne m’a pas fait aussi mal qu’en Australie ou à Wimbledon. Quand ça devient super silen­cieux à la fin des grande finales, vous avez plein de choses qui vous traversent l’es­prit. Ici il y a de la musique, et donc vos pensées vont égale­ment vers la musique. Elles ne sont plus unique­ment fixées sur le match. Ce qui est une bonne chose, je pense. 

Quand vous prenez un peu de recul sur cette finale, est‐ce que vous pensez que cela va vous motiver encore plus, pour aller par exemple gagner en Australie en janvier ?

Il y a encore beau­coup de semaines entre l’US Open et l’Open d’Australie. Nous avons encore de gros tournoi à jouer d’ici là. Donc j’es­père que je pour­rais garder ce niveau parce que je joue vrai­ment bien au tennis en ce moment. J’ai accu­mulé beau­coup de confiance et je sens que je frappe bien la balle. Cette défaite n’en­lève rien à ce que j’ai accompli cette année. J’ai eu une magni­fique saison, en termes de résul­tats en Grand Chelem. A côté de ça, je suis aussi rede­venu numéro 1 mondial. J’espère que je pour­rais défendre et garder cette place jusqu’à la fin de l’année, et avec un peu de chance gagner la Masters Cup de Londres. D’ici là, j’es­père aussi que je pour­rais décro­cher d’autres titres, comme par exemple mon tournoi à domi­cile à Bâle. Nous verrons bien ce que ça donne.