Novak Djokovic devra relever l’un des plus grands défis de sa carrière demain. Face à Rafael Nadal, le Serbe tentera de décrocher son premier titre à Roland Garros, le seul Grand Chelem qui manque à son palmarès. Battu 5 fois sur 5 par l’Espagnol à Paris, l’élève de Boris Becker est‐il enfin mur pour réaliser l’irréalisable ? En un mot, battra‐t‐il Nadal dans son jardin demain ?
Oui, toutes les conditions sont réunies !
Mesdames, Messieurs, je peux vous l’assurer sans trembler : Novak Djokovic va gagner Roland Garros demain et Rafael Nadal n’y pourra rien changer. L’heure est en effet venue pour l’Espagnol de céder sa couronne. Pourquoi une telle assurance, me direz‐vous ? Tout simplement parce que toutes les signes avant‐coureurs annoncent, depuis des jours, voire des semaines, une victoire du Serbe. Ne vous y trompez pas, il n’est pas ici question de superstition. Non, ce sont des éléments bien réels qui me permettent de voter, les yeux fermés, pour une victoire de Djokovic demain. Les voici donc énumérés.
Primo, le Serbe reste sur 4 victoires consécutives face à l’Espagnol, dont deux en finale de Masters 1000 cette saison, et surtout une à Rome, sur terre battue il y a 3 semaines. Novak n’a donc plus perdu contre Rafa depuis la finale de l’US Open en août 2013, il y a près d’un an. Or on sait que c’est souvent la loi des séries qui a arbitré les faces‐à‐faces entre ces deux‐là. Sur sa lancée, et avec la confiance accumulée, le numéro 2 mondial imposera donc immédiatement sa domination mentale dans cette finale.
Secondo, Djokovic joue depuis plusieurs mois maintenant un tennis propre et efficace. Depuis sa défaite en Australie, le Serbe a gagné Indian Wells, Miami et Rome, ne perdant que deux matchs, dont un en étant blessé (Monte Carlo). Preuve que son tennis est à nouveau bien en place, ce qui reste évidemment essentiel pour pouvoir dompter Nadal. « Il est vraiment très, très fort depuis quelques temps » confiait Gunther Bresnik, le coach de Gulbis hier. « Je savais qu’Ernests n’aurait quasiment aucune chance contre lui. Je le répète depuis des semaines et je vais encore vous le dire ; c’est Novak Djokovic qui va gagner Roland Garros cette année, j’en suis absolument certain ! »
Tercio, l’élève de Boris Becker est maintenant arrivé à maturité, tant physiquement, mentalement que tennistiquement pour vaincre l’invincible à Paris. Il était passé tout près l’an passé, mais s’était précipité sur quelques points clés, mangé par l’enjeu. Cette saison, il a changé son approche mentale, tout en peaufinant sa stratégie anti‐Nadal sous les conseils avisés d’un certain Becker. Il sait exactement ce qu’implique un match en trois sets gagnants sur terre battue contre Rafa. Il maîtrise mieux que quiconque la stratégie pour le battre sur cette surface, s’est parfaitement préparé pour cela et n’a pas vraiment puisé dans ses ressources depuis le début du tournoi. En un mot, Djoko est fin prêt pour le combat.
Enfin, cette démonstration ne serait pas complète sans un mot sur Rafael Nadal. Car si l’on est persuadé que le Serbe va l’emporter demain, c’est aussi en raison de l’état de forme de l’Espagnol. Auteur d’une saison sur terre battue loin, très loin de ses standards habituels, le Majorquin n’abordera pas cette finale de Roland Garros aussi confiant que d’habitude. Certes, son niveau de jeu contre Murray hier était vraiment excellent. Mais un seul match ne suffit pas à effacer des semaines de doutes et d’hésitations. Djokovic le sait et risque donc fort d’appuyer là où ça fait mal demain. Vous verrez bien !
