AccueilUS OpenFederer, Djokovic et Murray : la pression monte... ou pas (1/2)

Federer, Djokovic et Murray : la pres­sion monte… ou pas (1÷2)

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La dernière levée du Grand Chelem débute dans quelques jours. Et, avec elle, son lot d’en­jeux. Petit coup d’oeil, en deux parties, sur ces derniers. Que doivent attendre Roger Federer, Novak Djokovic, Andy Murray, David Ferrer, Jo‐Wilfried Tsonga et Juan Martin Del Potro de l’exer­cice améri­cain ? Que peuvent‐ils espérer ? Et, surtout, quelle pres­sion auront‐ils sur les épaules ? Premiers éléments de réponses sur les trois leaders du clas­se­ment ATP.

Sur 10 : indice de pression.

Andy Murray, time crisis – 810

Andy, c’est l’un des tubes de cet été 2012. Un tube, pour un CD‐deux titres seule­ment. Deux titres, ou plutôt un, mais deux « tracks » : une finale à Wimbledon, des larmes, de l’émo­tion, un grand match et une cote de popu­la­rité en hausse ; une victoire aux Jeux Olympiques et un double chef d’oeuvre, avec l’en­chaî­ne­ment Djok‐hors d’oeuvre et un plat de Fede‐résistance. Rien à voir avec la musique, mais ce repas fut copieux et a placé, dès lors, Andy Murray en offi­cieuse posi­tion de co‐numéro deux… au top 50. Pour s’adouber Beatles de la British Tennis Popote, l’Ecossais doit perfer en Grand Chelem. Ivan Lendl avait perdu quatre finales avant de s’im­poser, enfin, dans cette caté­gorie. Andy Murray en est déjà à quatre défaites. C’est le moment. 

Car il va bien falloir qu’Andy, un jour, ouvre son comp­teur et réponde à toutes les attentes et espé­rances que ses fans placent en lui ; qu’il pose sur sa tête la couronne que tous lui prédisent, en cheva­lier adoubé avant même d’avoir batailles gagné. Roger Federer lui‐même affirme qu’il gagnera un tournoi du Grand Chelem. Oui, mais quand ? Et bien main­te­nant. Avec l’été qu’il a vécu, Andy Murray a toutes les cartes en main pour passer le cap. Sa colla­bo­ra­tion avec Ivan Lendl porte ses fruits : plus agressif, il est égale­ment plus constant dans la tête. Très adap­table, il faut partie de ces joueurs qui peuvent être bons dans n’im­porte quel compar­ti­ment du jeu, si tant qu’ils tiennent le coup physi­que­ment et menta­le­ment. De ces joueurs capables de gagner un titre majeur.

L’absence de Rafael Nadal pour­rait le propulser numéro trois mondial à l’issue de l’exer­cice améri­cain. C’est peut‐être anec­do­tique, mais si c’était accom­pagné d’une victoire majeure, nul doute que cela impli­que­rait le début d’un nouvel âge – Federer vieillit, Nadal, tout autant, mais son corps encore plus… A l’in­verse, que penser d’un scénario qui ne le verrait pas titiller ces sommets ? Ce serait la douche froide – ou la douche écos­saise. Ses trente Glorieuses se limi­te­raient à 30 jours. Lose collée aux fesses, il n’in­ci­te­rait plus à l’op­ti­misme quant à ses chances futures, sauf cas de de défaite singu­lière aux condi­tions parti­cu­lières. Quant à une défaite en finale… On n’ose y penser. Il entre­rait dans la légende du tennis. Par la mauvaise porte. Non, il n’y a rien à faire, pour Andy, c’est main­te­nant que ça joue. 

