Pour notre numéro 77 nous avions prévu de confronter la vision de Gilles Simon décrite dans son livre à celle de certains acteurs du tennis tricolore. Donner la parole au Directeur Technique National nous a donc semblé utile.
« Gilles a raison lorsqu’il dit que nous cherchons à former un joueur pour enfin gagner un Grand Chelem. Mais plutôt que de chercher à « fabriquer », pour reprendre l’image de la machine, un joueur modèle idéalisé, nous voulons mettre en place une approche à la française dont le but est de développer le mieux possible les qualités de chaque jeune joueur.
Nous sommes bien entendu très admiratifs de Roger Federer, mais aussi de Rafaël Nadal et Novak Djokovic qui sont très différents tous les trois. Nos récents top 10, dont Gilles fait partie avec Tsonga, Monfils, Gasquet et Pouille, ne sont‐ils pas chacun très singuliers dans leur façon de jouer au tennis ?
La représentation que nous nous faisons du futur gagnant d’un Grand Chelem ne répond pas à un portrait‐robot. Ce que dit Gilles est donc pour moi une caricature du système français, qui recèle néanmoins une part de vérité que nous souhaitons faire évoluer.
Cette part de vérité, c’est la conception classique de la performance composée de 4 facteurs presque séparés les uns des autres, la technique, la tactique, le physique et le mental.
Le plus souvent présentés dans cet ordre‐là ce qui indique une hiérarchie qui place la technique en priorité et le mental en accessoire. Même si nous n’avons pas en rougir, nos résultats depuis plusieurs décennies dans le tennis masculin ont montré les limites de cette conception.
Avec l’ensemble des cadres techniques de la DTN, nous avons donc élaboré depuis deux ans une nouvelle approche. Cette approche pose comme objectif principal l’identité de jeu du jeune joueur. Celle‐ci, même si elle sera en évolution constante durant toute sa carrière, doit se dessiner clairement dès l’âge de 15–16 ans pour les garçons et un peu plus tôt encore pour les filles. Elle ne peut être que singulière et pour être efficace en adéquation avec les qualités propres du joueur, physiques et psychologiques, ainsi qu’avec sa vision du jeu.
Pour être performant au plus haut niveau, cette identité de jeu, nécessaire, ne suffit pas. Elle a besoin de s’appuyer sur des compétences tennistiques spécifiques. Nous en avons identifié quatre qui recouvrent la globalité des exigences du jeu : la couverture du terrain, le respect des incontournables du jeu, les coups forts et la performance mentale.
Publié le mardi 15 décembre 2020 à 18:15