Un match féminin qui se joue au meilleur des cinq sets ? Stacey Allaster, Présidente de la WTA, relance le débat. « Les femmes sont prêtes à jouer en trois sets gagnants », déclare‐t‐elle au Daily Yomiuri, un quotidien japonais. Le sujet revient sur le tapis… une fois de plus ! L’histoire du tennis féminin nous a montré que les filles ont déjà joué des matchs en cinq sets. Alors pourquoi pas maintenant ?
Trois sets pour les femmes, cinq pour les hommes. Ainsi joue‐t‐on, lors des matches en Grand Chelem. L’effort physique produit est inévitablement inégal, selon le journaliste du Daily Yomiuri. Stacey Allaster, Présidente de la WTA, répond sans détours : « Les femmes s’entraînent aussi dur que les hommes. Nous avons toujours dit que les femmes étaient prêtes à jouer cinq sets. Ce sont les organisateurs de Grands Chelem qui nous en empêchent. » Quand il s’agit de défendre les filles du circuit, la femme forte de la WTA monte au créneau.
Cette réaction relance le débat. Une fois de plus ! A l’époque de McEnroe ou Navratilova, favorable aux cinq manches, le sujet était régulièrement abordé. « Au début, les femmes jouaient en cinq sets », soulignait même Billie Jean King. La phrase peut faire sourire ou hausser quelques sourcils. Mais l’ancienne joueuse a bel et bien raison : entre 1891 et 1901, toutes les finales de l’US Open féminin se sont jouées en trois sets gagnants. Et le majeur new‐yorkais n’est pas la seule exception. Chaque année, entre 1984 et 1998, la finale du Masters féminin se déroulait en trois manches gagnantes. La dernière en date ? Martina Hingis‐Lindsay Davenport avec, au final, une victoire de la Suissesse en quatre sets, 7–5, 6–4, 4–6, 6–2. En se replongeant un peu plus dans nos livres d’histoire, on se rappelle aussi quelques épiques finales : en 1996, entre Steffi Graf et Martina Hingis. L’Allemande remporte le Masters (qui se déroulait à New‐York cette année) après cinq manches d’un combat acharné.
Ainsi, l’histoire semble rendre possible des matches au meilleur des cinq manches pour la gent féminine. Stacey Allaster connaît certainement ces exceptions historiques. Et, pourtant, beaucoup de choses bloquent cette évolution.
A commencer par les organisateurs des Grands Chelems, totalement opposés à cette idée. La raison : le programme des matches est surchargé durant la quinzaine. Deux semaines ne suffisent déjà pas en cas de fortes intempéries… Alors, imaginez 256 joueurs évoluer au meilleur des cinq sets ! Tout bonnement impossible, à moins de rallonger la durée des tournois du Grand Chelem. Autre obstacle : une opinion générale assez défavorable. Les femmes ne sont pas assez endurantes, le tennis féminin n’est pas assez attrayant pour évoluer en cinq sets, des matches plus longs entraîneraient plus de blessures, etc. Tels sont les arguments – bien souvent sexistes ! – qui ressortent régulièrement. Cependant, certaines joueuses du circuit – Maria Sharapova, Serena Williams – sont elles‐mêmes opposées à l’idée de jouer en cinq manches.
Pourtant, nombreux sont les sports dans lesquels les femmes sont soumises aux mêmes conditions que leurs homologues masculins. Ainsi jouent‐elles 90 minutes au football ou courent les 42 kilomètres du marathon… Dans le tennis, outre les problématiques physiologiques, nous sommes certainement confrontés à un problème de mentalités. Un problème qui touche à l’égalité hommes/femmes. Heureusement, ces mentalités évoluent, l’augmentation du prize money chez les femmes en témoigne. Mais la lutte a été longue…
Et parce que ça fait plaisir de voir des images désormais d’un autre âge, petite vidéo des deux derniers jeux de la finale des Masters 95… Steffi Graf‐Anke Huber, pour une victoire de la première 6–1 2–6 6–1 4–6 6–3.
Publié le samedi 1 octobre 2011 à 08:00