AccueilCoupe DavisDewulf : "Les Belges n’ont rien à perdre"

Dewulf : « Les Belges n’ont rien à perdre »

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Demi‐finaliste à Roland Garros en 1997, Filip Dewulf s’est depuis recon­verti en jour­na­liste pour le journal flamand Het Laatste Nieuws. Rencontré à l’oc­ca­sion du dernier Rolex Paris Masters, il nous a accordé un entre­tien où il aborde le tennis belge et la finale tant attendue entre Français et Belges.

Filip, à l’approche de la finale de Coupe Davis, comment est vécu l’événement en Belgique ?

Cela commence à prendre de l’ampleur. Après la demi‐finale victo­rieuse face à l’Australie, il y a eu beau­coup d’attention pour le tennis belge et encore plus avec les récents résul­tats de David (Goffin). Tout le monde suit ses exploits. J’ai entendu qu’il y avait eu énor­mé­ment de demandes de nos suppor­ters pour aller voir la finale à Lille. En tant que jour­na­liste, je ressens plus d’attention pour le tennis dans nos médias, y compris du côté flamand où habi­tuel­le­ment le foot­ball et le cyclisme occupent le premier plan de l’actualité. Le tennis prend de plus en plus d’importance. Tous ces détails me font penser que l’on est en train de grandir.

Ces deux finales de Coupe Davis en trois ans expliquent cette nouvelle place ? Car entre ta demi‐finale à Roland Garros (en 1997) et les victoires de Kim Clijsters et Justine Henin, la petite balle jaune a toujours compté en Belgique…

Après la période Henin‐Clijsters, le tennis belge a connu un petit creux. Leurs perfor­mances sont incom­pa­rables et je ne suis pas sûr que l’on puisse le revivre. Néanmoins, les gens atten­daient des autres joueurs les mêmes résul­tats. Les attentes étaient beau­coup trop hautes et je trouve que les critiques étaient un peu dures. Lorsqu’elles ont arrêté leur carrière, l’attention des médias est logi­que­ment retombée. Avec David et les finales de Coupe Davis, on est en train de grimper et le tennis devient le troi­sième sport en Belgique.

Pour être concret, comment fonc­tionne le tennis en Belgique ?

Aujourd’hui, on compte environ 150 000 licen­ciés en Flandres et 85 000 en Wallonie. La spéci­fi­cité du tennis belge est d’être orga­nisé en deux struc­tures avec deux centres : un à Mons pour la Wallonie et un autre près d’Anvers pour les Flandres. Il y a au‐dessus la fédé­ra­tion royale belge avec un président qui est le seul à jouer un rôle. Afin d’obtenir des budgets, les deux commu­nautés se sont enten­dues dans les années 1970 pour que la fédé­ra­tion belge se divise en deux. Il existe donc deux fédé­ra­tions qui essaient de travailler ensemble car il ne faut pas oublier que l’on est un petit pays. Si on a un talent de chaque côté, il faut les mettre ensemble pour qu’ils s’entraînent. C’est beau­coup mieux. 

Les passe­relles existent donc ?

Oui, ils font tout pour améliorer le fonc­tion­ne­ment et le pousser encore plus. On est un petit pays, on a moins de talent qu’un grand, alors il faut les mettre ensemble. C’est pareil avec les coachs.

Est‐ce compliqué un tel fonctionnement ?

En Belgique, cela a toujours été comme ça et ça marche. C’est une ques­tion d’argent afin de rece­voir des budgets des deux commu­nautés. A mon époque, on parlait déjà de réunir les meilleurs joueurs, entraî­neurs et créer un centre national. Mais on l’installe où ? En Flandres ou en Wallonie (rires) ? Déjà ça, ça peut poser un problème. Et qui va donner un budget ? Bref, cela me semble trop compliqué. Maintenant, on travaille de plus en plus ensemble. On n’a jamais eu de problèmes. Je le redis, nous sommes un petit pays et tout le monde se connaît. Quand il y a un talent, c’est très diffi­cile de « fuir » (rires). Les meilleurs s’affrontent depuis qu’ils sont petits et au final cela créé une certaine émula­tion entre eux. 

Comment vois‐tu cette finale ?

Cette finale sera parti­cu­liè­re­ment équi­li­brée. Je pense que c’est 55% pour la France car ils ont l’avantage de jouer à domi­cile, d’avoir choisi la surface et qu’ils possèdent un banc plus large que la Belgique qui n’a pas le droit d’avoir un blessé. D’un autre côté, les joueurs fran­çais vont ressentir beau­coup de pres­sion car ils doivent gagner cette Coupe Davis. Les Belges n’ont rien à perdre mais ils possèdent un joueur qui est Top 10, David Goffin, et ils peuvent compter sur un Steve Darcis qui est très, très fort en Coupe Davis. J’ai envie de dire que je suis assez opti­miste des chances belges pour embêter l’équipe de France (sourire)… On va assister à une très belle finale qui se dispu­tera dans un stade magni­fique et une superbe ambiance avec des suppor­ters qui feront beau­coup de bruit. La fête sera belle.