Paul‐Hugo Bélanger
Non, la tendance s’est inversée…
Ah, si on était restés sur ce qu’il s’est passé il y a maintenant trois semaines, j’aurais pu dire « pourquoi pas » ! Novak Djokovic, triomphant sur la terre battue romaine face à un Nadal qui n’a, au final remporté qu’un seul titre sur sa surface fétiche à Madrid, et encore grâce au forfait de Kei Nishikori. Vu sous cet angle, on ne pouvait pas imaginer une autre issue si peu de temps avant le début du tournoi. L’ascendant pris psychologiquement et tennistiquement parlant était trop beau ! Seulement voilà. C’est toujours sous‐estimer les capacités mentales de Rafael Nadal une fois débarqué dans son tournoi
Tout bonnement monstrueux comme depuis des années Porte d’Auteuil, le Majorquin semble inarrêtable. Robby Ginerpi, Dominic Thiem, Leonardo Mayer et Dusan Lajovic n’ont été que des amuse‐gueules pour lui jusqu’aux quarts de finale, ce qui lui a permis de se préserver sur le plan physique. Son premier test ? David Ferrer. Son compatriote l’avait martyrisé à Monte‐Carlo il y a plusieurs semaines. Il a tenté de nouveau le coup en lui prenant le premier set. Et puis il a regretté. Car derrière, la bête s’est complètement réveillée pour lui coller une déculottée très humiliante en quatre sets. C’est bien simple, on ne l’avait plus vu aussi entreprenant, sûr, précis et violent dans ses frappes de balle depuis l’an passé avec sa victoire à l’US Open, l’Espagnol
Comme beaucoup, j’avais envie de croire en Andy Murray pour enfin apporter un semblant de challenge au tenant du titre. A Rome (encore), le Britannique avait démontré qu’il avait peut‐être enfin la clé pour le gêner. Mais entre Rome et Roland, trois semaines se sont écoulées. Trois véritables galaxies au nivau de la confiance de Rafa. Résultat ? Une nouvelle humiliation pour un homme qui a pourtant été numéro 2 mondial l’an passé. Beaucoup ont choisi de fustiger la faible opposition proposée par le vainqueur de Wimbledon 2013. Moi, j’y ai vu un homme qui aurait pu tenter tout ce qu’il voulait, il aurait pris gifle sur gifle en coup droit, Nadal étant capable de se positionner dessus de n’importe où dans le court grâce à sa puissance et à son lift.
Et Djoko alors ? Doucement, j’y viens… Certes, le Serbe a réalisé jusqu’en demi‐finales un parcours exemplaire, fracassant Jo‐Wilfried Tsonga en huitièmes et dressant l’impétueux Milos Raonic en quarts. Mais depuis hier, on sait qu’il peut faiblir au vu des conditions. Sonné par la chaleur et obligé de se rafraîchir, le numéro 2 mondial a eu un véritable coup de pompe dans son troisième set qu’il a vu lui glisser entre les doigts au profit d’Ernests Gulbis. Un Djoko inquiet, un Djoko râleur, un Djoko qui perd même son sang froid en explosant sa raquette. C’est un tout autre homme très fébrile que Rafael Nadal a sûrement eu la possibilité de voir avant ou après son propre match. De quoi lui donner des idées pour le faire craquer à son tour, avec une puissance de feu encore bien plus frustrante que celle du Letton. De ce côté, la tendance s’est inversée, et le doute n’habite plus le même esprit.
En témoigne l’attitude de Djokovic rapportée par les médias en interne. Le Serbe serait rapidement allé s’enquérir après sa rencontre des prévisions météo pour le jour de la finale. Un indicateur de plus de la nécessité pour lui d’avoir des conditions très favorables pour enfin faire plier le maître des lieux. De l’humidité, des balles lourdes. C’est tout ce que souhaite Nole. Et au vu de la météo de demain au‐dessus du Chatrier, c’est à peu près ce qu’il n’aura pas. Quelques averses en matinée, mais qui devraient très vite s’estomper pour laisser place à la chaleur et au soleil l’après‐midi. Novak peut trembler. Car une fois encore, j’en suis sûr, il va y passer…
Jérémy Alen
La raquette de Djokovic un vrai compromis de polyvalence et puissance
Publié le dimanche 8 juin 2014 à 09:05