Voici le texte de Clarinette, légèrement retravaillé, primé comme « Prix Roger » à notre concours autour de « « Grand Chelem, mon amour » ». Il fallait bien un prix des fans et on a lu, dans son texte, une véritable ode à un joueur, Roger, une déclaration d’amour vécue à la première personne plus qu’un compte‐rendu de match ! Il va sans dire que si elle avait écrit un dithyrambe à Rafa, elle aurait reçu le « Prix Rafa ». Bonne lecture.
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Federer, Nadal, Djokovic, Safin, Sampras, Agassi… A vous la plume !
Le livre « Grand Chelem, mon amour » est disponible. Retrouvez les 40 matches de légendes de la décennie 2001–2011. Un livre de la rédaction de GrandChelem/Welovetennis.
Roger Federer bat Novak Djokovic, 7–6(5) 6–3 3–6 7–6(5) – demi‐finale de Roland Garros 2011
3 juin 2011. Je me dirige du métro vers l’entrée du stade de Roland Garros ; l’atmosphère sent la poudre et la performance, le match d’anthologie. Il fait déjà chaud, ça promet… C’est jour de demi‐finales, on est vendredi, il est neuf heures du matin et je ne me doute pas que je ne ressortirai qu’à 22 heures. Passons sur la rencontre Nadal‐Murray, sans intérêt particulier, disputée en plein cagnard sous des yeux suffocants de chaleur et avachis sur leur siège.
17h30. Le ciel s’assombrit, on craint l’orage, il fait lourd, c’est intenable… Mais le public se réveille à l’arrivée des dieux. Qui n’a jamais assisté à l’entrée de Roger dans un stade ne peut comprendre le frisson qui parcourt la foule, comme les palpitations s’emparent d’un cœur amoureux. C’est le stade tout entier qui frémit… Le Suisse est, ici, chez lui, c’est clair. Ce soir du 3 juin, il y a 13 000 Suisses dans les tribunes venus soutenir un dieu vivant. La légende.
Et, là, ça démarre et ça démarre à 200… Ca part de tous côtés, dans tous les sens, des points gagnants comme s’il en pleuvait, un coup droit par ci, un revers par là, passing, volée… Les gens sont scotchés, « Ohhhhhhhhh », « Ahhhhhhhh », le Suisse ne court pas, il vole sur la terre battue parisienne et nous laisse en apnée !
Les deux premiers sets en poche, le troisième penche en faveur de Djokovic, après une légère baisse de régime de Roger. Mais arrive le quatrième… L’heure tourne, il commence déjà à faire sombre. Break, débreak, puis, finalement, jeu décisif. On craint un cinquième set qui devrait attendre le lendemain, on n’y voit quasi rien… Je n’ose y penser, le dénouement pourrait nous échapper ! Le public retient son souffle, une onde parcourt les travées, de tension, d’électricité, d’attente crispée.
Enfin, l’ace libérateur sur la troisième balle de match, 13 000 personnes debout d’un bond en un ballet parfaitement synchronisé, ce doigt tendu, l’air de dire « Alors, vous avez vu, le vieux, de quoi il est capable ? »… Le public en fusion, en ébullition totale, hurle « Roger, Roger, Roger ». Ne veut pas quitter le Central pour encore profiter, encore profiter, jouir de cet instant hors normes, je suis rincée, épuisée, couverte et cramée de coups de soleil, j’ai l’impression d’avoir couru un marathon…
Mais, oui, je pourrai dire, un jour, essoufflée, à mes petits‐enfants : « J’y étais… et c’était magique ! »
Publié le jeudi 15 décembre 2011 à 19:00