Novak Djokovic, time to wait‐ 610

« J’ai fait une bien meilleure saison sur dur que ce à quoi je m’at­ten­dais après les Jeux Olympiques. Je n’ai perdu qu’un match en deux semaines, dans deux tour­nois de caté­gorie Master 1000. C’est une très bonne perfor­mance. » Ainsi se conso­lait Novak Djokovic après sa défaite en finale de Cincinnati, face à Roger Federer. Djokovic qui se satis­fait d’une défaite… Une situa­tion qu’on avait oublié après son année 2011 extra­or­di­naire. Mais 2012, pour lui, marque une certaine forme de désen­chan­te­ment. Certes, il y a ce titre à l’Open d’Australie. Certes, cette finale à Roland Garros. Mais Nadal, Federer et Murray le battent à nouveau. Et il doit, en plus, se méfier des Del Potro et consorts, toujours à l’affût d’un gros coup. Djoko propose moins de certi­tudes. S’il conserve toute sa régu­la­rité, il doit forcé­ment digérer peu à peu le retour sur terre après l’état de grâce. Et retrouver force et moti­va­tion, malgré sa défaite dans la petite finale des Jeux Olympiques. Un chal­lenge possible : s’il n’a pas été aussi saillant que l’année passée, Novak a tout de même défi­ni­ti­ve­ment quitté le fauteuil d’out­sider du Big Four pour s’im­poser comme une figure égale à celle de ses deux concur­rents. Sa saison en témoigne, forte de trois titres et quatre finales – non des moindres.

A l’US Open, Djokovic doit néan­moins défendre 2000 points. Une situa­tion assez incon­for­table, que tempère une fin d’année 2011 déli­cate, qui lui permettra, sans aucun doute, de se refaire en cas d’échec améri­cain. Sa situa­tion semble égale­ment plus posi­tive qu’on pour­rait l’ima­giner : s’il lais­sait Federer remporter à New York son 18ème Grand Chelem, il lui concé­de­rait un avan­tage psycho­lo­gique indé­niable… mais fragile. Roger a 31 ans, Novak, 25. Mieux, ce dernier est en pleine forme physique. Autant vous dire qu’il a encore de belles années devant lui… Rien de bien critique pour lui, en pers­pec­tive, à l’US Open. Un appren­tis­sage, plutôt, de la patience et de la séré­nité. Et s’il y a titre au bout, le Serbe s’ins­ti­tuera, un peu plus, en modèle de régu­la­rité. A l’in­verse d’un certain… Nadal, piégé par son physique.

Roger Federer, time to rest – 310

« J’ai rempli presque tous les objec­tifs de ma saison en assu­rant une médaille aux Jeux, en gagnant Wimbledon et en récu­pé­rant ma place de numéro un mondial. » A l’heure de cibler les enjeux de l’US Open pour tel ou tel joueur, une ques­tion se pose à propos de Roger Federer : mais comment diable conserve‐t‐il toute sa moti­va­tion ?! Comme il le rappelle lui‐même après sa victoire à Cincinnati, il a atteint ses objec­tifs de l’année 2012. Et, d’une manière géné­rale, les objec­tifs d’une carrière toute entière. Il s’at­taque à Flushing Meadows en toute décon­trac­tion. Ses chal­lenges lui sont désor­mais propres : gagner une sixième fois à New York… la première depuis 2008… un 18ème Grand Chelem… A 31 ans, avec la saison qu’il a réalisé, gageons que les obser­va­teurs du monde du tennis ne réclament plus grand chose du Roger 2012. Juste du jeu, des coups, des scénarii, de la passion. Et, comme toujours, cette capa­cité à conter des histoires à ceux qui savent les écouter.

Mais Federer – le prag­ma­tisme parle – peut aussi consi­dérer qu’il ne sera pas si évident que ça de conserver sa place de numéro un mondial jusqu’à la fin de saison. En 2011, il avait enchaîné des titres à Bâle, Bercy et au Masters, quand Djokovic et Nadal marquaient bien peu de points. A la Race, il présente encore un retard de 200 points sur l’ami Novak. Le Grand Chelem new yorkais devrait donc être décisif dans l’at­tri­bu­tion de la couronne suprême en fin de saison. S’il parve­nait à conserver son trône, il conclu­rait une sixième année en tête de l’ATP, après 2004, 2005, 2006, 2007 et 2009, rejoi­gnant ainsi Pete Sampras et Ken Rosewall. Il serait alors, indé­nia­ble­ment, l’homme de 2012. Par ailleurs, gagner l’US Open dans quinze jours, ne peut être consi­déré comme objectif secon­daire après ces 12 mois hale­tants – qui le ferait d’ailleurs ?… – : Roger est plus proche de la fin que du début et, à ce stade, chaque victoire, comme chaque titre, compte. Même si la pres­sion dont on s’in­vestit s’avère réso­lu­ment moins forte.

Pour le reste… On pourra toujours dire que Federer ne brille plus que lorsque Nadal, lui, le fait par son absence – et c’est peut‐être vrai -, mais ces paroles ne seront qu’i­na­nité et vent, vue la concur­rence actuelle au sommet de l’ATP. Alors chut. Observons. Le tour­nage débute.

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