A l’instar du Masters 1000 de Montréal, le tournoi Premier de Cincinnati a été riche en enseignements avec le retour au premier plan de certaines joueuses charismatiques.
Quand les organisateurs du tournoi de Cincinnati avaient annoncé la présence de Kim Clijsters, le tournoi de l’Ohio était d’ores et déjà une date capitale dans l’année de la WTA. Une bouffée d’air frais parce que les derniers grands événements féminins avaient été décevants pour ne pas dire plus. La finale de l’Open d’Australie gagnée 6–0, 6–3, par Serena Williams sur Dinara Safina avait été jugée « pathétique » par Martina Navratilova. « Il faut rembourser » avait écrit la rédaction dans le GC 11. La finale de Roland Garros avait vu une Safina encore dépassée par l’événement, et le dernier carré de Wimbledon manquait singulièrement d’émotions.
Cincinnati a eu le droit à ce qui fait justement la richesse du tennis. Le retour de Clijsters, le combat Dementieva‐Jankovic, Safina toujours présente, le fiasco des sœurs Williams accompagné de conférences de presse savoureuses avec ce qu’il fallait de mauvaise foi. Pennetta qui surprend et Sharapova qui reprend doucement. Enfin le tennis féminin a répondu à son homologue masculin qui joue de semaines en semaines avec l’Histoire.
Privée de résultats notables depuis la fin de l’année dernière, Jelena Jankovic a fait son retour au premier plan au meilleur des moments. Pour la finaliste 2008 de l’US Open, cette victoire à Cincinnati est la concrétisation de son travail estival effectué sous la chaleur floridienne de l’académie Nick Bollettieri. « C’était très difficile mais ça en valait la peine. J’avais besoin de ces conditions pour me préparer pour les prochains tournois », avait‐elle déclaré avant le tournoi de Stanford. Eliminée par Marion Bartoli en quarts de finale en Californie après avoir eu deux balles de match, Jankovic avait trouvé dans ce match des motifs de satisfactions. « J’ai plutôt bien joué dans le premier set, mais je dois analyser ce qui a été bon et ce que je dois améliorer », avait alors déclaré la Serbe.
Les leçons ont été retenues et appliquées à Cincinnati, lors de la demi‐finale disputée contre Elena Dementieva, finalement battue 7–6(2), 0–6, 7–6(6). Alors qu’elle a manqué trois balles de match lorsqu’elle menait 40–0 sur son service à 5–4 dans la dernière manche, l’ancienne numéro 1 mondiale a sauvé à son tour quatre balles de match dans le jeu décisif final, gagné 8–6 après avoir été menée 6 points à 2. La dramatique, qui était absente depuis janvier dans le circuit WTA, a fait plusieurs bonds en avant dans l’Ohio. Même si la finale n’a pas été du même acabit. Dinara Safina, y a perdu sa cinquième rencontre dominicale de la saison, sur huit disputées, mais aura eu le mérite de battre la petite protégée du circuit WTA, la revenante Kim Clijsters.
Le retour aux affaires de l’ancienne numéro 1 mondiale aura été l’autre gros événement de cette semaine à Cincinnati. La Belge a su enchaîner les matchs de haut niveau en sortant successivement Marion Bartoli, Patty Schnyder et Svtelana Kuznetsova. Alors que les voix s’élèvent pour parler d’une rapide place parmi les dix voire les cinq meilleures joueuses mondiales, la Belge elle souhaite prendre le temps. « Le Top 10 n’est pas quelque chose qui me préoccupe », a assuré la Belge. « De toute façon, cela prendra du temps. J’ai vécu une superbe semaine à Cincinnati et je ne demande qu’à pouvoir disputer d’autres matches. J’aimerais d’ailleurs bien pouvoir défier une Williams avant l’US Open afin de m’adapter le plus rapidement possible au top niveau. » Toronto sera un bon indicateur pour voir si la jeune maman sait déjà être performante semaine après semaine.
L’autre mère star de la semaine aura été Sybille Bammer, qui a sorti Serena Williams en huitièmes de finale, 7–5, 6–4. Une défaite mal digérée par l’Américaine. « J’aurais perdu contre n’importe qui », avait assuré la numéro 2 mondiale après son match. « Je n’étais pas dans mon état normal. Je n’ai jamais joué aussi mal de ma vie. C’est vraiment un piteux match. J’ai dû faire quelque chose comme 50 fautes directes. J’ai fait des coups dans le bas du filet et d’autres erreurs grossières. »
Moins catégorique dans son autocritique, et plus encline à donner un peu de crédit à son adversaire, Venus Williams avait subi la loi de Flavia Pennetta, 7–6(2), 6–4, qui est devenue 10ème joueuse mondiale. La première Italienne de l’Histoire à devenir membre du top 10 a ensuite sombré en demi‐finale contre Safina, 6–2, 6–0.
La numéro 1 mondiale est elle loin de perdre si tôt dans les tournois comme les sœurs Williams, et possède un discours plus posé que celui de ses poursuivantes au classement WTA. Mais la petite sœur de Marat Safin souffre d’un autre mal. Son attitude désemparée lors des finales à haute tension commence à être inquiétante. Mais la jeune Russe de 23 ans pourrait devenir une Mauresmo ou une Lendl de son époque. C’est-à-dire une « chicken » devenue championne. C’est ce que croit Dinara Safina dans son for intérieur. Pour elle, sa première victoire en Grand Chelem, « n’est une question de temps. Ça arrivera un jour. »
Publié le mardi 18 août 2009 à 12:05