Lors de la conférence de presse de Corentin Moutet, un événement est passé inaperçue. Une question posée par un confrère et dont la réponse du joueur en dit long sur le sujet. Le mental serait‐il en train de créer le débat, est‐il une science ou un leurre. Le débat mérite d’être posé, enfin encore faut‐il que les champions répondent. Explications.
Corentin, est‐il vrai que tu as une personne qui te suit pour l’aspect mental ?
Cela est très personnel donc je ne répondrai pas.
L’espoir du tennis tricolore sans créer un clash a posé les limites de l’exercice comme pour signifier qu’il voulait bien parler de technique, de tactique, de la suite de son parcours dans le tournoi mais qu’il n’allait pas non plus livrer son intimité ici devant tout la presse française. Du coup, il s’est malheureusement contenté de faire le service minimum avec des réponses bien formulées mais d’une platitude sans nom. Il faut dire que le mental est devenu le sujet qui fâche. Les Tricolores ne le travailleraient pas et c’est pour cela qu’ils ne seraient pas parvenus à soulever des trophées.
Noah monte au créneau
Même Yannick Noah y croit à cette théorie, lui qui n’a gagné qu’un seul tournoi du Grand Chelem alors même qu’il a aussi perdu des matchs qu’il aurait dû gagner. Mais comme inconsciemment tout le monde sait que ce titre à Roland‐Garros a été un miracle, on le met volontiers sur le compte du mental. Sur ce sujet, Richard Gasquet a une autre théorie à laquelle on peut aussi souscrire : « Si tu as le physique et la technique, le mental suit. »
Nous, on préfère vous laissez choisir car dans le mental, on peut tout y mettre : la peur, l’ambition, le poids de la famille, l’éducation, l’envie de se faire mal. La seule certitude, c’est qu’un grand champion a un grand mental, comme il a un grand physique et une grande technique. Que le mental se travaille par l’idée de la confiance en soi, son estime de soi également. Alors oui, il y a des techniques, des gourous, mais le mental ne fait pas tout. Il est un allié supplémentaire pour se construire, se fixer des objectifs et surtout ne pas avoir de regrets. Donc, pas plus que chez nous qu’ailleurs, le mental est la clé qui va ouvrir les portes d’un tournoi du Grand Chelem.
Federer aurait pu être croate
Roger Federer est Suisse mais il aurait pu être Croate ou peut‐être Polonais, et si lui, Nadal, Djokovic, Murray, Wawrinka étaient nés à une autre époque peut‐être que notre armoire tricolore serait mieux remplie. Ce n’est ni une excuse, mais une constatation. Plus que le mental, c’est l’envie et l’audace qu’ils manquent à nos Bleus, la créativité aussi. Le cadre fixé au début de la formation par les instances fédérales ne laissent pas trop la place pour ce qui est à la marge, pas dans les standards. Et même si hier, Pierre‐Hugues Herbert et Benoit Paire ne jouaient pas numéro 1 mondial, ils ont prouvé le temps d’une soirée qu’il ne fallait pas être sorti du sillon et de la norme défini par nos brillants cadres techniques pour réussir à offrir un spectacle de grande qualité avec ou sans mental.
Publié le jeudi 30 mai 2019 à 12:00