New York sourit à Mikhail Youzhny, qui rallie sa deuxième demie en Grand Chelem après l’édition 2006, au bénéfice d’une victoire maîtrisée 3–6 7–6 3–6 6–3 6–3 sur un Stanislas Wawrinka qui a accusé le coup physiquement et mentalement sur la fin. Le Russe, qui a fait preuve de beaucoup de ruse et de vivacité aujourd’hui, ne viendra certainement pas en demies pour faire de la figuration.
Comme on le pressentait, le match s’est en grande partie joué sur la capacité de récupération de Stanislas Wawrinka, éprouvé par ses joutes contre Andy Murray et Sam Querrey. Si le tonus était là dans les quatre premiers sets, le Suisse, usé jusqu’à la moelle par les fréquentes variations de Youzhny, a flanché dans la tête et les jambes dans le dernier set.
Le match commence par un échange de breaks entre les deux joueurs. Le rythme imprimé est plus lent que ce à quoi on s’attendait, les deux joueurs se cherchent pas mal en slices de revers, Wawrinka plus particulièrement, ce qui est peut‐être dû au vent toujours présent. Trop passif et commettant pas mal de fautes, Youzhny se fait breaker à 4–3, permettant à Wawrinka de servir pour le set. Youzhny s’offre une balle de break que Wawrinka sauve d’un service long et sortant avant de faire preuve d’une belle prise de risques sur un revers qui prend la ligne. Youzhny termine sur un nouveau revers dans le filet. Dans ce set plus que moyen, beaucoup plus de fautes que de points gagnants à signaler.
Dans le deuxième set, Youzhny se fait peur d’entrée en voyant Wawrinka revenir à deuce alors que le russe menait 40–0, mais Youzhny s’en sort. Bien lui en prend puisqu’il réussit le break dans la foulée, mais ce n’est que le premier de quatre breaks consécutifs, dans ce match qui peine à prendre son envol. Youzhny, qu’on sent en lutte à chaque service, sauve une balle de break à 4–4 et conclut le jeu d’un cri de lion. Le Russe manque ensuite d’inquièter Wawrinka mais le suisse pousse jusqu’au tie break où les deux joueurs tournent à 3–3 avant que Youzhny, d’un gros coup droit croisé, ne s’offre deux balles de set, dont la deuxième sur son service, mais le Russe échoue sur une nouvelle frappe trop longue, et c’est à nouveau en brisant la défense de Wawrinka de grosses diagonales de coup droit que Youzhny recolle en remportant le tie break 9–7, dans un set qui après un début poussif, a pris son envol sur la fin.
Le match va alors définitivement se décider dans les premiers jeux de chaque manche. Dans le troisième set, Wawrinka repart avec de bonnes intentions et profite d’un très mauvais jeu de service de Youzhny pour breaker blanc d’entrée, et tient avec une belle détermination ; le quatrième set, remporté par Youzhny, est l’exact miroir inversé de la troisième manche avec le break d’entrée du russe sur un jeu blanc.
Wawrinka ayant plusieurs fois fait appel aux soins pour sa cuisse dans le quatrième set, on ne donne pas très cher de sa peau et le Suisse plie devant l’intelligence de jeu de Youzhny qui multiplie les slices pour frustrer Wawrinka et breake d’entrée. Le Russe manque de réussir le double break dans la foulée dans le jeu le plus spectaculaire depuis le début du match, avec de nombreuses montées au filet de toute beauté. Wawrinka en profite pour recoller avec beaucoup d’opiniâtreté en débreakant, mais Youzhny n’entend pas relâcher la pression et récupère son avantage. La menace s’intensifie à 4–2 où Wawrinka sauve deux balles de double break. A 4–3 service Youzhny, le Russe réussit un jeu blanc. A ce moment, Wawrinka, à bout, non content de jeter sa raquette par terre une première fois, se la voit remettre par un ramasseur de balles pour mieux l’exploser une bonne fois pour toutes ! La dernière fois qu’on avait vu le Suisse plutôt introverti en général dans cet état de rage, c’était dans le tie break du deuxième set contre Roger Federer à Roland Garros cette année, avant une défaite en trois manches. On se doute alors que la fin est proche, et Youzhny maîtrise parfaitement le dernier jeu pour s’imposer, et quitter le central ravi sur son salut militaire qui gagne à devenir célèbre.
Plus constant que son adversaire, Youzhny n’a jamais explosé, réussissant certes moins de points gagnants mais surtout beaucoup moins de fautes, et faisant souvent preuve d’une grande lucidité au filet, en obligeant Wawrinka à multiplier les volées basses, exercice périlleux dans lequel le Suisse n’a pas vraiment excellé. Il faudra bien sûr jouer tout à fait différemment contre Nadal ou Verdasco, prendre plus de risques, comme à l’occasion d’un fameux quarts ici même en 2006 où Youzhny avait livré l’un des meilleurs matches de sa carrière contre le Majorquin. Certes depuis, le tennis du Russe est moins foufou et Nadal a grandi, mais l’expérience de Youzhny et le grand flegme dont il fait preuve depuis le début du tournoi seront des atouts non négligeables à faire valoir pour pourquoi pas briguer la première finale russe en Grand Chelem depuis Safin en Australie. A Youzhny d’y croire, quel que soit l’ibère qui se dresse sur sa route, rien n’est joué d’avance et il n’aura c’est sûr rien à perdre !
Publié le vendredi 10 septembre 2010 à 02:19