Rappelez‐vous, c’était en mars 2011 : Novak Djokovic, qui tape la balle sur les ailes d’un avion. Cette vidéo précurseur, « Tennis Wings », réalisée pour la dernière version de la Head YouTek YT, c’est Karim Koulakssis qui en a accouché. Depuis, ce type de vidéo, toutes les marques s’y sont mises. Le champion de tennis, jadis muré dans des publicités traditionnelles et promotionnelles, devient, aujourd’hui, un acteur à part entière, qui, à défaut de squatter les télés, est omniprésent sur nos tablettes et autres écrans 21 pouces. Entretien avec celui qui a lancé une véritable mode.
L’internet a vraiment permis aux joueurs de tennis d’avoir, en somme, leur propre chaine de diffusion…
Sans cette petite révolution, il n’y aurait pas eu celle de YouTube, j’ai envie de dire. Je vais même plus loin : aujourd’hui, la télévision, c’est un média quasi périmé (rires). Quoi qu’il en soit, quand on fait un film pour un champion, aujourd’hui, on sait que l’on sera jugé, en premier lieu, par le nombre de vues sur internet, autant que par les passages en télé.
De ce côté‐là, avec le spot de Djokovic sur les ailes de l’avion, vous avez dû être servi…
C’est vrai, il restera comme une référence, une valeur étalon.
Plus que ça, il marque même un tournant…
Ce film, ça a été un signe fort, donné dans un univers où la communication était, jusque‐là, assez académique et, finalement, peu efficace. Avant, on était plutôt dans une communication pour se faire plaisir. Désormais, on met en place des démarches marketing complètes qui vont bien au‐delà du simple film posté sur un site web ou une page Facebook. C’est un peu la découverte du marketing viral. Et les dernières campagnes orchestrées par Head se posent en cas d’école pour le monde du tennis, eu égard à leur succès. Avec 10 millions de vues en quelques mois sur Internet, ces campagnes – trois en 2011 – ont invité la marque gratuitement sur toutes les grandes chaines de télé du monde entier. Ces dernières ont diffusé les images des différents films ou des making‐of en boucle ! Pour en discuter régulièrement avec d’autres grandes marques d’univers économiques totalement différents, je sais que Head a bluffé beaucoup de monde. Mais, évidemment, de telles démarches ne se mettent pas en place du jour au lendemain. C’est une façon toute nouvelle de penser la communication et la démarche marketing.
D’autant que Djokovic, en plus, semble être un bon acteur…
Ca dépend vraiment de la personnalité de chacun. Prenons Novak : c’est complètement son truc. Il nous donne même des conseils de réalisation sur un plateau. Des conseils plein de pertinence. Mais les tops players sont, de toute façon, des instinctifs, d’une manière générale. Ils sentent très bien les choses. Ils pigent très vite. Du coup, ils s’en sortent plus qu’honorablement. D’autant qu’il s’agit toujours de tournages ultra‐rapides. Le film « Tennis Wing », il s’est fait en une journée, avec Novak. Il aurait fallu au moins trois jours pour un film tourné avec des comédiens classiques. Andy (Murray), lui, est plus réservé. Mais, au fil du temps, il a compris la démarche et on découvre qu’il a aussi beaucoup d’humour. En général, ce qui compte, c’est de respecter le timing. C’est primordial. Ces champions ont un emploi du temps de fou ; dépasser ce qui a été minuté est un vrai manque de professionnalisme.
« Head a bluffé beaucoup de monde »
Ne me dis pas que les tournages ne durent jamais plus longtemps que ce qui a été prévu !
Bien sûr que si. Mais, dans ce cas‐là, c’est souvent le joueur qui est demandeur, qui a envie de se confier. J’ai en souvenir un moment de ce type avec Andre Agassi. Un moment de pure anthologie, de confidence, un vrai document.
Tu dois avoir de sacrées pépites ?
Le rapport à la caméra est très différent du rapport à un micro, que les joueurs peuvent avoir en conférence de presse. En plus, on a la chance d’intervenir sur des sujets qui les sortent de leur ordinaire. D’autant qu’ils savent devoir nous côtoyer plusieurs fois par an. Naturellement, un vrai lien se crée. Et ça fait vraiment la différence.
Vous devez être les seuls à partager ce type de moment avec les stars, dans un cadre convivial, presque naturel…
C’est un vrai privilège de boire un verre entre Sharapova et Djokovic. Plus sérieusement, je suis juste épaté par leur simplicité, leur professionnalisme. Même si, évidemment, tourner un film plutôt drôle, dans des conditions exceptionnelles, c’est plus facile et sympathique que de répondre à des questions embarrassantes à la suite d’une défaite.
Et le joueur adhère si le scénario lui plaît ?
Comme ce n’est pas son métier, il faut évidemment que l’envie soit présente. C’est à nous de trouver les moyens pour qu’il se sente bien, investi d’une mission. Il doit prendre du plaisir à l’exercice qui lui est demandé. Bon, les joueurs ont aussi plus ou moins de talent… En 2011, qu’il s’agisse de Maria Sharapova, de Novak Djokovic ou d’Andy Murray, tous ont tenu à faire des photos avec leur téléphone pour conserver des souvenirs des plateaux de tournage. Tous m’ont demandé des images. Ca veut dire qu’ils s’y sont bien sentis. Ce n’était absolument pas une contrainte. Quand l’alchimie opère ainsi, tout devient très simple. Encore une fois, ces joueurs de tennis‐là ont pour eux d’être des instinctifs nés.
Vous avez une anecdote à nous raconter sur le tournage de « Tennis Wing » ?
Bien sûr ! Novak n’avait pas totalement intégré le fait qu’il allait décoller sur les ailes de l’avion… Je vous laisse imaginer sa tête quand il s’est retrouvé en bout de piste, sur les ailes de l’Antonov, lancé plein gaz ! (Rires)
Publié le vendredi 1 juin 2012 à 12:20