Après la raclée infligée à l’Espagnol Albert Ramos, c’est un autre Latin qui se présente à Roger Federer, au deuxième tour de Wimbledon. Fabio Fognini, Italien caractériel, qui, par son sacré tempérament, ne se présentera pas en victime expiatoire.
« Il a beaucoup de talent, sans aucun doute, et suffisamment pour être un adversaire vraiment compliqué. Il vaut mieux que je sois prêt à voir arriver de bonnes frappes de mon côté du court… » Oui, Roger, ce n’est pas faux. Fabio, tout le monde s’accorde à le dire, est un joueur à la main et à l’œil de qualité, au bras vif et à l’inspiration soudaine. Les Français l’ont bien vu, un certain jour, ou plutôt deux, de Roland 2010, face à Gaël Monfils. Il y a quelques semaines encore, contre Jo‐Wilfried Tsonga, l’on a pu apprécier ses fulgurances très ponctuelles, mais souvent assassines. Mais on a aussi pu constater sa friabilité mentale et l’incohérence de son comportement avec le statut de joueur de haut niveau. Car ce Signor Fognini est un sacré numéro, de cirque ou de loto, un loustic improbable, qui se donne en spectacle avant de montrer son tennis. Lorsqu’il est sur un court, ce n’est pas deux joueurs qui s’affrontent, mais bien trois, tant il semble pris, en permanence, dans un dialogue physique avec lui‐même. Une discussion de Fabio à Fabio, qui l’amène à s’asseoir sur la chaise d’un juge de ligne, à casser des séries de raquettes, à prendre le public à parti ou, de manière beaucoup plus sympathique, à venir taper la main de son adversaire après un joli point. L’inconvénient ? On attend toujours la perf’ de l’Italien, celle qui fera enfin honneur à ses capacités. On attend. Elle ne vient pas. L’avantage ? Comme Federer, chacun semble se méfier du bonhomme, capable de retourner à son avantage une partie mal embarquée, à retourner un match, à mettre de l’inattendu dans ce qui semble écrit.
Mais les tops players le connaissent. Résultat : l’inattendu est plus que très souvent prévu. Et anticipé. Et solutionné. En 16 rencontres face à des tops 10, Fabio Fognini n’a gagné qu’une seule fois. C’était face à Fernando Verdasco, neuvième, au premier tour de Wimbledon 2010. Roger Federer, qui s’est entraîné de nombreuses fois avec lui lorsqu’il était Junior, devrait être en mesure de contrer et mater la possible surprise. Il l’avait déjà fait une fois, à Montréal, en 2007, pour leur seule confrontation, avec un succès 6–1 6–1. « Il n’avait pas fait un bon match et je l’avais battu très confortablement. » Au All England Club, après sa démonstration face à Albert Ramos, Roger devrait être en mesure de récidiver. Si Fognini se décourage, sort du match, ne fait plus les efforts de placement nécessaires, s’énerve tout simplement, la rencontre pourrait même tourner à la correction. En revanche, s’il se maîtrise, une fois n’est pas coutume, peut‐être pourra‐t‐il limiter les dégâts. On n’y croit pas vraiment – rappelons que Fognini vient juste de remporter son septième match en carrière sur gazon, pour huit défaites.
Quoi qu’il arrive et quel que soit Fabio, on ne devrait pas s’ennuyer sur le Centre Court. D’un épisode de commedia dell’arte ou d’une démonstration du Roi Roger en coups gagnants pleuvant de toute part, gageons que l’on devrait passer un bon moment. On l’espère !
Publié le mercredi 27 juin 2012 à 12:37