Roger Federer a répondu tranquillement à toutes les questions liées à son exploit, toujours aussi serein et aussi cool que depuis le début de la quinzaine.
Où se situe cette finale parmi toutes celles que vous avez jouées ?
C’était très dur, car Andy a joué de façon incroyable. Je sais ce que représente le fait de jouer une finale à Wimbledon, surtout un 5ème set. Mais cela a été différent que l’an dernier face à Rafa, car c’était essentiellement un match de joueurs de fond de court il y a un an. Aujourd’hui c’était plus un jeu classique sur herbe avec des services gagnants et des retours. Ce match était aussi celui des frustrations car je ne parvenais pas à breaker Andy, sauf sur la fin, vraiment sur la fin. La satisfaction est donc plus grande que d’autres finales car je n’ai jamais eu vraiment le contrôle du match.
Que s’est‐il passé dans votre tête à l’issue du second set que vous avez finalement remporté ?
Je pense que le deuxième set a été la clé de la suite de cette rencontre. Peut‐être que si j’avais été mené deux sets à zéro et avec la façon dont servait Andy la suite du match aurait été très délicate pour moi. Même mené deux manches à zéro j’avais encore ma chance, mais moins importante bien sûr qu’après que j’ai empoché finalement ce deuxième set.
Quelles pensées avez‐vous pour Andy à ce moment ?
C’est dur. Le sport ou le tennis est cruel souvent. Tout cela on le sait. Des finales en 5 manches dans les tournois du Grand Chelem j’en ai jouées, et j’en ai perdues aussi. Donc je sais que c’est dur, très dur. Mais il a aussi réalisé une superbe performance. Je pense qu’il va s’en remettre et qu’il sera très dangereux pour la saison américaine. C’est le meilleur match que l’on a fait ensemble, en même temps les conditions de jeu ont favorisé cela, le court était très rapide. Il reste qu’il a joué de façon incroyable et j’ai du donner vraiment le meilleur de moi même pour l’emporter.
Quel est votre souvenir d’une finale de Wimbledon à laquelle vous avez assisté ?
C’était une finale entre Becker et Edberg, mais je ne me souviens pas de l’année car ils en ont joué plusieurs. J’étais assis dans le salon, tranquille, et je pensais qu’un jour peut‐être je serai à leur place. Avoir des idoles c’est bien, cela vous donne de l’inspiration. Avoir une idole vous pousse. Quand vous jouez à l’entrainement dans votre jeunesse vous y pensez. Mais y penser à ce moment là, c’est aussi assez surréaliste, et pourtant aujourd’hui c’est bien arrivé !
Beaucoup de joueurs n’ont pas gagné de tournoi du Grand Chelem, que cela représente d’en avoir 15 à son palmarès ?
C’est une bonne question. En fait j’aime ça. Cela me rend heureux ! En fait je sais pas. Ce qu’il y a d’incroyable c’est d’arriver à jouer à ce nivau si longtemps, et surtout de rester en forme, sans blessures graves. Au final, oui, je suis heureux de ce que j’ai accompli. Après c’est vrai qu’une certaine routine s’est installé il y a quelques années quand je suis devenu le numéro 1 mondial.
Je sais aussi ce qu’il faut donner pour en arriver là, ce que coûte de gagner des tournois du Grand Chelem. Cela m’a donné beaucoup d’experience. Au final, c’est assez fou que je sois parvenu à remporter autant de titres dans une période aussi courte.
Votre premier titre du Grand Chelem était Wimbledon. Maintenant votre 15ème est encore à Wimbledon. Les deux titres sont mémorables. Vous croyez au destin ?
Je suis content d’avoir battu le record ici, parce que c’est toujours le tournoi qui signifie le plus pour moi pour toutes les raisons que j’ai évoquées comme celles de mes idoles. C’est vrai que l’on peut avoir l’impression que la boucle est bouclée. Mais ma carrière est loin d’être terminée. Il est également agréable de voir que de nombreuses légendes sont venues aujourd’hui. Vous savez, en particulier Pete, avec qui j’avais vécu de grands momens lors de notre tournée en Asie il y a peu de temps. Je sais combien le record signifiait pour lui et il sait combien il représente pour moi. En un sens, j’ai toujours l’impression que nous le partageons, vous savez, juste parce qu’il a été un tel champion. Je ne sais pas comment dire. J’avais l’habitude d’être nerveux quand un ami venait me regarder quand j’étais gamin et même quand j’étais plus grand notamment avec mes parents. Aujourd’hui, n’importe qui peut venir et me regarder jouer. Je ne suis pas plus nerveux. Aujourd’hui, avec Pete, cela a été un peu spécial quand même.
Avez‐vous été avisé qu’il allait être là ?
Je n’ai eu la confirmation qu’hier, au cours de la journée, mais il m’a promis il y a longtemps qu’il le ferait. Donc, je savais qu’il tiendrait sa parole.
Tu as récupéré le trône du tennis, remportant Roland Garros notamment sans affronter Rafael Nadal…
Tout le monde s’attendait aussi à Murray en finale. Il n’y était pas. Ce n’est pas la faute de celui qui gagne à la fin. Rafa était blessé, le tennis va vite, très vite. Je suis heureux d’être devenu à nouveau le n ° 1 surtout en remportant le tournoi ici !
Quelle est votre prochaine priorité ?
Mes prochaines priorités ?
À partir de maintenant en fait ?
Que pensez‐vous ? Pas de ping‐pong en vue.
Pensez‐vous que vous êtes la personne la plus heureuse en ce moment ?
Je ne sais pas. Je veux dire, je suis très heureux. Je ne sais pas si je suis le plus heureux au monde. Je ne le pense pas. Le tennis ne fait pas de vous un homme heureux. Il y a plus dans la vie que le tennis, mais c’est vrai que je me sens bien.
Avez‐vous encore des regrets dans votre vie personnelle et vie professionnelle ?
Peut‐être quelques regrets quand j’étais junior. Mais je pense qu’il est important de passer par cette période où vous ne savez pas ce qu’il faut vraiment pour y arriver, et que vous essayez toutes sortes de choses différentes. Et puis, vous n’êtes pas professionnel à temps plein. Après sur le plan personnel, je suis très heureux. Je suis avec une jolie femme depuis près de 10 ans.
Publié le dimanche 5 juillet 2009 à 23:17