Une défaite contre Serguey Stakhovsky à Wimbledon. Une autre face à Federico Delbonis à Hambourg. Le début de la fin… ou la fin de la fin ? Roger Federer inquiète ses fans et les observateurs. La Rédaction s’est penchée sur le sujet et, comme toujours, les avis sont partagés. Quoique… Un peu moins que d’habitude !
« Même si le génie perdure, la régularité n’est plus »
Non. Et pourtant j’adore ce joueur. Ca me fait mal d’écrire ces lignes, mais les faits sont là. Le Roger d’antan n’est plus. Hormis son sursaut d’orgueil à Wimbledon l’an dernier, Federer n’a plus atteint une finale de Grand Chelem depuis Roland Garros en 2011. Plutôt curieux lorsque l’on connaît l’aisance du Suisse sur les surfaces rapides. Sinon, il faut remonter à l’Open d’Australie en 2010… D’autant qu’auparavant, lorsque Roger essuyait une défaite en Grand Chelem, c’était face à un adversaire du top 5… Ou par sa bête noire, Tomas Berdych. Les choses ont bien changé. Après sa défaite contre Delbonis à Hambourg, Federer s’est même livré à une conférence de presse qui frôlait la méthode Coué. « Ma motivation est au top et je suis en forme. Si je devais arriver à un point où j’en aurais assez de voyager, où je devais me forcer à m’entraîner et à jouer, je me poserais sérieusement des questions. Mais ce n’est pas le cas pour le moment. Au contraire. Après Wimbledon, je brûle encore plus de jouer. » Alors oui la motivation est peut‐être toujours là, mais le corps semble être ailleurs. Car comme dit plus haut, Federer perdait oui, mais contre des gros joueurs. Or, avec tout le respect possible, Tsonga et Stakhovsky, semblent être des joueurs tout à fait à la portée du Suisse. Alors on change de raquette, l’arbre qui cache la forêt… Puisque même si le génie perdure, la régularité n’y est plus. Et pour remporter un tournoi du Grand Chelem aujourd’hui, il ne suffit pas de faire briller les yeux des spectateurs avec des coups, certes magnifiques, mais trop occasionnels… Il faut être une machine rodée. Une machine qui gagne même lorsque le jeu laisse à désirer. C’est bien ce point là qui m’amène à penser que Federer ne gagnera plus. A chaque match, on l’imagine perdre, même contre le plus obscur des adversaires… Mais après tout, 17 tournois du Grand Chelem, c’est bien plus qu’il n’en faut pour faire de Roger Federer, l’un des plus grands joueur de tous les temps.
Maxime Autechaud
« Inconsciemment, Federer ne se bat plus vraiment »
La simple évocation du nom de Roger Federer ne m’a jamais laissé indifférent. Et il est clair que ce ne sera jamais le cas. Sa classe, son aisance, ses coups de génie le démarqueront à jamais de ceux qui l’ont précédé. Mais il faut voir les choses en face. Roger ne gagnera plus en Grand Chelem. Évidemment, tout ne s’effacera pas cette année. Tout ne partira pas en fumée avec Stakhovsky ou Delbonis. Simplement parce que le talent ne se perd pas. Mais le physique si. A 32 ans, les déplacements ne sont plus les mêmes, le jeu de jambe est logiquement moins précis : tout Federer qu’il est, le Bâlois aussi subit les lois de la nature. Et sa nouvelle raquette, censée l’aider à moins boiser, n’y changera rien. Le poids des ans, tout simplement ! Aujourd’hui, tout joueur du Top 50 en bonne forme peut être en mesure d’inquiéter le Suisse. Rien de systématique, bien sur, mais les capacités physiques feront régulièrement la différence. Et puis il y a l’homme. Car Roger n’est pas qu’un joueur de tennis, c’est un père, un mari, avec toutes les obligations – aussi belles soit‐elles – qui vont avec. La hargne des 20 ans, de celui qui ne vit que pour le tennis est logiquement derrière lui. Celle qu’il avait il y a encore trois ou quatre ans, quand sa lutte avec Nadal devait désigner le numéro un. La première place est une motivation énorme. La deuxième déjà un peu moins. Mentalement, le Suisse est peut‐être déjà résigné, même s’il se refuse à le dire. Il sait sans doute que, quoi qu’il fasse, au moins un des quatre joueurs devant lui gardera son rang. Même s’il accepte l’idée de jouer pour autre chose qu’une première place, la différence est considérable. L’amour du tennis, du beau jeu, la passion qui l’a toujours accompagnée ne le feront pas quitter les courts tout de suite. Mais au plus profond de lui‐même, peut‐être inconsciemment, le Suisse ne se bat plus vraiment. Alors, bien sur, Federer nous refera vibrer. Il nous fera encore bondir de notre chaise, nous exclamer, crier… Mais il ne gagnera plus.
Baptiste Billon‐Grand
« Roger Federer demeurera Roger Federer jusqu’à la fin de sa carrière »
Roger Federer demeurera Roger Federer jusqu’à la fin de sa carrière. Si le physique, parfois, et la motivation, souvent, déclinent, le Suisse possède encore en lui la capacité de gagner un tournoi du Grand Chelem : ce ne sera certainement pas au panache, en battant les trois premières têtes de série ; plutôt en un concours de circonstances heureux. Or, le sport, c’est le concours des circonstances. Andre Agassi et Pete Sampras ne l’ont-ils pas prouvé ? Agassi, vainqueur de l’Open d’Australie à 33 ans et encore finaliste de l’US Open à 35, un an avant sa retraite. Sampras, qui conclut sa carrière sur une victoire en finale à Flushing Meadows, à 31 ans, face à ce même papy Andre. Peter Lundgren, ex‐entraîneur de Federer, est bien de cet avis. « Je suis sûr qu’il reviendra facilement à un très haut niveau. Beaucoup de personnes m’ont dit : Roger est désormais fini. Je crois qu’il ne le sera réellement que lorsqu’il mettra fin à sa carrière. Pas avant. Jusqu’à ce moment là, tant qu’il rentrera sur le court, il aura toujours la possibilité de gagner un Grand Chelem. » Certes, le Bâlois a vécu ses premières semaines en‐dehors du top 4 pour la première fois depuis dix ans, mais la quinzaine de Wimbledon a prouvé que les scenarii les plus incroyables pouvaient se passer, même dans des tournois majeurs qu’on imaginait, jusqu’à présent, phagocytés par les meilleurs. Mieux, Roger a conscience de ses problèmes actuels et son changement de raquette le montre. Il cherche des solutions, retrouvant, peut‐être, la lucidité qu’il pouvait avoir égarée par ego. Et semble capable de s’adapter, quitte à se rajouter du travail à la dernière minute : oui, Charlene et Myla, papa a bossé à Hambourg et fait des heures sup’ à Gstaad. Parce que ce papa tient, ancré en lui, ce besoin de jeu et de compétition et que ses échecs inattendus vont réveiller la flamme. Alors non, ce ne sont pas Serguey Stakhovsky ou Federico Delbonis, simples incidents dans une immense carrière, qui vont transformer Roger Federer en un joueur lambda.
RCV
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Publié le lundi 22 juillet 2013 à 19:00