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« L’un des plus grands moments… »

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Paul‐Henri Mathieu a fait son entrée en confé­rence de presse sous des applau­dis­se­ments. Le Français, les yeux encore brillants, a débriefé ce match incroyable face à John Isner. Une belle luci­dité, sans enflam­made, comme un point final de belle facture à une journée exceptionnelle.

Tu as frôlé les 6h33 de Santoro… (Rires)

Le record de Santoro, là, je m’en tape… (Rires)

Paul‐Henri, comment te sens‐tu après cette débauche d’énergie ?

Oh, je ne suis pas en grande forme…Si on me deman­dait de retourner sur le court pour jouer trois sets, je ne pense pas que j’y arri­verai ! Ca faisait long­temps que je n’avais pas joué aussi long­temps face à un joueur de ce type. En gros, je ne vais pas vous dire que je suis frais…

L’ancien PHM aurait gagné cette rencontre ?

C’est diffi­cile à dire. Ma bles­sure a changé beau­coup de chose. Elle m’a fait prendre du recul. Aujourd’hui, ça allait bien, j’étais au niveau en fond de court. Et même devant, à la fin ! Alors, oui, j’espère que l’ancien Paulo aurait gagné. Mais c’est vrai qu’avant, je voulais telle­ment gagner que je me cris­pais parfois.

Tu as eu des balles de match… C’était diffi­cile d’être présent, de te reprendre après chacun de ces instants ?

C’est vrai que je pensais au match de Nico… Je me disais : « Si ça avait été sur gazon, je ne sais pas comment j’aurais fait… » J’ai eu deux jeux où j’ai eu des balles de match. A chaque fois qu’il en a sauvé une, j’ai eu du mal à croire que c’était fini, que ma chance était passée. C’était alors vrai­ment diffi­cile de me rencon­trer sur le jeu de service suivant, un jeu que je devais tenir. Quoi qu’il en soit, ce sont des moments qui sont très forts. C’est un des plus grands moments de ma carrière, surtout après ma bles­sure. Je me suis battu pour revivre ce type d’expériences. Même si j’avais perdu, j’aurais passé un moment incroyable. Ce match, j’étais prêt à accepter de le perdre.

Je sais que tu es très ami avec Nico (Mahut)… Tu l’avais appelé pour te rensei­gner sur le service d’Isner ? On a eu l’impression que tu l’avais mis en échec par un plan tactique…

J’ai demandé à Nico (Mahut) : « Où il sert ? Sur les balles de break ? » Il m’a répondu… « Partout. » « Tu rigoles ! Il y a bien un endroit où il sert plus souvent, que tu as remarqué pendant ces 11 heures ! » « Non, partout. » Donc il ne m’a pas vrai­ment aidé ! Mon plan tactique, c’était d’essayer de retourner, déjà (rires). Et, à la fin, comme moi je servais bien et lui un peu moins fort, de la faire bouger à droite, à gauche. C’est ce qui s’est passé. 

« Ce match, j’étais prêt à accepter de le perdre »

Physiquement, ça va ?

(Rires) Je peux le dire main­te­nant : avant le tournoi, je me suis frac­turé l’orteil. C’est bête, je me suis cogné contre un banc. Mais ça va aller, mes pieds sont un peu bleus, mais j’ai connu pire ! (Rires)

Ton niveau de jeu, tu as l’impression qu’il était aussi haut que lors de certains de tes plus grands matches ?

En fait, je dis que c’est l’un des plus grands moments de ma carrière surtout en termes de sensa­tions. Pour ce qui est du niveau de jeu, c’est très diffi­cile à dire. J’ai trouvé que j’avais joué à un très, très bon niveau aujourd’hui, après l’absence et les problèmes que j’ai connus. Mais il y a trois ou quatre ans, je jouais ainsi beau­coup plus régulièrement.

Tu as pensé au Mahut‐Isner, de Wimbledon, à la fin du match ?

J’y ai pensé un petit peu, c’est sûr. D’ailleurs, c’est la seule personne que j’ai eue au télé­phone avant d’être ici, devant vous. Je lui ai dit que je l’avais vengé !

Qu’est-ce que tu vas faire, là ?

Pour le moment, je vais dîner, je vais bien me reposer, me faire une bonne nuit de sommeil. Je n’ai aucune idée dans quel état je vais être demain. J’aurai sûre­ment les jambes lourdes… Mais je ne vais pas me plaindre ! (Rires)

Votre envoyé spécial à Roland Garros.