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Emmanuel Planque : « Les expé­riences et les échanges avec Severin Lüthi et Pierre Paganini du team de Federer ont contribué à modi­fier ma vision de l’entraînement »

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6ème et dernier extrait du Grand Entretien que nous a accordé Emmanuel Planque, le coach de Fiona Ferro. On termine par le métier d’en­trai­neur, ce qu’il implique, comment on peut se former, et s’il existe aussi pour chacun une méthode…

Si on te deman­dait de définir la méthode Planque, tu dirais quoi ?
Loin de moi l’idée d’avoir cette préten­tion ! Une méthode revien­drait à dire qu’il existe une forme repro­duc­tible d’éducation spor­tive ou de coaching. En fait, c’est à chaque fois une nouvelle « construc­tion » qui débute sans le mode d’emploi. À l’entraîneur de créer ce mode d’emploi. Donc non, pas de méthode, mais une éthique de travail. Chaque joueur n’a qu’une carrière et j’ai une infinie conscience de cela. Ma respon­sa­bi­lité est d’avoir un niveau d’engagement au moins équi­valent à celui de l’athlète. Je n’ai jamais perdu cette hyper­cons­cience en deve­nant entraî­neur national. Les joueurs que j’entraîne ne sont jamais des numéros, jamais.

Le coach apprend avec sa joueuse. Mais comment se forme‐t‐il ? Est‐ce que tu regardes beau­coup de matchs ? Est‐ce que tu lis beau­coup la litté­ra­ture tennis­tique ? Est ce que tu échanges beau­coup avec les autres coachs ?
Il existe en France d’excellentes forma­tions théo­riques qui consti­tuent un socle de connais­sances néces­saire pour commencer à entraîner. Ensuite, à chaque entraî­neur, en fonc­tion de sa curio­sité, de sa sensi­bi­lité, d’aller piocher ici et là pour s’enrichir. Pour ma part, je passe ma vie à regarder du tennis, passé et contem­po­rain. Je note tout ce que je fais et tout ce que je vois depuis 25 ans. J’échange énor­mé­ment avec des entraî­neurs de tennis comme Günter Bresnik, José Perlas ou Severin Lüthi. En 2014, nous avons eu la chance, Lucas et moi, d’être invités par Roger Federer à Dubaï pour dix jours d’entraînement avant le tournoi. En 2015, Lucas a aussi pu partager l’entraînement de Stanislas Wawrinka pendant une période à Lausanne. Par la suite, Lucas a décidé de s’installer à Dubaï et nous avons eu la chance de partager trois présai­sons avec Roger. Après Lucas, Corentin Moutet a pu à son tour profiter d’une période d’entraînement avec Roger. Ces expé­riences et les échanges avec Severin Lüthi et Pierre Paganini ont contribué à modi­fier ma vision de l’entraînement. Elles m’ont en tout cas beau­coup fait réflé­chir sur mon métier.

Si tu n’avais pas été coach, tu aurais fait quoi ? Et surtout, tu serais où en ce moment ?
Le tennis est une grande part de ma vie, même si je suis dingue de musique… Je ne crois pas pouvoir disso­cier mon exis­tence de ce jeu, alors je crois tout simple­ment que je serais prof de tennis dans un club, passant l’essentiel de mes jour­nées à faire jouer des gamins de toutes condi­tions et de tous niveaux.