Gilles Simon est apparu assez serein en conférence de presse, cet après‐midi, après son succès en cinq manches face à Brian Baker. Pour nous, ce Gilou‐là est en forme, c’est clair – et il le dit lui‐même.
« J’ai joué des points gagnants que j’aurais aimé ne pas avoir à jouer. » Ces mots de Gilles Simon pourraient résumer son match d’aujourd’hui, face à Brian Baker. Comme il le confirme en conférence de presse, Gilou a produit un match intéressant face à ce revenant américain, ex‐numéro deux mondial junior. « Dans le premier set, j’étais tendu, mais ça a fonctionné quand même. Dans le deuxième, j’ai pu développer mon meilleur tennis. Mais, paradoxalement, ça l’a relâché. Il a pris beaucoup plus de risques, il a tout tenté. Dans le troisième, je ne panique pas, je me sens bien malgré tout. D’une manière générale, d’ailleurs, je fais un gros set au service. Mais lui ne baisse pas de rythme et maintient son niveau de jeu. » Résultat ? Il ne pouvait « pas vraiment faire plus ».
Car il faut être lucide, le Français n’est pas le seul à avoir été surpris par ce Mister Baker… Rafael Nadal, Novak Djokovic et Roger Federer lui ont déjà tressé des lauriers. Simon y va également de son jugement : « Il propose quelque chose de différent. Or, nous, on n’aime pas ce qui n’est pas dans les standards ! (Rires) On ne sait pas à quoi s’attendre avec lui… On a parfois l’impression qu’il sait à l’avance où l’on va jouer. » En tribune de presse, cette fin de troisième manche est assez impressionnante. Amorties, revers profonds, merveilles de coups droits croisés… Dans un style peu académique – rappelant parfois Roddick par l’attitude – ce grand et longiligne bonhomme d’1m90 trouve des angles tout en délicatesse. De quoi justifier la belle ovation qu’il reçoit à sa sortie du court.
Mais Gilles Simon a fait preuve de solidité au finish, solidité physique, solidité mentale. Certes, il y a ce quatrième set… Un 6–1 surprenant. Mais pas tant que ça. Il l’explique lui‐même : « Je ne suis pas bien, quand lui continue sur sa lancée. Je fais des fautes et il se détache rapidement. A partir de ce moment‐là, je choisis de lâcher un peu la manche. Ca me permet de m’économiser et, surtout, de revenir le plus fort possible au début du cinquième, de manière à le surprendre. » La recette fonctionne : le deuxième jeu s’avère décisif. Après avoir envoyé une première balle de break dans le filet, il profite d’une erreur adverse sur la deuxième et prend alors l’avantage. Pour finir en roue libre. « Physiquement, il était juste. C’est un handicap pour lui, c’est certainement dans ce domaine qu’il peut aussi progresser. »
Oui, mais Gilou a aussi montré de belles choses en fin de match. A l’image de ce coup droit canon frappé balle montante dans le tout dernier jeu. Les observateurs diront bien ce qu’ils veulent – c’est un match en cinq manches face aux 141ème joueur mondial, etc., etc. –, mais le Tricolore affiche un certain calme, très positif, une force mentale. Il ne panique pas et monte en régime, croyez‐nous. En toute sérénité. Avec deux premiers matches intéressants pour vous mettre dans le rythme et qu’il fallait négocier au mieux, il est loin d’attaquer son troisième tour contre Stan Wawrinka dans une situation délicate. Cet adversaire, d’ailleurs, il le connaît et l’a battu à Indian Wells, dernièrement. « Stan a fait une belle tournée sur terre, j’ai regardé ses matches et il était assez impressionnant. Ca va être une vraie bonne bagarre. »
Et, « la bagarre », c’est aussi ce qu’il aime. Ne rien lâcher, quel que soit l’adversaire et trouver des solutions à des problèmes quasi‐mathématiques qu’on lui pose sur le court. Alors, on le dit : de Gilles Simon, à Roland Garros, cette année, on attend du beau, du bon, de l’excitant !
De votre envoyé spécial, à Roland Garros.
Publié le mercredi 30 mai 2012 à 20:36