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Alex Corretja : « Andy est beau­coup plus relax, beau­coup plus cool »

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Finaliste à Roland Garros et numéro 2 mondial, Alex Corretja est venu renforcer l’an dernier l’équipe mise en place autour d’Andy Murray et en profiter pour distiller les petits secrets de la terre battue. Bien lui en a pris car le clan écos­sais l’a adopté et prolongé sa colla­bo­ra­tion en 2009. Soucieux de faire œuvre de péda­gogie, l’affable Alex parle du travail passio­nant avec Murray et son coach attitré, Miles Maclagan. C’est notre dernier entre­tien de notre série lié au dossier du GC13. Cet entre­tien a été réalisé à Monte Carlo.

Alex, depuis que tu es rentré dans l’équipe d’Andy, quelle est ton analyse sur sa progres­sion ?
Il a vrai­ment progressé, mais je voudrais d’abord parler de cette équipe autour de Miles Maclagan, parce que c’est une équipe qu’il respecte beau­coup. En dehors il est désor­mais beau­coup plus relax, beau­coup plus cool. Et main­te­nant sûr le court, il est bien plus concentré. L’an dernier, il était un peu plus distrait. Maintenant quand tu t’entraînes avec lui, il est dans son truc, il veut vrai­ment progresser. Alors quand je suis arrivé dans l’équipe, de façon coïn­ci­dente il s’est mis à bien jouer, mais c’est d’abord parce qu’il est très bon. Sinon il ne gagne­rait pas de grand tournoi.

Est‐ce que vous avez eu beau­coup de contacts ensemble depuis l’an dernier ?
Nous avons eu beau­coup de contacts, nous nous sommes appelés régu­liè­re­ment, et je crois que nous sommes devenus de bons amis, avec lui, avec Miles, et toute l’équipe. Ca m’a pris quelques temps, des coups de télé­phone, on s’est vu à Madrid, on a dîné ensemble. Mais il y a eu un petit flot­te­ment au début de l’année sur la pour­suite de notre colla­bo­ra­tion, nous étions un peu timides, nous n’osions pas nous appeler et fina­le­ment il y a un mois, je suis parti à Londres, on a parlé tous les deux, et on est tombé d’accord sur le fait qu’il fallait conti­nuer. On s’est surtout dit qu’il fallait faire plus que 3, 4 semaines de travail sur terre battue parce que c’était trop stres­sant de fonc­tionner sur le mode « Ce que je te dis aujourd’hui, il faut le mettre en place demain ». Il fallait rester plus de temps ensemble et c’est ce qu’on a décidé de faire. 

Quel est l’élément clef qui a changé dans son jeu depuis l’an dernier ?
Je dirais qu’il est plus stable, plus régu­lier sur un match. L’an dernier il avait des hauts et des bas, main­te­nant il sent qu’il est capable de battre n’importe qui, il sent qu’il est un top player. Il y a un an, il était plus bas au clas­se­ment, aux alen­tours de la 20ème place, il avait beau­coup de doutes. Mais il n’a que 22 ans, il va encore progresser, et ce qui est bien pour lui, c’est qu’il numéro 4 alors qu’il a encore plein de compar­ti­ments de jeu à faire évoluer. C’est très impor­tant parce que… je ne veux pas me comparer, mais quand je suis devenu numéro 2 mondial, moi j’étais déjà au bord de l’asphyxie (rires). Pour lui c’est facile d’en être arrivé là. Pas facile dans le sens où il n’a rien fait – il doit se battre à tous les matches pour en arriver – mais facile parce qu’il peut encore faire avancer son tennis. Mais le truc qui m’impressionne le plus, c’est que parfois on lui dit quelque chose, et on a l’impression qu’il n’est pas très attentif ou qu’il pense à autre chose, et…(pile à ce moment‐là, Andy Murray passe dans le couloir et Alex se marre avec lui en voyant ce qu’il est en train de dire), atten­tion je ne dis pas qu’il n’écoute pas ! (rires avec Andy), mais le lende­main tu vois qu’il l’a déjà intégré. Tu lui a dis un truc sur son slice, t’as l’impression qu’il n’a pas vrai­ment noté et le lende­main tu vois qu’il le ressort dans le match. Alors tu te dis « Whahh, il avait pigé ». Mais tout le mérite en revient toujours à Miles Maclagan. C’est quelqu’un de très calme, qui le rassure sur des phases de jeu en lui disant « S’il se passe ça, ne t’inquiète pas, continue », « si tu ne te sens pas très bien, c’est pas grave, reste positif parce que ce sera peut‐être suffi­sant », et aujourd’hui c’était loin d’être son meilleur match, mais il a gagné 6–3 6–2 (à Monte‐Carlo contre Hanescu). Il va avoir un jour de repos, il va taper un peu la balle, faire une partie de tennis foot­ball, et après demain, il jouera peut‐être un peu mieux. 

Est‐ce que tu te souviens du même match de premier tour l’an dernier à Monte‐Carlo ?
Oui, sans problème. C’était assez drôle parce que l’an dernier, on avait eu une prépa­ra­tion de plusieurs jours à Barcelone qui s’était bien passé mais quand il était arrivé ici, j’ai senti que ça deve­nait diffi­cile pour lui. Cette année, il n’a eu que deux, trois jours pour s’adapter mais je sens que c’est bien plus facile alors qu’il n’a pas joué depuis un an. Je suis donc très confiant sur son niveau de jeu. 

Est‐ce que c’est flat­teur d’être un de ses entraîneurs ?
En fait, énor­mé­ment. Je ne suis pas comme les autres coachs du top 10, je ne peux pas le suivre 52 semaines, je me sens donc juste à ma place au côté de Miles, je suis là pour l’aider. Et ce qui me fait plaisir, c’est qu’il me fait sentir que je l’aide et pas unique­ment sur terre battue. Parce que je vois mal Nadal dire à son oncle : « Sur terre, tu m’aides beau­coup, Toni, mais à Wimbledon c’est pas le peine de venir, tu peux rester à Majorque ». Il faut toujours penser qu’un conseil que vous avez donné pour la terre battue peut rester dans un coin de votre tête et ressortir plus tard dans un autre contexte, sur une autre surface. 

Es‐tu le contre­poids de Miles ?
(Rires) Non, ce n’est pas comme ça qu’il faut le voir. Miles est quelqu’un de très humble, de très calme, qui comprend bien le carac­tère d’Andy, qui voyage avec lui. Moi j’apporte une énergie supplé­men­taire, j’apporte le « Haaa, Haaa » (il mime les coups du fond du terrien et rit), le fait d’être heureux, d’être tranquille. 


Quel fut pour toi le tour­nant de sa saison 2008 ?
C’est le travail de Miles de vous le dire car il voyage avec lui toute l’année. Moi je dirais que quand il a gagné Cincinnati, il s’est proba­ble­ment dit « Ca y est je peux le faire, je peux battre Djokovic » alors qu’il ne l’avait jamais battu avant. Après ça il a battu Nadal à l’US Open, et puis plus tard Roger Federer. Je pense que pour lui c’était très important. 

Pour finir, est‐ce que t’es aussi bon que lui en tennis‐foot ?
(Sourire) Non, je ne suis pas aussi bon mais lui est un profes­sionnel, parce qu’il joue plus au tennis‐foot que tous les autres joueurs. Il est le meilleur, mais je vais progresser. Pour l’instant, je n’ai pas les armes contre lui. 

Peut‐être que tu devrais prendre un coach
(Rires) Oui, je devrais peut‐être faire ça.