Richard Gasquet est au 3e tour de Roland Garros. Il n’y a rien de vraiment exceptionnel là‐dedans, c’est vrai. Mais Richard Gasquet s’est hissé au 3e tour avec une attitude presque irréprochable. Et ça, c’est tout aussi étonnant que remarquable. Explications.
Souvenez‐vous du Gasquet qui souffle, se plaint, regarde son clan, baisse les épaules, la tête puis les bras. Ce Gasquet qui se crispe lorsque les choses tournent mal. Ce Gasquet qui se laisse envahir par le renoncement quand les jambes commencent à se faire lourdes. Et Bien force est de constater que ce Richard‐là semble bien loin de celui qui a battu Stepanek et Granollers dans ce Roland Garros 2011.
Certes, Richie n’est pas devenu le Nadal expressif des années 2005–2006. De Vamos accroupis par terre on n’a pas vu et on ne verra pas. Mais les « Alleeeez », « Yeah » et autres poings serrés se sont multipliés lors de ces deux premiers matches. Naturellement. Richard ne se force pas, cela vient tout seul. Lorsque les choses se tendent, lorsque le point important lui revient, Gasquet s’encourage. Toujours au bon moment. Et ça Mats Wilander l’a bien remarqué. « La différence entre le bon joueur et le grand joueur, au niveau des « auto‐encouragements » est là. Le bon joueur va crier « Alleeez ! » après un magnifique revers gagnant frappé à 2–2, 15A. Le grand joueur va le faire après un retour manqué par son adversaire sur une grosse deuxième balle à 5–5, 40A. C’est toute la différence. Aujourd’hui, Gasquet a changé d’attitude radicalement, il préfère que le point soit à lui et moche plutôt que beau et perdu. Et l’attitude fait tout. »
Alors oui, il arrive encore à Richard d’expirer tout son soulagement en soufflant un grand coup après un gros point. Certes, il exprime encore parfois sa frustration. Mais toujours face à la bâche, dos à son adversaire. Le point est perdu bêtement, il se retourne, demande sa serviette et râle dans son coin. Avant de vite se reconcentrer sur le point suivant que cette fois, il va gagner. En face, le joueur ne voit rien, ne perçoit pas – ou beaucoup moins – l’éventuel doute adverse. Et mine de rien, cela compte. Ce n’est pas Rafael Nadal, adepte du procédé, qui dira le contraire.
Lundi contre Stepanek, Richard a tenu mentalement un premier set particulièrement crispant. « Le Gasquet d’avant ne s’en serait pas sorti comme ça » assurait Mats Wilander dans L’Equipe. Aujourd’hui face à Granollers, Richard a perdu, trop attentiste, un long premier set sous la chaleur du Court numéro 1. Sans plaintes, ni panique, ni précipitation, il a pris point par point pour renverser la vapeur. En 2007, dans un traquenard identique face à Vliegen, Richard avait flanché en trois petits sets. Aujourd’hui, ce fut tout l’inverse. « Ce n’est plus le même Gasquet » conclut Wilander. Tout est dit.
Publié le mercredi 25 mai 2011 à 22:54