Pour ce dossier consacré au running, il nous fallait un expert, pratiquant, organisateur, mais aussi passionné de tennis. Théo Bayssat, co‐fondateur de Jogg.in, remplissait tous ces critères. Entretien.
À quel moment le running a‑t‐il pris son envol en France, selon toi ?
« De nombreux coureurs pratiquent la course de fond depuis des dizaines d’années, mais je dirais que l’activité s’est transformée. Il y a environ cinq ans, elle a commencé à évoluer, passant du simple jogging au running. Le running, c’est la transformation d’une pratique sportive en un vrai style de vie. C’est une notion très importante, car elle se décline à plusieurs niveaux. Sur le plan social, par exemple, dès 2009, Nike lance le « Run75Crew ». Il s’agit d’une tribu de runners se réunissant toutes les semaines pour courir. Depuis, de nombreux équipementiers et marques ont pris le pas. Le matériel évolue avec un lien toujours plus fort entre la mode et les qualités techniques du produit. La digitalisation a également participé à la métamorphose de la pratique. »
Actuellement, on parle du running comme d’un véritable phénomène. C’est un effet de mode qui retombera dans quelque temps ?
« Ce qui se passe autour du running en ce moment, c’est avant tout le résultat de choix très rationnels et de situations concrètes : les actifs ont toujours moins de temps à consacrer aux loisirs. Courir, c’est 40–45 minutes d’effort deux à trois fois par semaine pour accéder à des résultats satisfaisants. C’est aussi une question de budget… Même si les prix augmentent, le budget nécessaire pour pratiquer n’est pas insurmontable : 200 euros pour une bonne paire de chaussures et une tenue complète. Par ailleurs, il faut souligner que c’est une pratique qui nécessite peu de matériel et de logistique. Lors de déplacements professionnels ou de voyages, courir reste possible et accessible, ce qui n’est pas le cas de tous les sports. Enfin, la vie d’un runner est faite de nombreuses étapes, bien identifiées : la première course, le premier semi‐marathon et, pour les plus assidus, le premier marathon ! Étant donné qu’un quart des runners français ne couraient pas il y a deux ou trois ans, je pense que nous ne sommes pas prêts de voir nos parcs vides le dimanche matin ! »
Bien que tu varies les épreuves comme les entraînements, tu dois bien avoir tes petites habitudes, tes moments de course préférés ? Dans quel type de conditions prends‐tu le plus ton pied ?
« Comme tu l’as dit, ce que j’adore, c’est varier. C’est pourquoi j’emmène toujours mes chaussures avec moi. J’ai quand même une préférence pour les runs tôt le matin. C’est idéal pour commencer la journée du bon pied. »
Justement, à quoi ressemble la journée type d’un runner qui a prévu de s’entraîner ?
« De mon côté, je cours souvent à l’heure du déjeuner. J’essaie donc de prendre un bon petit‐déjeuner pour ne pas caler à 13h30. Nous sommes plusieurs collègues à pratiquer régulièrement ensemble. La course à pied en groupe, ça ne se perd pas ! J’essaie d’être de retour à mon bureau à 14h. »
En plus du running, tu as également un passif dans le tennis. En tant qu’ex-15/3, t’es-tu servi de la course dans tes entraînements de tennis ?
« En fait, j’ai commencé la course à pied après le tennis. Mais, si j’avais su, j’aurais pratiqué les deux en même temps. Cela m’aurait permis de ne pas toujours caler au début du troisième set (rires). »
Qu’est‐ce que cela peut amener dans ton jeu, le fait de courir régulièrement ? De l’endurance ? de l’explosivité ?
« Ce sont deux pratiques très différentes, mais je suis sûr que courir régulièrement a un apport positif sur le jeu. Avant tout l’endurance, puisque cela permet de baisser son rythme cardiaque pendant l’effort et, ainsi, de dépenser moins d’énergie à chaque jeu. Ensuite, si l’on travaille la vitesse pure, sur piste, on peut évidemment développer son explosivité. »
Certains joueurs sont véritablement accros à la course. Ils partent avec un avantage sur les autres ?
« Je crois que, pour beaucoup, courir est aussi un moyen de décompresser et de se vider la tête entre les matchs. La course à basse intensité permet de récupérer d’efforts violents. Les tennismen runners ont cet avantage… mais il leur faudra toujours mettre la balle dans le court ! »
Peux‐tu nous parler de Jogg.in ?
« Jogg.in est la start‐up que j’ai co‐fondée en 2013 avec Laurent Lingelser et Thomas Didier. Nous faisions face à un problème : trouver des coureurs de notre niveau pour courir et nous motiver. Nous avons donc créé Jogg.in, qui est désormais le premier réseau social de course à pied en France, avec plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs. Ce fut pour moi une aventure exceptionnelle, qui m’a permis de rencontrer des centaines de coureurs partout en France. Jogg.in a été revendu en 2015 au chronométreur TopChrono et se porte très bien ! Une application mobile sera d’ailleurs bientôt dévoilée aux Jogg.ineurs. »
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Publié le mercredi 16 décembre 2015 à 17:30